Fille du Ciel [FDS tome 3]

I - Chapitre 6

Jeremy

La traditionnelle voix de la Méridionale nous réveilla à 6 h avec un extrait de chant corse et une voix masculine nous annonçant que l'arrivée à quai était prévue pour dans une heure et que le bar du bateau offrait une formule petit-déjeuner. Pour ma part, j'étais réveillé depuis le levé du soleil et m'efforçai de bouger le moins possible pour ne pas réveiller Savannah qui semblait dormir à poings fermés. Cependant, dès que cette dernière avait entendu les crépitements de la radio, elle s'était empressée d'écraser son oreiller sur sa tête pour se protéger du bruit. Je ris silencieusement devant cette scène, puis sortit du lit pour aller me préparer.

En ressortant de la salle de bain quinze minutes plus tard, en ayant pris mon temps, je m'attendais à trouver Savannah réveillée et attendant son tour pour aller à la salle de bain avec impatience. Il n'en fût rien. Elle était toujours plongée sous la couverture et ne semblait pas avoir la moindre intention d'en sortir. Je m'approchai de son côté du lit et chuchotai :

- Savannah ! Savannah, il faut te lever !

Celle-ci ne bougea pas d'un millimètre et je me demandai si elle m'avait au moins entendu. Je lui tapotai donc légèrement l'épaule afin d'attirer son attention. Je n'eus droit qu'à un grognement de sa part et je me retrouvai de nouveau à sourire bêtement malgré moi.

- Allez, Savannah. Debout, déclarai-je le plus fermement possible.

Elle commença alors à gigoter mais ne sortit pas pour autant la tête de sous l'oreiller. J'hésitai à le lui arracher des mains, mais ça l'aurait probablement mise de mauvaise humeur avant même que la journée ne commençât.

- Le paquebot est en train de couler comme le Titanic. Si on ne s'enfuit pas tout de suite avec un bateau de sauvetage on risque de mourir gelés dans la Méditerranée.

J'avais vraiment peu d'espoir que cette tentative fonctionnât, d'autant plus que personne n'était jamais mort gelé dans une eau à 18°, mais Savannah se redressa soudainement dans le lit. Ses cheveux bouclés étaient complètement en bataille, la peau de ses joues étaient marquées des plis des draps et son regard me lançait des éclairs.

- À quel point est-ce que tu crois que je suis bête ? grogna-t-elle, la mâchoire serrée.

Avant même que je pusse lui fournir la moindre réponse, elle m'envoya brusquement son oreiller à la figure, puis bondit hors du lit et alla s'enfermer dans la salle de bain. Je n'étais pas certain de savoir si je devais être amusé ou prendre sa colère au sérieux, mais dans tous les cas, elle était enfin debout.

Une demi-heure plus tard, elle ressortit de la salle de bain parfaitement réveillée, habillée et coiffée. Son humeur semblait également s'être adoucie et je crus même percevoir une pointe d'excitation. Je pris soin de ne pas lui dire qu'elle allait encore devoir attendre quelques heures avant de pouvoir enfin découvrir où nous étions. C'était peut-être un peu cruel de ma part, mais une fois arrivés à destination, j'aurais besoin d'un peu de temps pour éclaircir la situation auprès de nos hôtes et pour ça, je ne pouvais pas avoir Savannah dans les pattes.

Nous ne tardâmes pas à descendre du paquebot et je repérai rapidement la voiture de location que j'avais par avance commandée nous attendre un peu plus loin sur le port. Savannah, dont j'avais de nouveau bandé les yeux, me suivit sans poser de question quand bien même elle en mourait d'envie sans aucun doute. Je signai rapidement les papiers de formalités auprès de l'agent qui avait été chargé de nous amener la voiture et il me remit les clefs presque aussitôt.