Fille du Ciel [FDS tome 3]

I - Chapitre 9

Savannah

Quelques heures plus tard, nous étions de retour à la maison des Scandola. Personne n'avait remarqué mon étrange discussion avec Raphaël à la plage, ou du moins personne n'avait posé de question ni fait la moindre remarque à ce sujet. La famille de mon ancien mentor ignorait tout de notre plan et cela devait rester comme ça jusqu'à son exécution, si tout se passait correctement, une semaine plus tard.

Je partis rapidement prendre le bain dont je rêvais depuis un moment maintenant. Je ne sentis bientôt plus le sel marin sur ma peau et me fermait les yeux, laissant mon esprit vagabonder. Je savais que dès que j'en sortirais, je devrais cesser d'agir comme si j'étais en vacances et commencer à me mettre sérieusement au travail. Je n'allais pas pouvoir quitter la Corse si facilement que ça, mais je comptais bien sur le petit frère du traître pour m'aider à y parvenir. C'était le minimum puisqu'il me chassait de cet endroit de rêve, quand bien même je ne souhaitais pas vraiment y rester moi-même.

Alors que ma peau savourait paisiblement l'eau chaude de mon bain, j'entendis un vrai remue-ménage se tramer dans la chambre. Ne me sentant plus vraiment rassuré et ayant peur que quelqu'un déboulât dans la salle de bain à tout instant, je mis fin à ce petit moment de détente et me rhabillais en vitesse, c'est-à-dire, j'enfilai la seule paire de jogging que j'avais emportée et un simple T-shirt gris que me prêtait Marina.

Lorsque je sortis de la pièce, un courant d'air vint me fouetter le visage et dissiper la buée qui s'était accumulée à l'intérieur. La baie vitrée était grande ouverte. Je tournai ensuite la tête et découvris mon ancien mentor en train de pousser un petit lit contre le mur de l'autre côté de la chambre. Je réalisai pour la première fois que nous allions devoir partager la même chambre. Pendant une semaine. Génial.

Je m'apprêtai à déclarer haut et fort que le grand lit était pour moi – cela me paraissait naturel, si j'étais forcée de rester ici je pouvais au moins avoir le meilleur lit – quand je remarquai la lucarne qui se trouvait juste au-dessus du petit lit. J'étais complètement passée à côté lors que mon inspection matinale. Je réalisai rapidement ce que cela signifiait. Je courus jusqu'au petit lit et m'étalai dessus sans gêne.

- Celui-là c'est le mien ! déclarai-je fermement en lançant un regard sévère à Jeremy.

Ce dernier avait eu un mouvement de recul en me voyant débouler ainsi et me dévisageai, abasourdi. Il était évident qu'il ne comprenait pas ce choix.

- Euh...tu es sûr ? Je comptais te laisser le grand lit, il est bien plus confortable.

- Non ! C'est lui que je veux ! insistai-je avec détermination.

Il sembla toujours un peu perdu et sceptique mais finit par hocher lentement la tête.

- OK... Comme tu voudras.

Il n'allait pas se plaindre, non plus ! Je le lui laissai le plus confortable !

- On mange dans 5 minutes, ajouta-t-il ensuite.

Je ne tardai pas à me remettre sur pied et descendis les étages qui me séparaient du salon et de la salle à manger. Marina était installée sur le canapé, toujours deux coussins calés dans son dos et son ordinateur sur les genoux et Stella zappait les chaînes télévisées avec ennui. Raphaël ne semblait pas être dans le coin.

Dès que la petit demi-sœur de mon ancien mentor remarqua ma présence, elle éteignit la télé et bondit sur ses pieds.

- Savannah, te voilà ! Maman se demandait si tu voulais du Coca normal ou zéro.

Je levai un sourcil, perplexe.

- Zéro ?

Je n'avais jamais entendu parler de ça au États-Unis.