39 - SAMEDI 7 MAI

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Johan fixa son reflet dans le miroir. Il était plutôt satisfait de l'effet de cette chemise noire sur lui. Son regard se plongea dans ses propres yeux, et il finit par décider que le khôl n'était pas nécessaire ce soir là. Son téléphone vibra sur la table basse et il s'éloigna de son reflet pour aller le consulter.

C'était un sms de Yannick et il dû le relire deux fois pour être sûr qu'il avait bien compris. « Yo ! Dis, tu savais que Louise venait avec nous au hangar ce soir ? ». Étonné il tapa rapidement sa réponse et cliqua sur envoyer: « Qui est ce qui t'a raconté ça ? ».

Ça ne pouvait être qu'une grosse blague. Louise n'était jamais allée dans un bar de ce que le tatoueur savait. Et lorsqu'il lui avait proposé une ou deux fois de se joindre à lui et le groupe lorsqu'ils allaient dans un, elle avait toujours refusé. Sans qu'il ne pût le contrôler, une pointe de colère se forma dans l'estomac du garçon à la simple pensée qu'elle ait décidé de venir maintenant que les choses étaient tendues entre eux. Son regard se reposa sur son téléphone où il espérait lire la réponse de Yannick. Il était impatient et le blond n'avait pas encore répondu. Dans un élan d'impulsivité il récupéra son téléphone et ouvrit les contacts qu'il fit défiler jusqu'à s'arrêter sur le profil de Louise. Il n'avait qu'à l'appeler après tout. Et au moins il serait fixé. C'était aussi simple que ça. Il n'eut pas le temps de se décider que l'appareil entre ses mains vibra: c'était Yannick. « Emilie avait cru comprendre ça. Parce qu'elle a eu Julie au téléphone qui a parlé avec Zac et apparemment il se tâtait à proposer à Louise. Mais visiblement Julie dit qu'en fait il lui a pas demandé ». Ouf. Le tatoué ne prit pas le temps de répondre et se laissa tomber dans le canapé. Quelle histoire. Il sentait la tension quitter chaque cellule de son corps. Après leur dîner de la veille, qui s'était pourtant bien passé, Louise et lui s'étaient quittés assez froidement. Et ce soir le jeune homme était bien décidé à oublier tout ce qui lui trottait dans la tête et à se laisser aller, oubliant son rôle de père le temps d'une soirée.

Il était 21h30 et la soirée battait déjà son plein au hangar. Il y a quelques années, cet ancien entrepôt industriel avait été totalement rénové et remis au goût du jour. L'espace accueillait désormais plusieurs stands de nourritures issues de différentes cultures, des bars, des tables, des petits salons et aussi une scène avec un large espace pour danser devant. Le lieu avait conservé ses épaisses poutres en métal et d'autres éléments rappelant son côté industriel, le tout complété par de nombreuses plantes et du mobilier rétro remis au goût du jour avec de grands tapis multicolores, des guirlandes diffusant une lumière harmonieuse ainsi que de grandes fresques peintes sur les murs.

La petite bande d'amis avait choisi de se poser dans un salon improvisé, pas très loin du bar et suffisamment proche de la piste de danse sans pour autant être dérangé par le bruit assourdissant des baffles. Johan était affalé sur l'un des fauteuils, et en pleine conversation avec Julie lorsque Yannick agita un pochon d'herbe sous ses yeux.

-Ah ouais, j'suis chaud ! lâcha le garçon pour toute réponse.

Il jeta un œil à Zac qui acquiesça à son tour. Quelques minutes plus tard les trois garçons s'installaient sur la terrasse à l'entrée du hangar, sous les lumières des guirlandes colorées. Ils s'accoudèrent à l'un des tonneaux qui faisaient office de table, et allumèrent leur précieux cylindre, se délectant de l'état de béatitude qui les gagnait.

-Bon, ça se passe comment au salon en ce moment ? finit par lâcher le blond, rompant au passage le silence.

-C'est un peu calme... reconnût le métis.

C'était même vraiment calme. Mais cela ne faisait que quelques jours que c'était le cas et il n'était pas encore temps de s'inquiéter. Johan n'était pas inquiet pour l'instant et le succès soudain qu'avait connu son établissement dans les mois passés lui avait permis de mettre de l'argent de côté, au cas où un pépin arriverait. Pour l'instant le tatoueur était serein et attendait de voir comment les semaines suivantes allaient se profiler.

Prudence et AudaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant