Chapitre 46.

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Maya était furieuse. De quel droit, de quel droit, Alan l'avait-il ainsi traitée ? Non seulement, il l'avait enfermé dans sa chambre et ça lui avait pris plus d'une heure pour défoncer la porte – Étant au troisième étage, passer par la fenêtre n'avait pas été une option – mais en plus, il n'avait pas du tout eu l'air de s'en vouloir.

La jeune femme se dit que, si elle avait été une louve, elle l'aurait probablement écharpée pour avoir osé la traiter comme un écervelé. Et peut-être bien qu'elle ne s'en priverait pas, après tout, un couteau faisait facilement le même effet que des griffes.

Mais le pire, c'était l'émotion qui lui donnait envie de s'arracher le cœur tant elle était douloureuse. Cette dernière semaine avait été tellement idyllique. Elle avait enfin découvert ce que ça faisait d'être au centre de l'attention de cet homme merveilleusement frustrant. Et bien qu'elle avait eu conscience de garder ses distances, elle savait qu'elle aurait probablement consenti à plus.

Si seulement... si seulement il n'avait pas agi de manière aussi enrageante. Pas une seule seconde elle ne s'était inquiété qu'il ne la restreigne ainsi. Pas une fois, elle ne s'était demandé s'il l'empêcherait de faire son boulot. C'était la dernière chose qui l'avait inquiété.

Oh non, elle, elle avait eu peur qu'il se lasse, qu'il découvre son incapacité à satisfaire son besoin de loup de fonder une famille, pire qu'il rencontre son opposé, et l'abandonne. Maintenant, elle réalisait à quel point elle, c'était comporter comme une adolescente naïve en pensant qu'Alan pouvait être un gentil loup apprivoisé, comme dans son enfance. Non seulement, il ne l'était pas, mais en plus, elle commençait à se rendre compte qu'il était obstiné, dominant, protecteur – pour ne pas dire surprotecteur – et oh combien énervant. Et elle avait pensé qu'elle pourrait le possédait et le dresser.

Stupide.

— Maya.

Quand on pense au loup, songea-t-elle en sentant sa fureur refaire surface.

Sans se retourner, la jeune femme poursuivit son chemin, serrant très fort son bâton de prêtresse, qu'elle avait emmené sur le champ de bataille. Car contrairement à ce que semblait penser Alan, elle n'était pas sans défense.

— Maya, ne m'ignore pas, gronda-t-il en lui saisissant le poignet.

Il la força à se retourner. Déglutissant pour endiguer le hurlement de douleur de son coeur, la jeune femme serra la mâchoire et releva obstinément le menton pour le toiser malgré la tête de plus qu'il faisait.

— Tu boudes ?

Elle allait commettre un meurtre.

— Non, Alan, je ne boude pas. Je suis furieuse, tellement... Furieuse que j'en perds mes mots !

— Mey...

— Pas de Mey qui tienne, coupa-t-elle.

Sa voix tremblait d'une violente émotion contenue.

— C'est fini, Alan.

Maya vit une douleur comparable à la sienne dans le regard du mâle, mais elle refusa de céder. Pas encore.

— Ce que tu as fait... par Elstrya, Alan, je ne suis pas une enfant. Et je ne suis pas stupide !

— Je n'ai jamais...

— Non, tu n'as jamais dit ça, tu as dit "on a besoin d'une guérisseuse fonctionnel, pas d'une femme morte" tu m'as pris pour une idiote ou quoi ? Je n'allais pas me jeter dans la bataille, ce n'est pas mon rôle. Mon rôle, c'est d'empêcher les morts inutiles !

— Mais tu...

— SILENCE ! C'est moi qui parle et je n'ai pas fini. Je suis une guérisseuse, Alan, une personne responsable, une adulte, je ne suis pas une de tes petites copines. C'est fini.

Libérant son poignet d'un coup sec, Maya tourna les talons. Mais elle n'eut le temps que de faire trois pas avant qu'Alan, démonter par ces paroles, ne reprenne ses esprits.

— Alors tu abandonnes ? Encore ? Quand arrêteras-tu de choisir la fuite Maya.

Se raidissant au milieu du couloir, la jeune femme se força à respirer calmement.

— Je ne fui pas, je prends la décision avisée. Notre relation t'empêche visiblement de me voir comme je suis : une guérisseuse compétente. Alors désormais, c'est à ça que se réduira nos contacts. Une guérisseuse et un lieutenant.

Maya sentait l'impatience du loup et sa frustration dans son regard bleu nuit. Mais elle ne pouvait pas céder, il l'avait horriblement blessé. Et le pire, c'est qu'il recommencerait. Il était fait ainsi, protecteur à outrance et en soit ça faisait son charme, mais Maya ne pouvait pas se permettre d'être freinée par lui. Ça mettrait à mal son devoir. Et si elle n'était pas guérisseuse, qu'est-ce qu'elle était au juste ?

— Je refuse de l'accepter.

Se jetant sur elle, il lui saisit l'arrière de la tête et fondit sur ses lèvres comme si c'était son droit. Sa chaleur brutale et masculine contre le corps plus doux de la guérisseuse faillit lui faire oublier sa colère.

Faillit.

— Non !

Et Alan se retrouva projeter à une dizaine de mètres dans le couloir, sur le dos, sonner. Maya réalisa qu'elle avait retourné son bâton contre lui. Choquée de son geste inconscient, elle fit trois pas en arrière sans cesser de dévisager le mâle qui désormais se tordait de douleur au sol, probablement avec quelques côtes cassées.

— C'est fini, et trouve quelqu'un d'autre pour te soigner, balbutia en tentant d'être ferme.

Lui tourner le dos fut la chose la plus dure qu'elle eut à faire de sa vie.

2- La Meute Eclipse - Minuit TorrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant