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Point de vue de Peter Clarke :

Suite à mon annonce, Katherina reste stoïque. Puis, car c'est bien son habitude de réagir de manière totalement inappropriée, elle éclate de rire.

Son hilarité grince à mes oreilles comme une craie sur un tableau noir.

Je penche la tête, quelque peu dérouté, et fronce les sourcils.

Point de vue de Katherina Grey :

Même si cela reste encore assez abstrait pour moi, j'ai conscience qu'il existe des gens qui ont des problèmes du quotidien. Certains n'ont plus d'eau chaude, d'autres un nid de frelons asiatiques dans leur jardin, d'autres encore ont du mal à payer leur loyer tous les mois, et quelques uns ont le frigo vide. J'ai conscience que cela existe, mais je sais que jamais je n'y serais confrontée.

Pas moi. Je peux acheter tout ce que je veux, n'importe quoi n'importe où, n'importe qui.

Et jamais je ne perds.

Je sais que je suis bien plus forte que toutes ses femmes qui ont des problèmes de santé et qui perdent leur bébé. Moi, tout ce que je fais dans ma vie, je le décide. Hors, jusqu'à lors, je n'ai pas encore décidé de me débarrasser du bébé qui s'est installé dans mon ventre.

C'est pour cela que l'annonce de Peter me semble tellement incongrue qu'elle me mène à l'hilarité.

— Très drôle. Bon, si c'est tout, je vais aller me débarrasser définitivement de cette affreuse chemise de nuit, et rentrer chez moi.

Je me lève et attrape le sac plastique contenant le tailleur que je portais ce matin.

Peter semble complètement perdu. Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre : mon bébé n'a rien et les médecins se trompent.

— Nan mais... Katherina ! Attends, tu ne peux pas partir comme ça ! Et le bébé ?! Il faut attendre les résultats des tests !

Je lève les yeux au ciel.

— Le bébé va bien, ne t'inquiète pas. Aller viens, on rentre.

Il se lève et attrape sa veste, tendis que je me termine d'enfiler mes talons aiguilles.

— Où vas tu ?

— J'ai très envie de m'acheter une maison... ou un hôpital, tiens pourquoi pas ?

Il fronce les sourcils.

— C'est une clinique, et elle m'appartient déjà, rétorque t'il, pressé de me ramener sur le sujet qui fâche. Et elle n'est pas à vendre ! , s'empresse t'il d'ajouter en rencontrant mon regard brillant.

— Oh, t'es pas drôle. Bon alors dans quoi est ce que je vais dépenser mon argent ? , je demande, déçue.

Il roule des yeux.

— Tu n'as qu'à faire un don, ou...

— Oui c'est parfait ! Allons y.

Je sors de la chambre, mes cheveux décoiffés tombant  tels une crinière le long de mon dos en boucles brunes.

— Tu ne pense pas que je devrais me faire couper les cheveux, questionné-je, en enroulant mes longues mèches entres mes doigts.

Only Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant