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Tu passe à côté de la meilleure chose qui ne te soit jamais arrivée, Katherina.

Un air de Bach emplie le salon. Ma respiration est régulière, synchronisée avec la musique.

Tu te pose trop de questions. Laisse toi vivre, tu as tout ce qu'il faut pour cela.

Demain c'est l'anniversaire d'Hannah.

Au fil des jours, mes certitudes on été peu à peu ébranlées :
Le matin qui a suivit le départ précipité de Peter, une lettre m'attendait, posée sagement sur mon oreiller en satin. Je l'ai ouverte, intriguée, pour tomber sur une photo de Hannah et moi tout sourire, elle sur mon dos, datant de l'été dernier.

Je suis tombée des nues, devant mon sourire éblouissant de joie. Tu es sûre de toi ?

C'est ce qu'indiquait le mot qui accompagnait la photo. Une boule s'est formé dans ma gorge, mais j'ai ignoré le malaise qui s'est emparé de moi, et j'ai posé le tout sur ma commode avant d'aller piquer une tête dans la piscine.

Le lendemain, ce cirque s'est répétée. Une enveloppe rouge semblable à celle de la veille reposait sur le satin. Ayant déjà une petite idée de se qui m'attendait à l'intérieur, je suis allé m'assoir sur le canapé, et j'ai pris connaissance de la coursive.

Cette fois, toute la famille était présente. Tu sais à quoi tu renonces.

Le troisième jour, j'ai refusé d'ouvrir la lettre, et je l'ai balancée à la poubelle. J'ai fais de même le quatrième, le suivant, celui d'après, et celui d'encore après.

Le huitième jour, alors que je rentrais éreintée du bouleau, j'ai eu la surprise de découvrir mon salon presque entièrement ensevelie de photos et de mots ressemblants aux précédents.

Et désormais, je tourne en rond, un verre de pur malt à la main, de la musique classique se diffusant dans la pièce, incapable de prendre la moindre décision. Je tiens une enveloppe rouge à la main, indécise.

Je finis par l'ouvrir, sceptique.
Pas de photo. Un mot.

Arrête de boire.

J'écarquille les yeux, stupéfaite.  Je retourne la carte.

Pense au bébé.

Il n'y a qu'une personne capable d'écrire cela. Il se soucie de moi. Et du bébé !

Son erreur, pourtant !

Mon altère égo reprend possession de moi, prête à courir jusqu'à chez lui. Je prend connaissance de l'heure. 23 heures 37.

Aussitôt, je fonce enfiler un jean, et attrape mes clés de voitures une fois cela fait.

Mon verre de pur malt abandonné à la hâte reste sur la table basse.

Je ne descend même pas aux sous sols, et sors à l'air libre. Je me mets à courir. Il n'habite pas loin, à une vingtaine de minutes à pied. 10 minutes en courant.

Je ne suis pas ambitieuse au point d'utiliser les escaliers. Le trajet en ascenseur me semble interminable.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur la luxueuse entrée de Peter Clarke.

Une fois dans le salon, je comprends que Peter est au téléphone sur la terrasse. Il se gratte la nuque en un geste caractéristique, puis se frotte la mâchoire. C'est un tic qui se manifeste exclusivement lorsqu'il est pensif. Sa beauté me laisse sans voix. Il est torse nu (pour mon plus grand plaisir) et seulement vêtu d'un jean clair.

Je me glisse dans la cuisine, et attrape un verre à whisky, que je remplis... de jus de pomme, contre toute attente. Simple provocation.

Je vais ensuite m'assoir sur le canapé, et me saisie d'un livre qui gît grand ouvert contre la table. Il est tout corné et semble particulièrement vieux, mais je déchiffre la couverture, inscrite en français. Liaisons dangereuses.

Surprise que Peter apprécie de genre de littérature, je reprends sa lecture à la page où il s'est arrêté. Je passe un bon quart d'heure à lire, et malgré la langue dans lequel le livre est écrit, je l'ai presque finit lorsque Peter débarque dans la pièce. Il sursaute lorsqu'il m'aperçoit, et hausse les sourcils. Je sors de la lecture.

— Katherina ?!
— Bonjour Peter.
— Tu bois encore ?!

Je lève les yeux au ciel, ne voulant pas arrivé à une dispute au bout d'à peine 8 seconde de conversation.

— C'est du jus de pomme.

Il se détend imperspectiblement.

— Tu parles français ?

Sa question me surprends.

— Bien entendu. Pourquoi est ce que je lirai un bouquin en français sinon ?

Je remue le livre. Il sourit du bout des lèvres, satisfait.

— Qu'est ce que tu fais ici ? , demande t'il posément.

Ses yeux de glace me brûlent.

— Ça te dirais de faire deux heures et demi de route pour assister à une foutu réunion de famille ?

Only Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant