Fille du Ciel [FDS tome 3]

I - Chapitre 16

Savannah

- Tu es sûre que ça ira ? me demanda Raphaël alors que je rangeais mon sac de voyage dans la soute du bus.

Je me redressai et le dévisageai, les mains sur les hanches.

- Raphaël Scandola, serais-tu en train de t'inquiéter pour moi ?

Ce dernier leva les yeux au ciel et secoua la tête avec une fausse pointe de mépris.

- Pfff dans tes rêves ouais, je pense plutôt à l'héritière à laquelle tu es liée. Si tu meurs elle meurt, non ?

Je perdis mon sourire moqueur en pensant à Lizzy. Si elle l'avait pu, elle aurait probablement tout fait pour me dissuader de quitter Jeremy dans un moment aussi crucial et sans avoir à l'esprit un seul instant que cela mettait sa propre vie en danger, mais uniquement par inquiétude pour moi. Du moins c'était ce que la Lizzy que je croyais connaître aurait fait. Mais cette incertitude renforçait encore davantage mon envie de partir de ce trou pour l'aider, car la noirceur que j'avais récemment découvert chez elle m'effrayait sincèrement et si elle n'apprenait pas à bien l'utiliser, elle ne serait qu'une cible encore plus facile à atteindre pour ses ennemis.

- Je ne vais pas mourir, répondis-je simplement à Raphaël avec mon assurance habituelle.

Il me fixa quelques secondes, comme pour voir à travers moi.

- Comment s'est arrivé au juste ? Ce lien que vous avez, me fit-il alors.

Mon bus allait partir dans moins de deux minutes, alors je n'avais ni le temps ni l'envie de m'éterniser sur les détails.

- Je lui ai donné ma vie.

Mon interlocuteur resta interdit un instant, puis baissa les yeux vers ses pieds, presque embarrassé, avant de me regarder à nouveau.

- Et pendant tout ce temps tu nous as fait croire que tu n'étais qu'une garce égoïste.

Je ne pus m'empêcher de ricaner.

- Vous le pensiez déjà au fond de vous, je n'ai juste pas pris la peine de vous détromper.

Nous restâmes ensuite silencieux un instant, inspirant à plein poumon l'air matinal.

- Bon allez, reprit finalement Raphaël, il faut que tu y ailles. Et n'oublie pas, il y aura un changement à Scupetto pour ceux qui vont à Bonifacio, mais toi tu ne le fais pas, tu restes de ce bus.

- Ça ressemble à quoi ? C'est un village comme ici ?

- Non pas du tout, c'est quelques pauvres buissons et une bande de 20 mètre de terre sur le côté de la route, tu reconnaîtras facilement.

- D'accord.

Sans qu'il ne s'y attendit, je le pris brièvement dans mes bras et murmurai un remerciement pour son aide. Je m'éloignai ensuite.

- Ah oui et j'allais oublier...

Comme convenu, je lui balançai un crochet dans la figure. Surpris, il encaissa le coup assez difficilement, mais il ne tarda pas à se redresser en massant sa mâchoire. Je distinguai une petite entaille sur sa pommette.