45 - SAMEDI 14 MAI

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-Alors, comme ça on s'échappe ?

Louise et Johan sursautèrent à l'entente de cette voix si familière qui les surprenait alors qu'ils avaient à peine ouvert la porte.

-T'imagines comme j'ai l'air con si j'arrive 5 minutes plus tard pour passer la fin de soirée avec vous et que vous êtes en fait déjà partis ? 

-Dramatises pas non plus Zac... soupira son ami, qui reconnaissait bien là le sale caractère de son associé. 

Le métis afficha une moue mécontente, alors que son cerveau embué tentait d'analyser la situation sous ses yeux. 

-Pourquoi vous partez si tôt d'ailleurs ? 

Louise, derrière Johan, se faisait toute petite. Elle était encore bouleversée par la scène qui venait d'avoir lieu quelques minutes auparavant, et elle n'était pas du tout prête à fournir des explications. 

-On en avait un peu marre, lâcha le jeune papa l'air de rien. Et je suis un peu KO, donc j'ai dit que je rentrais me poser tranquille à l'appart et j'ai proposé à Lou de venir. 

-Donc vous êtes réconciliés tout les deux alors ? insista Zac qui ne comprenait pas comment on était passé de la scène au hangar à la situation présente. 

-Oui, tout va bien, le rassura Louise d'un sourire. 

La situation était gênante, mais le métis était encore trop alcoolisé pour s'en rendre vraiment compte. 

-Okay alors. Mais faudra me raconter ça parce que je comprends pas tout ... 

-Oui, si tu veux, acquiesça la jeune femme. 

Ils étaient tout les trois ainsi, sur le pas de la porte, attendant une issue à ce moment. Le téléphone de Johan vibra et c'était une notification Uber indiquant que leur chauffeur venait d'annuler la course. 

-Bon, on va y aller nous, finit par trancher le plus âgé. Tu restes là ou tu veux qu'on te raccompagne chez toi ? 

-Hmm, non, non, je vais rester encore un peu moi. Enfin, je vais faire un tour et je vais voir. 

Après des rapides embrassades, le tatoueur finit par enfin rentrer dans la villa. 

-Le chauffeur vient d'annuler et y en a pas trop d'autres de dispo, ça te dérange de rentrer à pied? 

-Non, aucun soucis, accepta la jeune femme. 

Le printemps s'était à présent installé et même si à cette heure tardive il faisait frais, on était bien loin du froid de quelques semaines auparavant. Cette balade nocturne n'était donc aucunement dérangeante pour la jolie blonde qui referma sa veste avant de sortir du jardin. Elle fût rapidement rejoint par son acolyte, qui glissa ses doigts entre les siens. La paume chaude et rassurante de la main tatouée lui procura un sentiment de réconfort et elle se sentit immédiatement rassurée par sa présence. Les rues étaient noires, les lampadaires s'étant éteints il y a quelques heures déjà, et cette obscurité créa un cocon intime autour d'eux. La jeune femme avait l'impression que son cerveau avait la soudaine conscience de chacune des cellules de la peau de Johan qu'elle touchait. Ses pensées se refaisait le film de ce qu'il s'était passé dans la cuisine, et ses lèvres semblaient encore se souvenir du contact chaud de celles du jeune homme à sa droite. Elle avait beau vouloir se calmer, et récupérer le contrôle de ses émotions, cela paraissait impossible ce soir là. 

Le silence dominait, mais ni gêne ni malaise ne s'y trouvait. Ils étaient bien, installés dans ce silence, leurs mains s'accrochant l'une à l'autre, leurs doigts s'enlaçant avec tendresse. Côte à côté dans les rues désertes, ils semblaient reprendre leurs esprits et tenter de s'expliquer l'enchaînement des évènements de la soirée. Le cerveau de Johan n'était pas du genre à sur-analyser habituellement, mais ce soir il semblait s'y mettre. Outre la satisfaction d'avoir enfin pu retrouver physiquement sa Louise, il sentait en lui un mélange de bonheur et d'inquiétude qui s'installait. Il avait trouvé chez la jeune femme une assurance nouvelle. Il avait senti dans la façon qu'elle avait eu de s'accrocher à lui, à quel point elle avait besoin de lui, d'eux. Il avait compris dans la pression de ses lèvres qu'elle lui faisait confiance et qu'elle acceptait de se laisser aller. Il avait décelé sur sa langue toute la tendresse qu'elle lui portait.

Prudence et AudaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant