Magical Dorémi... et après

4. Émilie et sa mère 💛

La première semaine de cours s'est finie tranquillement. J'adore le lycée. Je ne regrette pas d'avoir tenu tête à ma mère pour aller dans celui-là. Nous avons un très bon professeur, la cours est grande et l'ambiance générale est agréable. En plus de cela, le lycée est directement lié à l'école de musique où j'étais jusqu'à lors. Et avec mes amies, je me sens tellement à l'aise...

Le problème, c'est que depuis la rentrée, l'ambiance est très tendue chez moi. J'adore ma mère, elle est si affectueuse et attentionnée avec moi... Mais elle l'est parfois trop. Elle veut le meilleur pour sa fille, qui pourrait lui reprocher ? Mais elle a tendance à ne pas prendre en compte ses désirs.
C'est pour ça qu'il y a un mois, lorsqu'elle m'a annoncée qu'elle m'avait inscrite dans ce prestigieux lycée, en internat qui plus est, loin de tout ce que j'aime, j'ai bloqué. Pourtant, je suis quelqu'un de raisonnable qui déteste contrarier ses proches. Mais là c'était trop. Je m'y suis catégoriquement opposée et par chance, mon père m'a soutenue et j'ai pu aller au lycée de Misora. Mais ma mère m'en veut.

Depuis ce jour de rentrée où j'ai fait l'erreur de dire combien j'étais heureuse et combien j'aurais pu être malheureuse ailleurs, ma mère s'est fermée. Elle ne m'adresse presque plus la parole.
Ma chère nounou affirme que c'est la culpabilité qui la ronge, que c'est parce qu'elle a réalisé que j'aurais pu souffrir par sa faute. Moi je pense qu'elle m'en veut, tout simplement.

Ce week-end, mon père rentre à la maison après une semaine de tournage sur la côte sud du pays (mon père est réalisateur). Je compte profiter de son retour pour renouer avec ma mère dans une atmosphère plus détendue.

Nous sommes le samedi. C'est l'après-midi et mon père ne sera de retour que pour le dîner ce soir. En attendant, je décide d'aller faire un tour en ville, seule. J'aimerais trouver des cadeaux pour mes parents car un peu avant la rentrée, ils m'ont offert un magnifique violon neuf. Et je tiens à les remercier pour ça.

Je marche tranquillement dans la rue, observant les vitrines des magasins, à la recherche d'inspiration pour des cadeaux réussis. Je rentre assez rapidement dans une librairie où j'ai repéré le dernier tome d'une bande-dessinée qu'adore mon père. Mais pour ma mère, je ne trouve rien qui me plaise suffisamment.
Ça fait trois heures à présent que j'arpente les rues du centre-ville de Misora. Je commence à me demander si je ne vais jamais trouver quelque chose. Soudain, en passant devant la vitrine d'une nouvelle bijouterie artisanale, j'ai le coup de foudre.

Il est à peu près 18h lorsque je rentre chez moi. Je me dépêche de monter dans ma chambre avant que ma mère ne me voit avec mes paquets. Puis je travaille mon violon une petite heure, jusqu'à ce que ma nounou vienne me chercher.

"Mlle Émilie, votre père vient de rentrer, je pense que vous pouvez vous préparer à passer à table."

Puis elle aperçoit les deux paquets dans un coin de la pièce. Elle ne dit rien mais me lance un sourire entendu. Je crois vraiment que j'ai eu une bonne idée en achetant ces cadeaux et j'ai particulièrement hâte de voir la réaction de ma mère lorsqu'elle verra le sien.

Je descend enfin dans la salle à manger où mes parents sont déjà attablés. Lorsqu'elle me voit arriver, ma mère se tait. Je sens mon cœur se serrer.

"Bonjour Papa, dis-je. Euh..."

J'ai un moment d'hésitation. Je serre les paquets cachés derrière mon dos. Est-ce vraiment une bonne idée ? Comment ma mère va-t-elle réagir finalement ?

"Qu'est-ce que tu caches derrière ton dos ma chérie ? demande mon père affectueusement.
-Euh, c'est pour vous, dis-je en leur tendant."

Mon père prend son paquet avec un grand sourire et l'ouvre immédiatement. Il a l'air ravi.
Ma mère prend le sien avec un air plus gêné, surpris. Elle contemple un moment le petit emballage couleur aurore. Elle semble hésitante. Je la comprend au fond.

"C'est pour vous remercier du violon, j'explique."

Ma mère se décide à l'ouvrir. Je retiens ma respiration. Elle retire délicatement le papier cadeau et découvre la petite boîte couleur crème et or. Elle l'ouvre avec précaution et je vois ses yeux se remplir de larmes. Elle sort le collier et le met autour de son cou. C'est une longue chaîne argenté, avec un pendentif fantaisie, en forme d'oiseau.
Quand j'étais toute petite, pour son anniversaire, je lui avais faite un cadeau similaire mais elle l'avait perdue. J'avais été très triste et elle avait énormément culpabilisé.

"Merci Émilie, murmure-t-elle avec émotion. C'est magnifique j'en prendrais grand soin.
- Maman je voudrais moi aussi te remercier et pas seulement pour le violon...
- Ah bon ? Mais pourquoi donc ?
- Je voudrais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi. Je suis très heureuse.
- C'est vrai ma chérie ?"

Je hoche la tête. Ma mère sèche ses larmes et me sourit. Ça réchauffe mon cœur.
Je m'installe enfin à table et nous commençons le repas. Mon père nous parle du tournage de son nouveau film. Puis il me demande des nouvelles du lycée. Je suis ravie de tout lui raconter et cette fois, je remarque que ma mère est heureuse de m'en entendre parler.

À la fin du repas, avant que je ne monte me coucher, elle vient me voir pour s'excuser d'avoir voulu m'envoyer dans un lycée sans connaître mon avis. Et surtout elle me dit :

"Émilie, je sais que je suis une mère parfois envahissante. N'hésite plus jamais à me dire quand je vais trop loin. Tu es une fille mature, tu as aussi ton mot à dire."

Ce soir je m'endors le cœur léger. Je sais qu'il n'y aura jamais rien d'assez grave pour entacher la précieuse relation que j'ai avec ma mère. Mes année lycée s'annoncent inoubliables, je le sens.