Fille du Ciel [FDS tome 3]

II - Chapitre 3

Jeremy

Pas plus tard que quelques heures après mon arrivée à Washington D.C., je fus conduit à la Maison Blanche où siégeait le Conseil. Je n'en rencontrai aucun membre en personne mais je fus accueillis par le député qui avait contacté le Général Rogers. Il me réexpliqua pour quelle raison j'avais été appelé ici. Plusieurs familles du Conseil avait reçu des menaces et elles craignaient non seulement pour leur vie mais pour le gouvernement même. Le nouveau système politique mis en place aux États-Unis déplaisaient à beaucoup et sa légitimité avait été remise en question à plusieurs reprises. C'était l'occasion parfaite pour des dissidents de passer à l'action pour l'anéantir et instaurer un autre système, probablement pas plus juste.

Maintenant quel était vraiment mon rôle dans cette histoire ? Le Conseil avait requis mes services pour déterminer d'où venait précisément la menace. Mon travail était d'identifier les alliances politiques ou financières capables de porter préjudice au Conseil, les activités pouvant paraître suspectes, les intentions de leurs auteurs, et entre autre, de recueillir le plus d'informations possibles sur leur plan et la manière dont il allait se dérouler. J'étais censée rapporter ces informations à un autre Soleil engagé par le Conseil, Scott, et chargé de mener des enquêtes approfondies pour éventuellement passer à l'action avec une équipe de Soleils. Je ne devais donc rien entreprendre moi-même, seulement tout le monde savait qu'en pratique, les choses se passaient rarement comme prévu.

Pour accomplir ma tâche, je devais me faire engagé par Brian Thompson, le propriétaire immensément riche d'une entreprise croissante dans le secteur de l'énergie. Il était plus ou moins haut classé dans la liste de suspects du Conseil, mais surtout, il était au cœur de toutes intrigues de pouvoir. Il ne s'était encore allié à aucune autre entreprise ou famille puissante alors son attention était très recherchée. Le poids qu'il pèserait d'un côté ou de l'autre de la balance pouvait s'avérer dévastateur pour le gouvernement actuel. Il fallait absolument que nous eûmes plusieurs coups d'avance sur lui avant qu'il ne fût trop tard. J'avais donc un entretien avec lui dès le lendemain.

J'avais encore du mal à croire que je m'étais réellement laissé embarquer dans cette histoire et que je me retrouverais très vite au cœur du danger, mais je ne pouvais plus faire marche arrière. J'étais déterminé à faire une différence et à tenir ma promesse, peu importe à quel point ce serait dur. Ainsi lorsque je me présentai pour mon entretien, j'étais confiant. M. Thompson possédait une villa absolument extravagante aux jardins aussi somptueux qu'immenses. Il m'avait littéralement fallu 5 minutes pour traverser l'allée qui menait jusqu'à l'entrée de sa maison en voiture, après avoir passé un contrôle de sécurité assez poussé au premier portail. Un voiturier récupéra mes clés pour aller garer ma voiture plus loin et un...oui, un valet me conduisit à l'intérieur.

Je restai abasourdi un instant devant le luxe du hall d'entrée. De somptueux escaliers en marbre s'élevaient de chaque côté, sublimant un gigantesque lustre suspendant au plafond. Tout était si brillant que c'en était presque éblouissant. Je ne pus m'empêcher de penser à quel point il était ridicule que seules quelques personnes habitassent ici alors qu'un seul tiers de ce domaine aurait pu loger des dizaines de familles. Cela me paraissait tellement absurde que l'on pût être si riche tandis que d'autres étaient si pauvres qu'ils en perdaient la vie.

– Soleil Scandola ? m'interpella le jeune valet en voyant que j'étais loin derrière.

Je m'empressai de le rejoindre et le suivis à travers d'autres pièces tout aussi grandes et magnifiques.

– Veuillez attendre ici, je vous prie.

Nous nous étions arrêtés devant deux portes en bois et je devinai que le bureau de M. Thompson se trouvait de l'autre côté. Le valet entra pour annoncer ma présence, puis m'ouvrit les portes. Je reconnus en effet le bureau classique d'un homme d'affaire, avec des piles de dossiers, de grandes bibliothèques contre les murs et un service à whisky sur la table basse en verre. M. Thompson, un homme de la cinquantaine aux cheveux déjà gris et aux joues rondes, était assis sur un des canapés en cuir de chaque côté de la table basse. Il portait un élégant costume bleu marine et des chaussures parfaitement vernies. Son attention semblait prise par la lecture d'un dossier qu'il avait entre les mains, ainsi il lui fallut plusieurs longues secondes avant de lever les yeux vers moi.