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Point de vue de Katherina Grey :

Je déglutis difficilement.

Je suis dans la merde.

Bien sûr je ne lui ai rien dis, c'est lui qui a deviné tout seul, mais ça a exactement le même effet : je suis dans la merde jusqu'au cou.

Ma mère a pourtant été claire : si toute cette affaire se sait, MA reputation et la sienne seront brisée, ainsi que nos vies respectives.

— Ça suffit, tu as assez dit de conneries pour aujourd'hui, je lâche, sans croire un instant qu'il va se laisser avoir.

Je me lève, récupère mon sac et me dirige tel une tornade vers la porte.

Il ricane lorsque je tente de l'ouvrir, en vain.

Merde, il a la clé.

— Laisse moi sortir !

Le stresse me gagne petit à petit, tel un tsunami engloutissant des rues entières.

— Non. Pas avant que tu ne m'explique TOUT.

La colère finit par gagner sur le stresse.

Je me retourne en furie.

— Il n'en ai pas QUESTION ! Ça ne te regarde ABSOLUMENT PAS. Tu n'as rien à savoir concernant tout cela ! Maintenant laisse moi SORTIR !

Il cille.

— D'accord.

C'est à mon tour d'être déconcertée.

— Que... La clé.

Je tends la main, dubitative. Néanmoins, il pose sans difficultés le petit objet au creux de ma paume. Soulagée de pouvoir enfin m'enfuir de cet endroit, je déverrouille la porte avec empressement. Néanmoins, lorsque je pose ma main sur la poignée, sa voix résonne, plus froide que jamais.

— Si jamais tu franchis cette porte maintenant, je fais fuiter dans la presse tout ce que je sais sur cette affaire.

Aussitôt je m'immobilise. Mon souffle en reste coupé.

Il
N'a
Pas
Osé.

Impossible.

Pas Peter. Pas l'homme dont je suis amoureuse. Pas l'homme dont je porte l'enfant.

Pas lui. Il ne peut pas me faire du chantage.

Mon cerveau n'est plus qu'un gigantesque beug, je n'arrive plus à connecter mes neurones entre elles.

Point de vue de Peter Clarke :

Katherina reste un temps interminable la main sur la poignée, dos à moi.

Je crains cette fois d'être aller trop loin. Sa confiance est un fil qui peut se briser au moindre accro, et j'ai carrément utilisé un sécateur, sur ce coup là. Néanmoins, j'étais parvenu au bout de ma patience, de ma tolérance, de mon amour pour elle. Il m'était impossible de continuer à la suivre aveuglément alors qu'il y avait 99% de risque que ce soit une énorme erreur. J'ai décidé de tout risquer pour avoir des réponses à mes questions. Maintenant, adviendra que pourra.

La silence qui règne dans la pièce est assourdissant. En cet instant, la seule chose à laquelle j'arrive encore à penser est qu'elle va ouvrir cette putain de porte, qu'elle va partir loin, que je n'en entendrais plus jamais parler et que je n'aurai même pas les couilles de mettre ma menace à exécution.

C'est selon moi le pire cas de figure qui puisse arriver.

Le pire cas de figure jusqu'à ce qu'elle se retourne et que son regard se plante dans le mien.

Mon cœur se tord. La rage, la déception et la haine. Voilà tout ce que j'aperçois dans ses yeux. Plus une seule trace de tendresse, d'humanité ou d'amour.

— Tu n'es qu'un tas de merde, Peter. Si jamais quoi que ce soit fuite dans la presse, j'avorte et je vais m'installer en Europe ou en Asie, loin, très loin, tellement loin d'ici que personne n'aura jamais même entendu parler de mon nom, c'est clair ?

Sur ce elle se retourne et ouvre la porte en grand, avant de faire un pas qui la mène dans le couloir. Elle a franchit la limite. La tension qui règne ici est à couper au couteau.

Vas y, fait le.

C'est ce que ses yeux disent.

J'ai vraiment peur de l'avoir perdue.

Point de vue de Katherina Grey :

Je n'en montre rien, mais j'ai vraiment vraiment peur. Peur qu'il mette sa menace à exécution, peur de l'avoir perdu pour toujours, peur que tout se que j'ai vécu avec lui ne soit qu'un rêve, que mon réveil ne sonne et que je m'extirpe du sommeil sans que tout ceci ne soit réellement arrivé. C'est à cet instant seulement que je comprends combien je suis attaché à lui, et combien il me serait difficile de me remettre de sa perte.

Nous sommes allé trop, beaucoup trop loin, tout autant l'un que l'autre.

Si un miracle n'arrive pas maintenant, tout sera brisé.

Et c'est maintenant seulement que je réalise que les mots me brûlent la gorge, qu'ils veulent laisser échapper la vérité.

Quelque en soit les conséquences, j'ai maintenant besoin de tout lui dire.

Point de vue de Peter Clarke :

Nous sommes allé beaucoup trop loin, aussi bien l'un que l'autre. Le vase est brisé, il faudrait un miracle pour que cela s'arrange. Nous sommes arrivé au point culminant de notre relation, il suffit d'un pas de plus et nous arriverons dans une zone de non retour.

Nos deux voix s'entremêlent.

— Peter.

— Katherina.

Elle s'évanouit.

Only Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant