Fille du Ciel [FDS tome 3]

II - Chapitre 25

Jeremy

Le surlendemain mon enquête sur Savannah et du coup de fil de ma mère, j’avais repris mon service avec tout le professionnalisme dont j’étais capable. Je laissais toujours une oreille attentive traîner par-ci par-là dans l’espoir de surprendre de nouveau une conversation importante, toutefois les secrets de mon employeur devaient être particulièrement bien cachés.

Lors de ma pause déjeuner, je rejoignis la salle de surveillance qui nous était attribuée. Habituellement, les changements de service se faisaient calmement, mais j’eus la surprise de trouver mes collègues en train de trinquer avec leur cannettes de soda et de lancer des exclamations de joie.

– Qu’est-ce qui se passe ici ? demandai-je avec étonnement.

– On va enfin sortir de Washington ! répondit l’un d’eux avec beaucoup d’enthousiasme, avant de quitter la salle pour entamer son service.

Un sourcil haussé, je me tournai vers les autres pour plus détails.

– Thompson a décidé d’aller à Saint-Pétersbourg pour l’ouverture des Jeux Olympiques d’Hiver, m’expliqua-t-on enfin.

Je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux à la fois avec surprise et excitation.

– Vraiment ? C’est incroyable !

Bien sûr, cela signifiait beaucoup de travail de préparation concernant les modalités du voyage et la manière dont nous gérerions sa protection, mais voyager, quand bien même c’était en tant que Soleil, c’était toujours une grande chance.

– Ne vous réjouissez pas trop vite, nous mit alors en garde Chris.

Chris était le doyen des garde-du-corps, c’était un homme grand et fort mais qui atteignait déjà un certain âge. Il travaillait déjà pour Thompson bien avant l’apparition du virus et des Soleils, il avait fait ses preuves il y avait de cela des années et notre employeur lui faisait plus confiance qu’à n’importe lequel d’entre nous. En cas de désaccord concernant les stratégies à adopter, on lui donnait toujours le dernier mot. Ainsi lorsqu’il émettait ce genre de commentaire, nous avions tendance à vouloir écouter.

– Que veux-tu dire ? demanda un de mes collègues.

– Vous allez tous devoir redoubler d’efforts, nous nous rendons en territoire inconnu.

– Tu as déjà accompagné M. Thompson à cet évènement par le passé ? m’enquis-je avec curiosité.

Chris hocha lentement la tête avec sérieux.

– Une fois, il y a vingt-quatre ans. Il a toujours catégoriquement refusé d’y retourner depuis.

Voilà qui ne pouvait pas être anodin.

– Qu’est-ce qui a bien pu changer cette année ?

– Je l’ignore, avoua-t-il gravement. Mais je doute que ce soit bon signe.

Quelques jours plus tard, nous étions prêts à monter dans le jet de M. Thompson. Sous les ordres de ce dernier, nous avions presque tous été missionnés pour ce voyage et seulement quelques Soleils restaient à Washington garder le domaine. Au cours de longues réunions, nous avions déterminés un certain nombre de stratégies concernant la protection de notre employeur. Nous avions étudiés les plans de stades, d’hôtel, de lieux de réceptions et de restaurants où il serait amené à se rendre, ainsi que les dispositifs déjà mis en place par les Russes.

Bien qu’aucune phrase n’avait été formulée explicitement, nous avions bien compris que toutes ces mesures n’étaient pas « au cas où », mais que M. Thompson semblait réellement s’attendre à une menace. Ce serait certainement pour moi l’occasion d’en apprendre davantage sur ce qui se tramait contre le Conseil. Malgré tout cela, je ne pouvais m’empêcher d’être quelque peu excité. Bien sûr, les Hamilton se rendaient également à l’ouverture des Jeux d’Hiver. J’imaginais bien qu’ils avaient terriblement besoin de retrouver des investisseurs après le fiasco de leur dernière mission chez Paul McCarthy. Je trouvais cela d’autant plus ironique que la dernière fois qu’il avait été question de Russie, c’était il y avait plus d’un an, lorsque j’avais pensé que Savannah et moi pourrions nous réfugier à Moscou. Je continuais de penser que cela n’aurait pas été une si mauvaise idée, mais de toute évidence, Savannah avait fini par y échapper.