Savannah
L'avion me déposa au plus près possible de chez Lizzy et je finis le reste du chemin à pieds. J'étais incapable de me souvenir la dernière fois que je m'étais simplement promenée dans la nature, sans avoir à courir pour entretenir mon endurance ou sauver ma peau. J'avais également oublié l'odeur qu'avait l'air frais matinal non pollué. J'avais l'impression que mes sens étaient décuplés, encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Je pouvais sentir l'air et le parfum des fleurs, je pouvais toucher l'écorce, les feuilles et les pétales comme s'ils étaient une extension de ma peau, je pouvais entendre chaque brindille, chaque souffle de vent sur les branches, chaque chant d'oiseau et je pouvais voir absolument toutes les lueurs que prenaient le ciel à l'aurore.Je n'avais jamais été très campagne. J'avais grandi en ville, passée six ans dans un pensionnat, puis j'avais retrouvé la ville depuis un an. Ainsi, chaque week-end que je passais dans la douce campagne de Caroline du Sud était une vraie merveille en me rendait envieuse de Lizzy. Aucune de nous n'aurait un jour pu imaginer que nous passerions une telle année. Moi, de retour chez mes parents, et elle, à la tête d'un petite ferme avec Charlie. C'était d'ailleurs son idée de se réfugier ici. La ferme était plus ou moins en autarcie et personne ne les soupçonneraient jamais d'être autre chose qu'un jeune couple.
En toute honnêteté, lors de ma première visite, peu après que j'eus retrouvé difficilement leur trace, j'avais parié que Lizzy ne tiendrait pas plus d'un mois. Elle était peut-être une nouvelle Lune, mais elle avait toujours vécu comme une princesse. J'étais incapable de l'imaginer se lever à l'aube pour nourrir les chevaux et le poulailler, d'aller travailler le potager et les champs à la seule force de ses mains, de s'occuper de la cuisine, la vaisselle, le ménage, puis d'aller se coucher, complètement épuisée, et de recommencer le lendemain. Charlie l'aidait bien sûr beaucoup, mais il avait une tâche quelque peu différente : la chasse. Vous pouvez imaginer ma surprise lorsque j'avais constaté qu'au bout d'un mois, elle n'avait aucune intention de partir, et qu'au bout de deux, elle trouvait un réel plaisir dans cette nouvelle vie.
Elle en aimait la simplicité, la pureté, les coucher de soleil à dos de cheval, les journées de pluies bien au chaud près de la cheminée et surtout, elle aimait Charlie. Je m'étais longtemps demandé où leur connexion mystérieuse les mènerait réellement. Jusqu'à la transformation de Lizzy, ils ne s'étaient pas parler plus d'une heure au total, ils étaient de parfaits inconnus. Et pourtant, d'une manière ou d'une autre, ils se connaissaient déjà, comme deux vieilles âmes qui siècle après siècle retrouvaient leur chemin l'une vers l'autre. C'était aussi intense que c'était inexplicable. À l'époque, j'avais moi-même pu le sentir à travers le corps de Lizzy.
Malgré cela, j'avais eu des doutes concernant leur cohabitation. Charlie avait gagné ma confiance en tant que Lune, mais en tant que l'homme qui vivait chaque jour avec ma meilleure amie, ma moitié, c'était autre chose. Je savais pourtant qu'il serait bon avec elle et qu'il l'aiderait à s'adapter en douceur à sa nouvelle nature. Ce que je craignais, c'était qu'elle se sentît redevable parce qu'il était celui qui lui avait sauver la vie, celui qui avait échangé son sang avec elle. Quelle qu'était la trace que cela pouvait laisser, cela ne devait pas l'obliger à vivre avec lui par reconnaissance.
Bien sûr, Lizzy avait rapidement fait disparaître mes craintes. À chaque jour qui passait, elle tombait un petit plus amoureuse de lui. Elle rayonnait comme jamais elle ne l'avait fait auparavant à la seconde où Charlie entrait dans la pièce. Il la faisait rire, rougir et pleurer de joie sans le moindre effort. Elle était sincèrement heureuse avec lui. Le concernant, j'étais persuadé qu'il n'en ressentait pas moins. Ses émotions étaient plus discrètes, mais elles étaient bien là. Quand Lizzy souriait, il souriait, quand elle retenait son souffle, il retenait le sien, quand elle avait mal, il avait encore plus mal. Grâce à elle, il retrouvait toute son humanité, et grâce à lui, elle retrouvait toute sa joie de vivre.
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Fille du Ciel [FDS tome 3]
ParanormalSavannah Teresa Hamilton, dossier n°1617, a été expulsée du pensionnat de Minneapolis un mois avant ses 18 ans et est devenue une fugitive activement recherchée risquant la peine de mort pour trahison. Son seul vrai crime ? Avoir ouvert ses bras à u...