II - Chapitre 39

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Savannah

 
Après avoir effacer la moindre trace de notre passage dans la maison, nous nous remîmes en route alors qu’il faisait encore nuit noire. Nous ne pouvions plus compter sur la foule pour passer inaperçus, alors nous étions encore davantage prudents et empruntâmes les chemins les plus sombres et discrets. Notre précédent repos nous permit de maintenir un rythme rapide et nous atteignîmes ainsi le petit bois qui ne nous séparait plus de la Catwaba River que de quelques kilomètres. Un hélicoptère devait déjà nous attendre sur la rive, dont je tenais au fur et à mesure au courant le pilote de notre avancée.

Après tout le chemin que nous avions déjà fait, quelques kilomètres ne paraissaient plus grand-chose et on aurait presque pu considérer que nous étions déjà tirés d’affaire et que dans quelques heures nous serions en sécurité à Washington. Toutefois, beaucoup de choses pouvaient arriver sur quelques kilomètres. Nous ne devions avoir fait que la moitié du chemin lorsque Charlie s’arrêta brusquement, aux aguets. Mes propres sens en alerte, je tendis l’oreille et allongeai ma vision à la recherche du moindre signe d’une autre présence, mais je n’entendis ni ne vis rien.

– Qu’y a-t-il ? demandai-je donc.

Ses sourcils étaient froncés et les traits de son visage tirés par le sérieux.

– On n’est pas seuls, ne tarda-t-il pas à répondre. C’est trop lointain pour que tu puisses entendre, mais pour moi c’est de plus en plus net.

– Est-ce que ça pourrait être quelqu’un qui promène son chien ou qui fait son jogging ? s’enquit Lizzy avec un espoir que j’aurais aimé partager.

Bien sûr, Charlie secoua négativement la tête.

– Beaucoup trop de bruits de pas.

– On ne devrait pas s’arrêter dans ce cas, fis-je en les pressant de se remettre en marche. De quel côté viennent-ils ?

Notre ami Lune ferma les yeux pour se concentrer, tout en continuant de marcher cette fois-ci, et je vis Lizzy tendre l’oreille également quand même bien elle n’avait pas encore un contrôle de ses sens aussi aigu que celui de Charlie.

– Ils nous encerclent par derrière.

Je fus surprise qu’ils ne nous barrassent pas déjà la route, mais ce n’était pas gagner pour autant.

– On court ? fit Lizzy.

– Ils risquent de nous tomber dessus encore plus vite, répondit Charlie avec la mâchoire serrée.

– Alors on attaque les premiers, répliquai-je avec détermination.

– Comment ?

– Je peux leur lancer un petit feu de bienvenu.

Cette idée parut leur plaire.

– Peux-tu faire en sorte qu’ils ne le voient qu’à la dernière minute ? demande tout de même Charlie.

Je hochai vivement la tête.

– Je vais faire de mon mieux.

Sur un périmètre de quelques mètres, je démarrai plusieurs petits feux qui n’émettraient aucune fumée pendant un temps mais dont l’intensité ne tarderait pas à grimper en flèche.

– Maintenant on peut courir, soufflai-je ensuite.

Quelques minutes plus tard, des cris nous informèrent qu’ils étaient tombés sur le feu et qu’ils étaient à nos trousses plus que jamais. Sans nous retourner une seule fois, nous continuâmes notre course vers l’hélicoptère. J’activai alors mon oreillette.

Fille du Ciel [FDS tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant