11 - SAMEDI 12 MARS

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La cloche tinta et le regard vert d'Emilie se leva en direction de la porte. Elle aperçut la jeune fille rencontrée la semaine précédente qui déposait son manteau dans l'entrée ainsi que son sac, une grande enveloppe brune dans les mains.

-Salut ! Louise c'est ça ?

-Oui, répondit-elle souriante.

Emilie était plus âgée, peut-être 25 ou 26 ans. A la lumière du jour, Louise remarqua immédiatement sa ressemblance avec Johan. Les mêmes pommettes, le même nez. Elle avait des cheveux courts châtains, était bien maquillée, ses yeux clairs soulignés par un trait d'eye-liner. Elle portait un jean clair coupe boyfriend taille haute, déchiré et aux bas retournés, un haut noir court et moulant, décolleté en V et à manches courtes, le tout avec une paire de converse noire, basses. Elle avait du style et de l'assurance, c'était évident. Toute sourire, elle se dégagea de derrière le comptoir pour venir à la rencontre de la nouvelle entrée.

-Johan est avec une cliente, il a bientôt fini normalement. Tu vas bien ?

-Pas de soucis. Oui, super et toi ? Vous ?

Emilie ria.

-Toi. Ne me vouvoie pas s'il-te-plaît, s'exclama-t-elle chaleureusement. Qu'est-ce que tu as apporté ? demanda-t-elle.

-Oh, ce sont juste des photos que j'ai imprimé. Je me suis dit que Zac et Johan seraient peut-être contents de les voir, expliqua-t-elle doucement un peu timide à l'idée de montrer ses clichés.

-Je suis sûre qu'ils vont être super contents ! Zac est seul, tu peux aller le voir si tu veux.

La blonde posa l'enveloppe sur le comptoir et partit vers l'atelier du métis.

Louise se faufila derrière le rideau et entra dans la pièce où l'éclairage était particulièrement puissant. Zac se retourna et se leva en l'apercevant. Naturellement il vint la prendre dans ses bras, approchant son petit corps du sien.

-Tu m'avais pas dit que tu passais aujourd'hui, lança-t-il en l'invitant à s'asseoir.

-J'ai vu ça hier soir avec Johan alors... expliqua-t-elle un peu gênée par la remarque qui était pourtant une simple constatation.

Il hocha la tête puis sembla chercher quelque chose sur son bureau. Il était parfaitement rangé. Des bacs de rangement étiquetés contenaient des piles de feuilles. Ses crayons étaient dans des pots. Ses trois taille-crayons côte à côte à côté des pots. Tout l'inverse de Johan.

-Tiens, dit-il en lui tendant une feuille. J'ai peint ça et ça m'a fait pensé à toi.

La blonde attrapa la peinture. C'était un banc. Sous un arbre. Un paysage de printemps à la couleur du vert de l'herbe et du bleu du ciel. C'était simple, peint par touches, presque dans un style impressionniste, c'était lumineux, élégant.

-J'adore, dit-elle simplement mais il comprit.

Il adorait faire cet effet sur les gens. Leur couper le souffle. Impressionner. Que ce soit avec la peinture, le dessin, dans la vie de tous les jours... Il adorait sentir qu'il produisait un effet dont les gens se souviendraient.

-Pourquoi ça t'a fait penser à moi ?

Il sourit, dévoilant sa dentition parfaite. Son regard charmeur sembla hésiter quelques secondes avant que sa bouche ne lâche :

-La contemplation. Je crois que c'est toi. Tu observes. Tu contemples. Tu apprécies. Tu es attentive au présent. Tu n'es pas pressée par le temps, par la vie. Tu es dans la beauté du présent je crois.

Prudence et AudaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant