Fille du Ciel [FDS tome 3]

II - Chapitre 44

Savannah

Victor rougissait encore de nous avoir raconté son histoire avec Trevor que la porte de la cuisine s’entrouvrit alors, presque avec hésitation. Nous retînmes chacun nos souffles, dans l’attente de découvrir de qui il s’agissait. Finalement, le doux visage de Lizzy apparût dans l’embrasure de la porte. Je soupirai de soulagement et ma meilleure amie en fit autant, avant d’ouvrir complètement la porte et de laisser apercevoir François derrière elle.

– Mais qu’est-ce que vous faites là ? demanda-t-elle, à la fois avec perplexité et amusement.

– Et vous ? répliqua alors Sophia avec un air de défi.

– Je me suis réveillé et vous aviez tous les deux disparus, expliqua François en regardant les jumeaux.

– Pareil, fit Lizzy avec un regard réprobateur à mon égard. Ce n’est pas cool de nous inquiéter comme ça.

Simultanément et sans concertation, Sophia et moi adressâmes une moue désolée aux nouveaux arrivants.

– Pardon…

– Mais vous pouvez nous rejoindre pour un petit-déjeuner anticipé ! ajoutai-je de nouveau tout sourire.

Lizzy leva les yeux au ciel avant de venir s’asseoir à mes côtés et François en fit autant auprès de Sophia.

– De quoi parliez-vous ? demanda ma meilleure amie.

– De Victor et de sa torride histoire d’amour avec Trevor, répliquai-je malicieusement.

Mon frère pencha la tête sur le côté avec un regard sévère.

– T’en rates jamais une, hein ?

Je haussai les épaules avec un air innocent.

– Mais Victor n’est pas le seul a en avoir une, intervint alors Nora avec un regard lourd de sens à l’intention de Lizzy. Comment est-ce que ça va se passer pour vous maintenant ?

Ma meilleure amie couvrit son visage de ses mains par timidité un instant, avant de sourire, les pommettes rosées.

– Oh je ne sais pas, je ne sais pas… On n’y a pas encore vraiment réfléchi.

– Ce serait la première fois que les États-Unis aurait un Premier Homme et pas une Première Dame, observa Victor. Est-ce que c’est comme ça qu’on dirait même ?

Je sentis Lizzy se raidirent de plus en plus à mes côtés.

– Vous avez encore un peu de temps pour y réfléchir, la rassurai-je tendrement. C’est un gros engagement et Présidente ou non, tu as droit à ta vie privée. D’autant plus qu’à ton âge, on ne s’attendra pas à ce que tu te maries immédiatement, tu dois d’abord montrer ce dont tu es capable toute seule. Qu’on le veuille ou non, la politique fait partie de ta vie maintenant et il faudra le prendre en compte si vous annoncez un jour quelque chose d’officiel.

L’expression sur le visage de ma meilleure amie sous-entendait que je ne l’avais pas rassurée tant que ça.

– Bien sûr, tu ne seras jamais vraiment seule, hein ? Je voulais dire symboliquement, sans un homme à ton bras.

Elle hocha doucement la tête.

– Pauvre Charlie… Dans quel genre de vie il s’embarquerait en restant avec moi ?

– Sûrement pas la plus simple, répondit Nora avec honnêteté, mais certainement la plus vraie. N’oublie pas qu’en fin de compte, c’est aussi son choix.