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Point de vue de Katherina Grey :

— Putain, c'est pas vrai ! Il en est hors de question bordel !

Ma colère envers lui est sans bornes. Il a indéniablement loupé un épisode : il est sensé savoir que rien ne compte plus pour moi que mon entreprise, et maintenant il veut que je la lui cède ?!

Il essaye de me convaincre depuis une demie-heure, sans succès, bien entendu. Le cimetière est maintenant baigné de soleil.

Il se prend la tête dans les mains, signe qu'il est frustré.

— Putain, Katherina écoute moi !

Je lui jette un regard noir.

— T'écouter ?! Mais qu'est ce que tu comprends pas dans NON ?!

— Bordel laisse moi t'expliquer !

Ma fureur inonde chaque cellule de mon corps.

— Sinon quoi ?! Tu vas me faire chanter, comme tu l'as fait hier ?!

Ma répartie a l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Il contracte la poitrine, le souffle coupé.

— Je...

Je détourne le regard, essayant d'ignorer le lointain sentiment de culpabilité qui s'est infiltré en moi.

— Cette discussion a assez durée. Je rentre chez moi, et je prends ta voiture. Trouve toi un taxi qui accepte de venir te chercher ici.

J'évite son regard, et m'en vais sans me retourner.

Je ne le pensais pas capable de faire une chose pareil juste après toutes mes révélations. J'avais confiance en lui, réellement, plus qu'envers n'importe qui d'autre.

J'essaye de penser à un moyen de me vider la tête, après avoir repoussé l'option de la boisson.

Sans même m'en rendre véritablement compte, je me retrouve en une heure et demie au pied de mon building.

Ainsi, je ne prends véritablement conscience de ce que je fais qu'après avoir frapper à la porte du bureau de mon bras droit, Steven Cold.

— Entrez, Katherina.

Je mets plusieurs secondes à me décider à franchir le seuil.

L'homme me fixe de derrière ses lunettes rectangulaires.

Je vois son regard remarquer le bracelet d'hôpital que je porte au poignet. Il hausse un sourcil.

— Tout va bien ?

Sa voix est légèrement emprunte d'inquiétude.

J'hésite un instant.

— Vous... je m'éclaircis la voix. Êtes-vous attaché à cette boîte ?

Il fronce les sourcils, déconcerté.

— Oui.

— Mon père l'était-il ?

Il se mord la lèvre, puis pose ses lunettes avant de s'enfoncer plus profondément dans son fauteuil.

— Eh bien... c'était son projet, alors, oui il l'était, du moins, au début. Ensuite, il a aimé l'argent que lui rapportait l'entreprise plus que l'entreprise en elle même.

Il fronce les sourcils.

— Ce qui n'est clairement pas votre cas. Vous aimez sincèrement cette boite, je me trompe ?

Non, il a raison.

La gorge serrée, je lâche :

— Je vais abdiquer.

Il plante des yeux dans les miens.

— Je savais que ça arriverait, mais je n'imaginais pas que ce serait aussi tôt.

Je lève vers lui un regard interrogateur. Il s'explique.

— J'ai découvert la combine de votre père.

— Quand ?

Ma voix n'est qu'un souffle.

— Il y a deux ans.

Je fronce les sourcils.

— Mais, pourquoi n'avoir rien fait ? Rien dis ?

Il se lève, contourne son bureau, pour se planter devant moi.

— Vous voulez dire, pourquoi ne pas vous avoir dénoncé ? En effet, vous auriez été destitué et j'aurais très probablement pris votre place.

Il secoue la tête.

— Je vous sais innocente Katherina. De plus, je ne tiens pas à obtenir votre place. J'ai déjà bien trop de travaille à la mienne, et je ne suis peut être pas milliardaire, mais l'argent n'est plus un problème depuis longtemps, pourquoi en vouloir toujours plus ?

Je lui offre un petit sourire sincère. Cet homme mérite ma confiance plus que tout autre.

— Vous êtes.., je commence.

— Je sais.

Il m'adresse un sourire franc et hoche la tête.

Il s'appuie sur son bureau, puis demande :

— À qui voulez vous passer la main ?

— Clarke.

— Bon...

Il ne semble pas réjouit par cette perspective.

— Je sais mais, avec eux je pourrais négocier un certain nombre de conditions que je n'obtiendrais jamais chez un autre concurrent.

— Et vous céderiez tout ?

Je secoue la tête, résignée.

— Tout ce qui appartient à l'entreprise.

— Vous...

Il me jette un regard malicieux.

— Oui...

Mon sourire est rayonnant.

— L'algorithme est presque près. Je le ferais breveté dès que j'aurais vendu.

Il m'adresse un clin d'œil. Je sors de son bureau, plus heureuse que lorsque j'y ai pénétré.

Je passe à mon bureau, pour mettre en ordre quelques affaires. Cette vue va indéniablement me manquer. Je me sers un vers de bourbon, que je sirote, pensive.

Il est peu être temps que je passe à autre chose. Cette entreprise est rattachée à mon père, et j'y ai déjà passé cinq ans. C'est peut être une bonne chose que je m'en sépare, et que j'acquière un nouveau bureau. J'ai déjà tout fait dans celui ci, il n'y a plus rien d'excitant.

J'imagine une autre personne à ma place, dans cette grande et majestueuse pièce, s'occupant de toutes ces choses auxquelles j'ai consacré ma vie depuis une demie décennie.

Cette vision me fout en rage, et une idée me vient. Il y a bien quelque chose que j'ai toujours eu envie de faire mais que je n'ai jamais réalisé ici, en y repensant. Mon regard se pose sur le verre que je tiens dans la main droite, contenant un fond d'une liqueur dorée.

Ainsi, de toutes mes forces, de toute ma colère et ma rancoeur, je le balance contre la baie vitrée.

Le verre se brise en mille morceaux, tandis que la baie vitrée reste intacte.

Sur ce, je m'installe derrière mon ordinateur haute technologie, et compose un numéro de téléphone.

Only Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant