Fille du Ciel [FDS tome 3]

II - Chapitre 27

Savannah

Une semaine plus tôt

– C’est absolument hors de question ! m’exclamai-je sévèrement avec un regard de mise en garde à l’attention de mon père.

Nous nous tenions chacun debout aux extrémités de la table métallique de la salle de contrôle. Il ne nous restait plus que quelques heures avant de prendre l’avion pour Saint-Pétersbourg. Je redressai le menton et bombai la poitrine pour avoir l’air plus imposante.

– Tu peux tout de suite oublier.

– Où est le problème ? s’étonna mon père en fronçant les sourcils.

– Tu me demandes sérieusement où est le problème ? fis-je la mâchoire serrée. Le problème c’est que je ne couche pas pour les missions ! J’ai toujours été très, très claire sur ce point, c’est même écrit noir sur blanc dans notre putain de contrat !

Mon père prit alors un air offusqué en écartant les bras.

– Qui a parlé de coucher !? J’ai seulement dit que tu devais l’occuper suffisamment longtemps !

– Mais arrête de te foutre de moi, tu l’as sous-entendu aussi fort que si tu l’avais crié à voix haute ! rétorquai-je, furieuse.

Mon père prit quelques inspirations pour se calmer et croiser les bras.

– Savannah, reprit-il plus sereinement bien que toujours irrité, je n’ai aucun, aucun intérêt particulier à savoir que tu couches avec Scandola pour le distraire le temps nécessaire, à moins que tu ne juges sur le moment que ce soit nécessaire. Autrement, j’allais plutôt te proposer un somnifère.

Je fis moi-même l’effort de me calmer et d’écouter raisonnablement ce qu’il avait à répondre. Tout compte fait, j’avais peut-être tiré une conclusion un peu hâtive. Passer la nuit avec lui me rendait tellement confuse entre une haine profonde et d’anciens souvenirs remontant à la surface que j’avais certainement réagi de manière disproportionnée. Un somnifère semblait être une bien meilleure idée.

– D’accord pour le somnifère.

– Bien, Victor t’aidera le moment venu.

6 heures plus tôt

J’entrai sereinement dans le hall de l’hôtel, sachant pertinemment que mon poignard était indétectable, et me dirigeai directement vers le bar où je devais rejoindre Victor. Je le cherchai du regard quelques secondes avant de le trouver au comptoir, un verre à la main, discutant avec un autre homme. Ce dernier se tenait proche de lui, il ne cessait de lui sourire avec beaucoup de charme et à en croire son attitude entrepreneuse, il était certainement celui qui avait payé un verre à Victor.

Un bon nombre de femmes assises non loin le dévorait du regard, mais sans une certaine amertume. Il était évident qu’il n’avait d’yeux que pour mon frère. Concernant ce dernier, j’eus l’agréable surprise de découvrir qu’il rougissait avec timidité, mais on pouvait voir à l’éclat de ses yeux qu’au-delà de la flatterie, il appréciait réellement ce moment. Malheureusement, j’allais devoir l’interrompre.

Pour le faire discrètement, je lui envoyai un message et les vibrations de son téléphone le ramenèrent à la réalité. Il m’aperçut près de l’entrée et me fit signe qu’il arrivait. Il finit rapidement son verre et salua son mystérieux prétendant avant de me rejoindre. Encore là, un adorable sourire ornait ses lèvres et il eut du mal à le faire disparaître jusqu’à ce que nous fûmes dans l’ascenseur.