Chapitre 1 : Un étranger

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         D'aussi longtemps qu'il se souvienne il a toujours vécu dans cette famille qui n'était pas la sienne et dans cette maison qui l'était encore moins

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D'aussi longtemps qu'il se souvienne il a toujours vécu dans cette famille qui n'était pas la sienne et dans cette maison qui l'était encore moins. Madame Adano, femme de l'homme le plus influent de toute la grande ville moderne d'Amandah, avait décidé de le recueillir cette nuit là en le voyant trembloter au loin sous la pluie battante, alors que son époux s'efforçait tant bien que mal de faire redémarrer leur voiture pour pouvoir rentrer. Lorsqu'elle s'approcha de lui, il fût pris de peur et tenta de s'enfuir mais elle s'empressa de le rassurer en lui répétant à plusieurs reprises :

- Tu n'as pas à avoir peur, je ne te veux aucun mal.

Il la regardait de ses yeux marrons sans dire un mot. Une longue chevelure noire frisée, qui se confondait presque avec son teint en cette nuit, lui recouvrait le visage et retombait sur ses frêles épaules. Il ne comprenait pas ce qu'elle disait mais essayait de le deviner.

- Quel est ton nom ? Où se trouve ta maison ? Qui sont tes parents ?

À ces questions, il n'avait pas de réponses. Il continuait de trembloter et finit par s'effondrer de manière soudaine dans ses bras. Il avait survécu durant des jours livré à lui même au bord de cette voie dégradée, s'il avait pu se rappeler d'où se situait sa maison il aurait pu rentrer mais c'était peine perdue. Sa nouvelle vie commença à partir de ce jour.

Il fut nommé Marc et traité avec amour par Mme Adano comme ses trois autres enfants : Cyrill , Anne et Martine. Aucune disparition d'enfant ne fut signalée et personne ne le reconnut avec les recherches de la police, il fut ainsi adopté légalement par les Adano.

Mr Adano, cet homme corpulent, dans la cinquantaine avec ses cheveux grisonants, ne voyait en Marc rien de plus qu'un sale enfant ramassé tel un déchet au bord d'une route. Cette pensée condamnable s'effaça lorsqu'il découvrit ce qu'on pourrait appeller le "don de voyance" que Marc possédait. Le petit garçon devint du jour au lendemain le plus aimé et protégé de la famille au détriment des autres. L'homme avide de gains qu'était Mr Adano remerciait maintenant le ciel d'avoir mis sur son chemin un moyen de faire fructifier son commerce, il fallait donc y faire attention.

La première fois que ce pouvoir se manifesta c'était avec Mr Usende. Ce dernier était venu un mardi ensoleillé vendre des cartons de chaussures en cuir et soie du célèbre créateur " Ino Garel" disait-il, avant d'effectuer un voyage sans retour pour l'orient. Il s'agissait par conséquent de son ultime livraison. Ce n'était en effet pas la première fois qu'il venait faire affaire avec Mr Adano, ils étaient même devenus de très bons amis avec le temps et celui ci avait totale confiance en sa marchandise. Il s'apprêtait alors à lui verser une importante somme d'argent mais Marc qui jouait au fond de la cour avec Cyril et Martine vint l'interrompre.

- Ne faites pas cela ! Il vous ment .

Mr Adano, Mr Usende et les quelques serviteurs qui les entouraient furent tous surpris.

- Mais enfin Marc qu'est ce que tu racontes ? Retourne jouer dehors ! Ceci est une affaire d'adultes petit insolent, répondit Mr Adano.

- C'est de la fausse marchandise qu'il vous vend. Votre confiance aveugle en lui vous empêche de voir un piège aussi gros que celui-ci. Essayez de contrôler avec attention ce qui se trouve dans ces cartons.

Mr Usende commença à transpirer à grosses gouttes.

- Ne me dis pas que tu vas croire cet enfant, il ne sait pas ce qu'il raconte.

Mais Mr Adano n'etait pas un idiot. Il percevait le stress qui commencait à monter chez son ami et le regard insistant que Marc lui jettait. Il demanda à un des serviteurs d'ouvrir les cartons et à un autre de faire des recherches sur ce denommé Ino Garel.

- Il n'existe aucun créateur de ce nom, lui répondit- il.

Lorsque l'autre serviteur ouvrit les cartons tout le monde pu se rendre compte que ce n'était que des chaussures de seconde main faites de plastique. Elles ne valaient même pas le tiers du prix que Mr Usende leur donnait.

- Vous n'aurez fait aucun bénéfice en revendant ces chaussures. Ne me remerciez pas surtout, ajouta Marc en rejoignant Cyrill qui essayait de comprendre ce qui venait d'arriver.

Mr Usende ne remit plus après ce jour un pied dans la demeure des Adano, s'étant sûrement trouvé d'autres cibles à arnaquer pour se payer son voyage.

Durant les années qui ont suivies Marc passait beaucoup de temps dans le commerce de Mr Adano avec qui il était devenu très proche sans s'en rendre compte. Cet homme qui n'avait jamais le temps pour ses propres enfants et qui ne leur accordait pas le moindre sourire était devenu l'exemple d'un père modèle avec un étranger. Cette pensée occupait l'esprit de Cyrill qui avec ses soeurs commençaient à se rendre compte de la place que prenait Marc.

La Grande FailleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant