Fille du Ciel [FDS tome 3]

I - Chapitre 7

Savannah

Je me réveillai avec une douleur lancinante dans la nuque. Le souffle court, je me redressai en grimaçant et massai ma nuque tout en analysant le lieu où je me trouvais. Je ne connaissais pas cette pièce. Il s'agissait d'une chambre. Un grand lit trônait au milieu de la pièce. Contre les murs se trouvaient d'un côté une armoire et d'un autre une commode. Le quatrième mur était en fait une immense baie vitrée offrant une vue étonnante sur un bout de jardin et au loin, de nombreuses montagnes.

Je tentai de nouveau de me remémorer l'endroit où Jeremy m'avait conduite jusqu'à ce que je me souvinsse : il avait insisté pour me cacher la destination qu'il avait choisie et m'avait fait un point de pression avant que je ne pusse le découvrir moi-même. Je bondis hors du lit, fis coulisser la porte de la baie vitrée et sortis sur le petit balcon en bois. La chambre dans laquelle je me trouvai devait bien être au deuxième étage d'une grande maison, en apparence, au milieu de nulle part.

Un frisson glacé me parcourut alors le dos. Il m'avait encore eue. Il s'était encore fiché de moi et j'étais encore tombée de le piège. Je n'en revenais pas. Comment avais-je pu être si stupide ? Ce n'était que du charabia. Tous ses beaux discours n'étaient rien de plus que des paroles en l'air ! Je savais pourtant que je ne pouvais pas lui faire confiance. Pendant quelques heures, j'avais laissé la voix d'Alec me persuader que Jeremy souhaitait sincèrement m'aider pour se racheter, mais bien sûr rien n'était sincère chez lui. Il n'avait jamais changé de camps. À la première occasion qui s'était présentée, il m'avait livrée à mon père comme ils l'avaient convenu un an plutôt.

Je laissai donc la rage bouillir en moi jusqu'à n'avoir plus qu'une idée en tête : m'échapper. La douleur avait complètement quitter de mon corps et j'étais prête à tout pour ne pas les laisser gagner. Je me précipitai vers la table de chevet à la recherche du moindre indice capable de me renseigner sur la localisation de cette petite villa. Dans mes souvenirs, ma famille en possédait trois, mais aucune n'était construite au milieu des montagnes. Seulement en 6 ans, beaucoup de choses pouvaient changer. Je ne trouvai malheureusement que des livres de littérature, des chewing-gums et un paquet de mouchoir.

Je remarquai alors une poignée à côté d'une grande glace fixée au mur. Il s'agissait d'une porte. Me doutant qu'elle donnait sur une salle de bain, j'y entrai sans trop de précaution et constatai que j'avais raison. De nouveau, une petite fenêtre donnait sur les montagnes. Une grande baignoire occupait le coin de la pièce, en face de laquelle se trouvait un lavabo et un meuble de rangement surplombés d'un miroir. Je fouillai à travers les tiroirs mais ne trouvai rien qui aurait pu me servir d'arme. Je ne me décourageai pas. J'allai dévisser la pomme de douche et l'envoyai contre le miroir. Il se brisa en morceaux tranchants. J'en enveloppai un à la pointe aiguisée dans un torchon, puis le cachai dans ma veste. Le moment venu, ce petit bijou me serait probablement très utile.

J'entendis alors des pas se rapprocher de la chambre. Je me redressai rapidement et allai me coller contre le mur, derrière la porte qui s'ouvrirait d'un instant à l'autre. En effet, elle ne tarda pas à s'ouvrir et je pus apercevoir les coins d'un plateau. Je n'attendis pas une seconde et l'envoyai à la figure de son porteur avec ma psychokinésie. Je profitai de sa surprise et du fait que sa vue était brouillé pour lui donner un coup de pied dans l'abdomen qui le fit reculer dans le couloir jusqu'à heurter le mur. Je le dépassai et commençai à dévaler les escaliers à toute vitesse.

Je fus surprise que personne ne vint à ma rencontre pour me stopper dans ma course, mais je n'allais pas m'en plaindre. Ainsi, j'arrivais enfin au rez-de-chaussée lorsqu'une paire de jambes surgit devant mes yeux. Je reculai brusquement et perdis l'équilibre en butant contre une marche. Le haut du corps d'une jeune fille finit par suivre ses jambes. Nous nous dévisageâmes mutuellement, abasourdies. Qu'est-ce qu'une enfant faisait chez mon père ? Elle avait des cheveux blonds et lisses et de grands yeux gris clairs. J'ignorais comment, mais d'une manière ou d'une autre, elle me paraissait familière.