II - Chapitre 32

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Jeremy


Lorsque le 4x4 percuta la moto de Savannah, j’eus l’impression de voir son corps projeté au loin comme au ralenti alors que ma propre voiture allait à toute vitesse. Un instant, j’eus peur que son agresseur s’arrêtât et sortît pour terminer ce qu’il avait commencé, mais le 4x4 redémarra de plus de belle, sans même se rendre compte de ma présence à deux centaines de mètres. Cet enfoiré avait simplement l’intention de la laisser pour morte.

Je freinais brusquement en arrivant à la hauteur de l’accident et me précipitai hors de ma voiture. Je tombai d’abord sur la moto qui s’était écrasée contre un tronc d’arbre et dont des étincelles jaillissaient. Je la couvris d’une couche de glace avant qu’elle ne pût mettre feu à toute la forêt. Je cherchai ensuite du regard le corps de Savannah et l’aperçus une dizaine de mètres plus loin, immobile. En arrivant au-dessus d’elle, je constatai que la visière de son casque s’était brisée et qu’elle était encore consciente. Toutefois, un voile recouvrait ses yeux et ses paupières ne tardèrent pas à retomber lourdement.

– Anna…

Je compris ensuite que sa respiration était difficile alors j’entrepris d’ouvrir sa veste. Son gilet par balle était pressé contre elle et je devinai que certaines des plaques faisait pression sur ses côtes au point d’oppresser ses poumons. Je voulus immédiatement l’aider mais je savais aussi que je risquais de la blesser encore plus en bougeant quoique ce fût. Je n’osai imaginer le nombre d’os brisés et déboîtés qu’elle avait, mais une chose était certaine, elle ne pourrait pas guérir seule.

J’entrepris alors de la soulever par psychokinésie pour n’exercer aucune pression et la déposai directement dans le coffre de ma voiture. Par chance, l’hôtel dans lequel je restais n’était pas très loin, une fois que nous sortions du bois. Je fis néanmoins un détour pour pouvoir m’arrêter à la pharmacie d’un centre commercial et acheter de quoi lui donner des premiers soins. Je conduisis ensuite jusqu’à l’hôtel et m’assurai bien que personne n’était réveillé pour voir que j’amenais en apparence un corps mort dans ma chambre.

Je l’allongeai le plus délicatement possible sur le lit et commençai à la débarrasser de ses armes, de son gilet et de ses vêtements. Durant les années que j’avais passé sur le terrain avec l’armée, j’en avais vu des blessures, des os brisés, même des membres arrachés, mais découvrir ainsi le corps de Savannah me retournait l’estomac. C’était à se demander s’il lui restait ne serait-ce qu’une partie du corps intacte. Je pris néanmoins sur moi et fis appel à tout le savoir médical qui était en ma possession pour stopper toute hémorragie, remboîter ses os et panser ses plaies.

Une fois que j’eusse terminé, j’osai pouvoir compter sur ses pouvoirs de guérison pour aller jusqu’au bout mais encore fallait-il qu’elle pût les activer, autrement cela prendrait au moins une semaine. Alors à contre cœur, je gelai ma peau et touchai délicatement la sienne jusqu’à provoquer une réaction instinctive. Après quelques minutes, son corps s’embrasa, d’abord faiblement, puis avec de plus en plus de force au fur et à mesure qu’elle guérissait.

Deux jour s’écoulèrent ainsi avant qu’elle ne pût rouvrir les paupières. La lumière était chaude et tamisée dans la pièce. J’étais assis sur une chaise non loin du lit, mon ordinateur sur les genoux. Savannah était allongée sur le lit et de faibles mouvements de tête me firent comprendre qu’elle était en train de reprendre connaissance. Il lui fallut de longues secondes pour se réhabituer à la lumière et elle ne remarqua pas encore ma présence. Un air inquiet sur le visage, elle redressa faiblement la nuque pour évaluer l’état de son corps avant de la laisser retomber contre l’oreiller en soupirant de soulagement.

Fille du Ciel [FDS tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant