Chapitre 12.

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Maya croyait rêver. Que venait-il de se passer ?

— Bon sang, mais qu'est ce qui t'as pris, Alan ! attaqua-t-elle en se retournant vivement vers le mâle à l'instant même où Leo disparut.

Ce dernier l'attrapa par le bras et l'entraîna vers la piste de danse.

— Accorde-moi cette danse, Maya, demanda-t-il courtoisement.

— Non ! refusa la jeune femme.

Il lui lança son regard de dominant, l'air de dire "ce n'était pas réellement une demande, mais belle et bien un ordre". Comme la guérisseuse ne souhaitait pas faire de scène en plein milieu de la salle de bal, elle le laissa l'entraîner au milieu de danseur.

Ils se placèrent pour danser la valse. Alan posa sa main sur sa hanche et elle posa la sienne sur son bras. Maya avait beau porté une robe convenable, semblable à ses tenues de guérisseuse, mais avec un tissue plus épais, elle avait l'impression qu'il la marquait au fer rouge. Il emprisonna sa seconde main dans la sienne et commença un enchaînement de pas simple en rythme avec la musique.

D'instinct, Maya le suivit, mais elle n'en avait pas terminé avec lui.

— Pourquoi t'es-tu interposé dans notre discutions? questionna-t-elle en tendant d'ignorer le corps chaud et musclé du mâle qui se pressait sans aucune bienséance contre le sien.

La mâchoire serrée, il répondit :

— Cet homme te draguait.

La phrase était si inattendue qu'elle manqua un pas et le percuta. Il enroula un bras autour de sa taille pour l'empêcher de tomber. Maya secoua la tête, incrédule.

— Mais qu'est-ce que tu racontes, on ne faisait que discuter.

— Je connais Leo, Mey, il est le chef d'un clan de lionne, quand il s'intéresse à une femme, ce n'est pas pour "discuter".

Furieuse, Maya tenta de lui mettre un coup de genou dans ses bijoux de famille. Alan, qui s'y attendait un peu, l'en empêcha de justesse.

— Pitié, Maya, respecte mes futures enfants ! pesta-t-il en la faisant se retourner.

Dos à lui, elle ne pouvait plus le castrer, et tout cela rentrait dans la chorégraphie d'une valse contemporaine.

La guérisseuse lui marcha volontairement sur le pied avec son talon aiguille. Il grimaça et ses pas devinrent moins précis.

— Dit tout de suite qu'aucun homme ne pourrait s'intéresser à moi pour autre chose que le sexe, gronda-t-elle tout bas, afin de ne pas attirer l'attention.

— Bon sang, Mey, ce n'est pas ce que j'ai dit, et tu le sais très bien, murmura-t-il en la retournant vers lui.

Maya retint son souffle, il s'était penchait si près que leur souffle se mêlait. Ils avaient cessé de danser, le mâle avait posé ses deux lourdes paumes sur les hanches de la jeune femme, et cette dernière s'agrippait à ses épaules.

— C'est exactement ce que tu as insinué, marmonna-t-elle, se réfugiant dans sa colère pour ne pas avoir à affronter les autres émotions qui se battaient pour faire surface.

Elle aimait le visage d'Alan, une mâchoire volontaire, des traits fins sans être efféminé, un nez un peu tordu, comme s'il se l'était cassé plusieurs fois. Alan était incroyablement beau.

— Non, Mey, tu es une femme formidable, mais Leo ne te mérite pas, c'est un coureur de jupons.

Maya ouvrit la bouche, s'apprêtant à le rembarrer, lorsqu'une vision s'imposa à son esprit, les veloutes sombre s'emparant de son être. Elle s'agrippa de toutes ses forces à Alan afin de garder le contrôle, et rester ancrée dans la réalité alors que son esprit lui montrait le futur.

Un homme couché sur le ventre dans les hautes herbes, couvert de terre et de feuille-morte. Maya était l'homme. Elle (il) regarda dans la lunette de son fusil. Elle (il) vit une salle de bal pleine de monde, vivement éclairait par des chandeliers, des gens rient, boivent, dansent. Elle (il) vit une jeune femme à la peau mate et aux épaisses boucles brunes, le regard dans le vague, agrippé à un homme à la peau noire comme la nuit. Elle (il) tira, certain de son coup. Une femme, inconsciente du danger avance dans la ligne de mire.
C'est trop tard.


Maya revint à elle.

— Attention ! hurla-t-elle en se tournant vers la fenêtre qui venait de voler en éclats sous l'impact de la balle.

Alan la fit vivement passer derrière lui, mais ce geste fut inutile. Une femme, dans un cri étouffé, s'effondre, une balle dans la tête.

Tout se passa alors extrêmement vite, une partie des soldats présent quittèrent la salle pour sécuriser le périmètre, les soumis rassemblèrent les enfants et les éloignèrent de la scène.

Maya vivait l'agitation comme hors d'elle, incapable de quitter des yeux le cadavre encore chaud de la jeune femme qui venait de lui sauver la vie. Si Alan ne l'avait pas soutenu, elle se serait effondrée.

— C'est ma faute... chuchota-t-elle alors qu'un hurlement déchirant retentis dans la salle.

Un homme d'une trentaine d'années se laissa tomber près du corps de la victime. Il pleurait, hurlait en la berçant contre son cœur. Maya eut un frisson d'horreur en reconnaissant une des scènes qu'elle avait vu quelques jours plus tôt.

Elle en avait parlé à Ethan, elle lui avait raconté toute ses visions, sauf celle qui concernait Elina. Est-ce que si elle n'avait rien dit, Ethan n'aurait pas fait cette réunion ? Elle aurait pu empêcher cette mort inutile, si seulement elle avait refusé de prédire l'avenir...

— Non, Maya, non, susurra Alan en posant sa main sur sa joue pour la forcer à détourner le regard de la scène.

— J'aurais pu l'empêcher, je l'ai vue... marmonna-t-elle sous le choc en sentant les larmes lui monter aux yeux.

Des larmes d'impuissance, comme toujours. C'était sa malédiction personnelle. Elle voyait les choses, savait qu'elle allait arriver, mais était incapable de les empêcher. Encore et encore, inlassablement. Ou alors, elle les provoquait, et ça c'était encore pire. Le visage d'une femme au regard rieur et à la peau noire comme la nuit s'imposa à son esprit, mais Maya la chassa immédiatement.

— Tu ne pouvais rien faire, Mey, assura le mâle en la berçant doucement.

À cet instant, Ethan apparut, sous sa forme animale – un incroyable loup au pelage brun et or – traînant par le col de son vêtement, un humain à moitié mort qui laissait derrière lui une traînée de sang frais. Le puissant alpha le déposa face à l'homme brisé comme un présent.

Même de là où elle était, Maya sentait pulser la rage qui habitait Ethan, elle pouvait presque deviner ses pensées. Ça aurait pu être Elina, couchée dans une flaque de sang. Il aurait voulu achever l'homme lui-même, mais il comprenait le besoin de l'autre mâle de se venger.

— Qui ? questionna le mâle.

Ethan regarda Maya de ses yeux doré, l'invitant à prendre la parole. Maya savait qui avait orchestré cet assassinat, la poignée de secondes qu'elle avait passée dans la tête du chasseur lui avait été suffisant pour connaître l'identité de leur agresseur.

Prenant une profonde respiration, elle laissa tomber le nom comme une sentence.

— Lord Arthus.

2- La Meute Eclipse - Minuit TorrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant