Prudence et Audace

52 - SAMEDI 28 MAI

Johan poussa délicatement la porte, voulant faire le moins de bruits possible. L'appartement était sombre mais la luminosité de la lune dehors propageait une certaine clarté. Il lui fallut quelques secondes pour que ses yeux s'habituent, et il profita de ce temps pour retirer ses chaussures dans l'entrée et poser sa veste sur le porte-manteaux. Il s'avança ensuite doucement  dans la pièce et porta son regard sur son lit. La scène qu'il y vit lui arracha un grand sourire attendri et son coeur manqua de louper un battement. Louise était allongée sur la couette, Arnaud dans ses bras, la tête du petit garçon posée sur l'épaule de la jeune femme. Il était en pyjama, avec son renard et semblait dormir très paisiblement. Le jeune papa sourit. C'était la première fois qu'il avait une telle vision. Lorsqu'il avait appris que Méline était enceinte, son esprit s'était permis de rêver à des moments simples mais tendres de la vie qu'ils pourraient avoir tous les trois. Des moments comme celui-ci à vrai dire. Mais ça n'avait jamais été le cas, ça n'avait jamais été une réalité. Alors, de voir Lou à qui il tenait tant, dormir avec son fils dans les bras, ça lui procurait un sentiment nouveau, agréable et inégalable. 

Le jeune homme ne put résister à l'envie de s'approcher, et il vint s'asseoir sur le lit, près de la jolie blonde. Le mouvement réveilla légèrement la jeune femme qui entrouvrit les yeux. La voyant s'agiter quelques peu, il en profita pour attraper sa main et caresser ses doigts fins. Cela finit de la réveiller et elle ouvrit cette fois-ci un peu plus les yeux. Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire lorsqu'elle remis la situation en place et reconnut Johan devant elle. 

-Tout s'est bien passé, chuchota-t-elle doucement. 

Elle ne voulait pas prendre le risque de réveiller le petit bout de chou à côté d'elle, mais elle voulait rassurer Johan, qui elle le savait, avait besoin de savoir comment la soirée s'était déroulée. 

-Merci, murmura-t-il content d'en avoir la certitude. Je vais aller le coucher dans son lit, annonça-t-il.

Le papa se releva, et fit le tour du lit pour venir attraper son fils. Du haut de ses quatre ans et demi le petit garçon commençait à faire son petit poids et son père s'en rendit bien compte. Il tenta de ne pas le réveiller alors qu'il l'attrapait et sentit l'enfant remuer. Il réussit à le soulever du lit pour venir le caler contre lui et se dirigea vers la chambre de l'enfant. Il le déposa enfin dans son lit et le petit garçon remua quelques instants, se tournant d'un côté puis de l'autre. Son père ne put résister et resta là quelques instants, à le regarder, réalisant que son fils grandissait si vite. 

-T'as oublié son renard, murmura Louise en s'approchant. 

Elle lui tendit la peluche et il la déposa à côté du garçon. 

-Merci, souffla-t-il en venant attraper la main de la jeune femme. 

Elle en profita pour se rapprocher de lui et déposa sa tête contre l'épaule du tatoué, regardant elle aussi Arnaud qui dormait dans son lit. Après plusieurs minutes de contemplation, il finit par se tourner vers celle qui était à ses côtés, et vint lui voler un chaste baiser. Ils sortirent de la chambre et il prit soin de bien fermer la porte derrière eux pour ne pas réveiller son fils. Louise alluma la lampe de la table de chevet, créant une petite lumière tamisée dans la pièce. Après tout, il était plus de trois heures du matin, et elle n'était pas complètement réveillée. 

-Comment était ta soirée ? demanda-t-elle doucement en se réinstallant sur le lit. 

Il retourna s'asseoir près d'elle tout en lui répondant. 

-C'était cool. On a pas mal discuté, pas mal bu aussi et c'était un bon moment, déclara-t-il. 

Il en profita pour glisser sa main sur la cuisse dénudée de la jeune fille qui ne portait qu'un petit short noir et un léger pull à manches longues gris clair. Il continua de lui raconter sa soirée, tout en omettant bien sûr les grandes conversations qu'il avait eu avec Zac et Yannick au sujet de leur relation. Mais il ne les oubliait pas pour autant, et tel un mémo mental, il pensait encore à tout ce dont ils avaient besoin de discuter. Mais là n'était pas le moment.