2- La Meute Eclipse - Minuit Torride

Chapitre 14.

Le lendemain soir, Alan était à la frontière du territoire. Leo les avait rejoints quelques minutes plus tôt accompagné de Kyara. La lionne avait troqué sa tenue légère de la veille par une tenue intégralement noir d'un tissu soyeux qui couvrait ses formes féminines et cachait ses cheveux et son visage. Seuls ses yeux étaient encore visibles, deux saphirs aux milieux de la nuit. Comme la veille, Alan avait été incapable de la voir avant qu'elle ne le veuille. Ça avait blesser son égo de dominant, mais il était aussi impressionné par la discrétion sans faille de la jeune femme. Il était presque impossible de se déplacer dans le bois qui couvrait presque la totalité du territoire, car il était gardé sauvage pour décourager les intrus, mais surtout signaler leur présence. Même lui avait toujours eut beaucoup de mal à se déplacer silencieusement, mais cette étonnante femme semblait se mouvoir comme un spectre. Ça lui foutait les jetons autant que ça poussait son admiration, il aurait adoré la questionner sur son apprentissage et en apprendre plus sur elle, mais il n'avait rien dit, pas quand Maya les accompagnait. Il l'avait déjà mis assez en rogne pour ne pas lui donner une autre raison de le repousser.

Locas les rejoignit quelques minutes plus tard, silencieusement mortel. Il se dégageait de lui quelque chose de beaucoup plus sauvage que la veille, comme si son loup était à fleur de peau, prêt à bondir au premier ordre de tuer.

— Fait attention à toi, réclama Maya en prenant Ethan entre ses bras.

— Promis.

La guérisseuse arriva vers lui. Alan ne se faisait pas d'illusion, elle était encore en colère contre lui pour avoir décidé d'y aller. C'était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne parce que ça signifiait qu'elle avait forcement des sentiments pour lui, même si ce n'était qu'une minuscule étincelle d'affection, il pourrait toujours l'embraser. Une mauvaise parce qu'il allait probablement en chier pour souffler sur cette étincelle jusqu'à en faire un feu. Elle lui tendit un sac en toile.

— Des plantes pour les éventuelles blessures, tout est annoté, tu ne peux pas te tromper.

Froide et tranchante, sa voix n'avait rien à voir avec celle qu'elle avait utilisé pour parler à Ethan. Il grimaça, mais décida de la taquiner.

— Pas de mot gentil pour moi ?

Elle le dévisagea en plissant les yeux.

— Fait attention à mon frère ! rétorqua-t-elle avant de lui tourner le dos pour s'éloigner sous le regard abattu d'Alan.

Si sa démarche à lui n'était pas parfaite, celle de Maya frôlait l'éléphant, elle faisait un boucan de tous les diables ! Heureusement que Jul avait accepter de la suivre discrètement pour la protéger. Il n'avait plus qu'à espérer que jamais Maya ne le découvre.

— Allez, c'est partie ! s'exclama Ethan en prenant la tête de la troupe.

Leo s'approcha d'Alan, une lueur amusée dans les yeux.

— Si tu survis, va falloir mettre les bouchers doubles pour te faire pardonner, ricana-t-il.

— La ferme, rétorqua le mâle en le fusillant du regard.

Leo l'avait toujours insupporté. Il connaissait bien le mâle, même si cet imbécile faisait semblant de ne jamais ce souvenir de son nom. Ils s'étaient rencontré à l'époque où il faisait encore des combats illégaux dans le sous-sol d'un luxueux restaurant tenu par une famille de changelin renard. En ce temps, Leo n'était qu'un adolescent gringalet avec une grande gueule. La grande gueule n'avait pas changé. Bizarrement, il avait disparu un jour, et Alan s'était toujours dit qu'il l'avait ouverte une fois de trop. Il fallait croire que non.

Leur marche discrète sur le terrain adverse fut silencieuse, teintée de ce mélange d'appréhension et d'excitation qui précédait un combat. En maintenant un rythme de marche régulier à travers la nuit et en ne faisant qu'une pause pour grignoter, le petit groupe arriva face à l'immense château de pierre alors que le soleil se levait doucement.

— Trouvons-nous un troue où se terrer pour la journée et tâchons de nous faire discrets, on attaque cette nuit, susurra Ethan d'une voix légèrement enrouée d'être resté sans servir.

Alan fronça les sourcils.

— Où a encore disparut Kyara ? questionna-t-il.

— Juste ici, louveteau, s'amusa la femme.

Le mâle leva la tête pour la découvrir percher avec grâce sur la branche d'un arbre.

— Il est hors de question que je monte là-haut, déclara-t-il très sérieusement.

— C'est une très bonne cachette, justement parce qu'aucun humain ne chercherait un loup perché dans un arbre, fit remarquer la lionne.

— Peut-être parce qu'aucun loup n'est assez stupide pour grimper dans un arbre ! s'étrangla Alan. En plus, s'ils nous voient, on est foutu.

Des bruit de pas et des cris bruyant dans les fourrés à quelques mètres de là attira soudainement leur attention.

— Pas le choix, on dirait, commenta Leo en lui tapant vigoureusement l'épaule avant d'escalader un autre arbre.

Les bruits de pas s'approchaient de plus en plus, portant avec eux l'odeur de plusieurs humains qui se dirigeaient vers eux. Alan réalisa que si ces humains les voyaient, ils étaient morts.

— Et merde, râla-t-il tout bas en commençant à grimper.

Il était un fichu loup, pas un minet. Gauche dans ses mouvements et forcé de se servir de ses griffes pour grimper le long du tronc sans branche d'un grand pin, il atteignit une grosse branche à l'instant où un groupe de soldats armé d'épée et d'arbalète passaient juste sous ses pieds. Ils s'arrêtèrent comme s'ils avaient entendu du bruit. Alan retint sa respiration.