Chapitre 21 : Tu me dégoute profondément

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       Ainsi c'était mit en place le jeu d'Eshe

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       Ainsi c'était mit en place le jeu d'Eshe. Il déambulait encore dans ce lieu inconnu au milieu de ces personnes étrangères qui le dévisageaient, l'indexaient et s'éloignaient lorsqu'il s'approchait comme s'il les effrayait. À certains moments des bribes de discussions lui parvenaient aux oreilles.

- Regardez la cape qu'il porte !

- Vous croyez que c'est l'un d'entre eux ?

- Comment ose t-il se montrer ici ?

- Il ne faut pas rester dans le coin, ça peut-être dangereux !

- Moi je crois plutôt qu'il ne va pas très bien.

    En effet, encore mal en point pour comprendre ce qui se passait, il restait là au centre de l'attention de tous avec un air hébété.

          Deux ans auparavant, une organisation de Keliliens portant le nom d'Eradas semait le trouble dans le royaume en attaquant l'administration et en détruisant les infrastructures. Ils portaient tous de longues capes noires sur lesquelles ont percevait une croix bleue par dessus une couronne. Ce symbole traduisait leur objectif qui était de renverser le pouvoir royal qu'ils trouvaient injuste et oppressant. En un rien de temps leur popularité augmenta de même que le nombre de leurs adeptes et celui de leurs opposants.

      Pourtant malgré toutes les enquêtes et recherches qui furent menées ils restaient mystérieusement insaisissables. Le phénomène s'éteignit avec le temps car ils faisaient de moins en moins parler d'eux et qu'ils avaient finis par disparaître sans qu'on ne sache vraiment qui ils étaient. D'où l'attraction que suscitait Aberash, lui dans la totale ignorance.

       Une minute plus tard trois membres de l'armée kelilienne apparurent à toute vitesse au dos d'imposantes bêtes mystiques recouvertes d'armures. Ils étaient vêtus l'uniforme du corps de l'armée kelilienne chargé de maintenir l'ordre et la sécurité au sein de la capitale ; Il s'agissait des insignes vertes.

     Leurs bottes métalliques frappaient le sol et annonçaient un silence doublé d'effroi. La foule s'écarta et deux des insignes vertes s'approchèrent d'Aberash. Il tenta de se défendre en osant des grands gestes futiles mais il fût vite maîtrisé et attaché avec des chaînes qui empêchaient l'utilisation de l'énergie mystique. Il ne pouvait ni se libérer ni s'enfuir et à peine les phrases qu'il sortait avaient-elles un sens. Son regard cherchait encore Eshe désespérément dans la foule alors qu'il s'évanouissait. Ils s'en allèrent vers la prison d'isther en dispersant le monde, contents d'avoir enfin réussi à capturer un membre d'Eradas.

                             
                             ***     

         Seïra avait depuis peu les yeux ouverts.

- Bon réveil à vous majesté, comment vous sentez vous ? demanda la guérisseuse qui était restée auprès d'elle toute la nuit.

     Elle se leva et s'adossa au chevet de son lit. Ses blessures avaient été complètement guéries et elle allait mieux.

- Bien, je vais bien même si j'ai un peu mal à la tête. Peux-tu me dire ce qui c'est passé pour que j'eus besoin d'être soignée ?

- C'est normal que vous ne vous souveniez pas des événements de la nuit dernière qui ont été sûrement trop forts en émotions pour vous.

- Qu'est-il arrivé ? demanda t-elle d'une douce voix alarmée.

- Vous et votre servante avez été attaquées par Asong, votre garde. Il a laissé votre servante dans un état critique et vous a causé des blessures mineures avant de s'enfuir lorsque vous avez criée à l'aide.

- Comment ?! Asong ?! Mais enfin pourquoi aurait-il fait cela ? interrogea t-elle avec une mine déconcertée.

- Ne vous agitez pas princesse, vous risquez d'avoir un malaise.

- Mais puisque je te dis que je vais bien, cria t-elle en sortant du lit.

- Kamali, où est-elle ? Comment se porte t-elle ?

- Vous devez vous calmer princesse.

- Où se trouve Kamali ? Je dois la voir !

- Je suis désolée princesse mais ce n'est pas à moi de vous l'annoncer, fit la guérisseuse qui prise de panique, sortit précipitamment de la chambre en ignorant les cris de Seïra qui lui demandait de revenir.

      Toujours en robe de chambre, elle sortit à son tour et se dirigea vers l'étage des serviteurs à l'étonnement des gardes qui la regardaient passer. Mais elle fut stoppée net dans son élan par son frère, le prince Teferi.

- Où cours-tu ainsi vêtue ? A t-on déjà vu une princesse se comporter de la sorte ?

- Teferi, il me faut la voir, supplia t-elle d'une voix tremblante en essayant de dégager son frère du passage.

- Qui donc te faut-il voir ? demanda t-il avec un calme insolent.

- Kamali, ou alors dis le moi toi, comment vas t-elle ?

       Le premier prince se mit à rire en se couvrant le visage avec sa main gauche puis il regarda Seïra avec haine.

- Tu ne connais donc pas la honte ? Arrête de jouer à ce stupide jeu, je sais très bien que le sort de cette pauvre servante ne te t'intéresse guère.

- Pourquoi dis-tu une telle chose Teferi ?

- C'est ça continue de jouer ton rôle de gentille princesse, tu me dégoute profondément.

      Seïra recula d'un pas, surprise des dires de son frère.

- Qu'est-ce qui t'a permit de t'acharner sur cette pauvre fille, si tu ne peux pas contrôler tes pulsions il serait préférable de t'enfermer mais père s'entête à ne pas m'écouter. Le comble est que tu es allée jusqu'à te blesser toi-même pour t'innocenter. Tu trompes peut-être de nombreuses personnes, mais cela ne signifie pas qu'aucune ne voit dans ton jeu.

         Les yeux de Seïra commencèrent à s'emplir de larmes, elle restait là tétanisée.

         Teferi se retira de sa vue et continua son chemin pour s'arrêter quelques pas plus loin.

- Et si ça t'interesse vraiment de savoir ce qu'est devenue ta servante. Tu seras sûrement réjouie d'apprendre qu'elle est morte.

         Les jambes de Seïra cédèrent sur ces mots. Elle éclata en sanglots à terre tandis que Teferi s'éloignait, insensible.

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