Chapitre 7.

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Alan dévisagea les quatre tonneaux, apporté par une chimère voyageuse à peine une demie heure plus tôt, comme des ennemis. En réalité, il était vexé de découvrir seulement maintenant que Maya avait commandé quelques choses. Il était le bêta de la meute tout de même ! Cette commande aurait dû passer par lui!

Son loup se figea dans l'immobilité du prédateur. Un sourire ravi étira les lèvres d'Alan, sa proie préféré venait de faire son entrée.

— Salut, "Al", se moqua-t-elle en lui offrant un sourire rayonnant. Merci pour les graines.

Alan attendit que Maya lui tourne le dos pour plisser les yeux. Qu'est-ce qui lui prenait tout d'un coup ? Ce pourrait-il que... nan, elle ne croyait pas sérieusement que les graines étaient un signe d'abandon? Il s'était déchiqueté les mains à ramasser ces graines, il ne l'aurait jamais fait s'il comptait abandonner ! Et puis, ses excuses de la veille n'avait été que pour éviter de la froisser d'avantage et gagner du temps...

Le mâle se pinça l'arête du nez, cette femme était fatigante. Quoi que ce n'était pas une si mauvaise idée que ça, si elle pensait qu'il avait abandonné, elle serait moins sur ses gardes.

— Bien le bonjour à toi, Mey, sourit-il en lui faisant un révérence comique.

Elle leva les yeux au ciel.

— Je t'ai dit mille fois de ne pas m'appeler comme ça, ce n'est même pas le diminutif de mon prénom... râla-t-elle tout sourire.

Alan soupira, c'était comme ça qu'il l'aimait, lorsqu'elle ne faisait pas constamment attention à ce qu'elle disait, qu'elle souriait, qu'elle se comportait... Normalement.

— Bon, qu'est ce qu'on a là? questionna-t-il en essayant de chasser sa mauvaise humeur.

Maya grimaça.

— Des stimulants... Pour... Tu vois...

Alan hocha la tête. Oui, il voyait parfaitement de quoi elle lui parlait, et ça ne lui plus pas.

— Maya, tu sais à quel point c'est dangereux, gronda-t-il en s'approchant.

La guérisseuse fit un pas un arrière et Alan sentit – comme ça arrivait mille fois par jour – son cœur se briser.

— Le seul danger qu'il y a, c'est que quelqu'un se pointe pendant que je fais le... Le truc.

Elle lui lança un regard appuyé, clairement mécontente, avant de se retourner vers les quatre tonneaux.

— Je vais demander à Dayana de me préparer une chimère pour les déplacer.

Elle s'éclipsa.

Alan croisa les bras et patienta. Car, que ça lui plaise ou pas, il allait l'accompagner. La forêt n'était plus un endroit sûr. Le bêta détestait penser à son territoire ainsi. Savoir qu'une bande d'humains les avaient transformer en proie ne lui plaisait pas, mais Ethan n'avait pas encore décidé de la marche à suivre. Le frère d'armes d'Alan disait qu'il voulait d'abord s'entretenir avec ses alliés pour savoir qui serait prêt à se dresser contre les humains et leur nouvelle arme avec eux.

Alan était d'avis qu'il fallait lancer une frappe préventive sur le village proche de leur territoire. Ethan l'avait vivement contredis, les habitants du village n'y était pour rien, ce n'était pas de leur faute si leur dirigeant faisait des bêtises.

Le mâle avait été surpris d'une telle réponse, à une époque, Ethan n'y aurait pas réfléchit deux fois, et il aurait été impitoyable comme l'exigeait la protection de la meute. Mais depuis qu'il s'était unis à Elina, son frère avait changer, et Alan ne savait pas encore si c'était en bien ou en mal.

Maya revint avec la chimère, celle-ci avait le buste d'un bison, la tête d'une mule et l'arrière-train d'un taureau. C'était une chimère dressée par Dayana pour porter des charges lourde, il était aussi dangereux que n'importe quelle autre bête de la monstrueuse collection de la meute, mais c'était une nécessiter, ça faisait longtemps que les loups avaient renoncé à dresser des chevaux ou des bovins, ces derniers était trop peureux. En revanche, les chimères étaient des créatures parfaites en toute circonstance. De plus, elles effrayaient les humains, et tout ce qui effrayait les humains était bon pour la meute.

— Qu'est-ce que tu fais encore là ? s'étonna Maya. Tu n'as pas des choses plus importante à faire, en tant que bêta de la meute ?

Alan sourit en allant saluer la bête, il lui tapota doucement les naseaux, lui fait comprendre que c'était lui le chef, ici. Elle s'ébroua, mais ne tenta pas de lui mettre des coups de sabot, ce qui était une bonne chose.

— Si, j'ai tout un tas de trucs à faire, et dans cette interminable liste, il y a "protéger la guérisseuse".

Le mâle avait volontairement utilisé le titre de Maya afin qu'elle ne pense pas que c'était elle en particulier qu'il souhaitait protéger, bien que ce fut le cas.

— Et personne ne peux le faire à ta place, je ne voudrais pas monopoliser de ton précieux temps.

Elle avait dit ça avec beaucoup de respect, et Alan avait très bien compris qu'elle le congédier de manière détournée.

Si ça avait été n'importe qui d'autre, il aurait envoyé un soldat novice avec elle, mais ce n'était pas n'importe qui, c'était sa Maya, et il était le seul à avoir le droit de la protéger.

Cette pensée le fit sourire, elle ne serait probablement pas de cet avis.

— Les autres sont occupés, ce n'est pas négociable, décréta-t-il en chargeant les tonneaux sur le dos de la chimère.

Maya tapota le flanc de l'animal.

— Il s'appelle Taurus, marmonna-t-elle avant de se mettre en marche. C'est toi qui le gères !

— À vos ordres, grande prêtresse ! se moqua-t-il.

Le loup noir savait que même si Maya se la jouait courageuse, elle avait une peur bleue des chimères depuis qu'enfant, elle avait failli se faire dévorer par l'une d'elles en s'introduisant sans permission dans les écuries. Ce n'était pas pour rien que les écuries était interdite.

Maya rejeta sa chevelure bouclé derrière son épaule, signe qu'elle avait décidé de l'ignorer. Alan s'en fichait, parce que de là où il était, il avait une vu absolument magnifique du déhanchement involontaire qui marquait ses pas. La robe qu'elle portait semblait tellement fragile, à chaque pas elle s'envolait et flottait autour des jambes de la jeune femme.

Taurus lui donna un coup de tête.

— Quoi ? pesta-t-il en s'intéressant à la chimère.

Dans les deux billes noires de cette dernière brillait une lueur d'intelligence et de malice qui fit penser à Alan que l'animal savait très bien à quoi il pensait à l'instant.

— Et alors, je n'ai pas raison ? marmonna-t-il en frottant le toupet de la tête de mule.

Pour toute réponse, la chimère s'ébroua en laissant échapper un cris plus semblable à celui d'un taureau qu'à celle d'un mulet.

— Je viens de comprendre pourquoi on t'appelle Taurus...

2- La Meute Eclipse - Minuit TorrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant