Savannah
Complètement épuisée, je retirai mes talons hauts à la seconde où la porte se referma derrière les derniers invités. Je n'eus dès lors qu'une seule envie : aller dans ma chambre et manger devant un bon film. Seulement avant cela, je dus régler toutes sortes de détails avec les employés concernant les installations et la livraison des achats de la vente du jour. Cela avait beau faire plusieurs mois que ce genre d'événement faisait partie de mon quotidien, ça ne devenait jamais pour autant une habitude.Je m'apprêtais enfin à rejoindre ma chambre lorsque l'on m'informa que mon père souhaitait me voir dans son bureau. Cela ne m'aurait pas autant embêté si son bureau n'avait pas été si loin, mais c'était l'inconvénient de faire partie d'une famille ridiculement riche : peu importait le contexte, les proportions étaient toujours démesurées. Je m'y rendis donc le plus rapidement possible malgré mes pieds endoloris. On ne nous apprenait pas à marcher une journée avec des instruments de tortures aux pieds à Minneapolis.
Je toquai à la porte métallique du bureau de mon père et une voix me permit bientôt d'entrer. Il était assis derrière son bureau, sa cravate défaite et un verre de whisky à la main. Il semblait tout aussi fatigué que moi.
– Tu t'es bien débrouillée, aujourd'hui, me complimenta-t-il en levant son verre. Ils se sont tous montrer très généreux.
J'étais difficilement touchée par leur générosité. Ils le faisaient parce que untel le faisait, parce qu'il fallait rappeler aux autres qui étaient les plus riches et parce que ça ne ferait pas de mal à leur conscience. Très peu d'entre eux avaient réellement penser aux enfants qui pourraient aller à l'école grâce à leur argent.
– Combien ? demandai-je donc sérieusement.
Mon père haussa les épaules avec un air incertain et presque ennuyé.
– Un demi-milliard, dans ces eaux-là.
S'il y avait une chose dont je ne me lassais jamais, c'était bien d'entendre ce genre de chiffre.
– Je ne pensais pas qu'ils se battraient autant pour ce qu'on avait à offrir, avouai-je avec étonnement.
– Lorsque c'est offert avec un joli sourire, ça plaît beaucoup.
Je levai les yeux au ciel tandis que mon père se levait.
– Mais tu es plus que ça.
– Merci, rétorquai-je avec ironie en croisant les bras.
Il but une gorgée avant de désigner les contrats posés sur son bureau d'un signe de tête.
– Thompson va investir.
Je retrouvai immédiatement le sourire.
– Voilà une bonne nouvelle !
Mon père grimaça.
– Il nous reste encore beaucoup à faire. Mais pour aujourd'hui, ça suffira. Va te reposer.
– À demain.
Cela faisait maintenant presque un an que j'habitais sous le même toit que mon père et quand bien même notre relation avait beaucoup évolué en ce laps de temps, nous étions encore loin des « Papa », « mon coeur » et « Bonne nuit ». Je voyais cela comme une bonne chose. Nous étions davantage associés que père et fille.
Lorsque je regagnai enfin ma chambre, j'y trouvai Maria en train de disposer notre dîner sur la table basse faisant face à la télévision. Elle savait toujours exactement de quoi j'avais besoin. Je me changeai donc, pris une douche rapide, puis me glissai à ses côtés sur le canapé, sous un plaid. Un magnifique plateau de sushis et de makis était posé devant moi et Maria ne tarda pas à lancer le film. Une chose était certaine, la fatigue n'effaçait pas la faim. En revanche, je ne parvins pas à me vider l'esprit de toutes les pensées sombres qui l'occupaient.
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Fille du Ciel [FDS tome 3]
ParanormalSavannah Teresa Hamilton, dossier n°1617, a été expulsée du pensionnat de Minneapolis un mois avant ses 18 ans et est devenue une fugitive activement recherchée risquant la peine de mort pour trahison. Son seul vrai crime ? Avoir ouvert ses bras à u...