L'ANGE DEVIENT DÉMON ET L'ÂME PURE N'EST PLUS QU'UNE ARMUREMB
Mes pas résonnent dans l'immensité du palais. Les serviteurs, ébahis, regardent les flammes lécher ma peau. Mais peu m'importe les regards. Peu m'importe l'attention que l'on me donne. Peu importe le peur dans leurs yeux. Peu importe les cris et les exclamations d'horreur. À cet instant je sais que s'ils étaient tous en danger je ne lèverais pas le petit doigt pour les aider. Fichu côté noir. Âme noyée de peine qui maintenant sombre dans la haine. Je souffre de m'imaginer faisant souffrir autrui. Mais de couvrir ces murs de sang j'ai envie. Qui suis-je ? Qui suis-je devenu ? Qu'as-tu fais de moi monde cruel ? Qu'as-tu fais de moi Will ? Pourquoi faire de l'ange un démon et de l'âme pure une armure ?
Le fruit de mes sanglots est devenu fruit de ma haine. Une haine sauvage et intarissable. Une haine brûlante comme le feux qui parade sur mon corps.
La porte des appartements de Will s'arrache de ses gonds sans même que je ne la touche. L'intéressé est projeté contre le mur opposé à une vitesse fulgurante.
Le miroir sur sa gauche éclate alors qu'une expression de surprise se forme sur ses lèvres, rapidement remplacée par la même rage qui me possède. On s'assemble à la perfection dans nos habits de feux.
Il arrache sa chemise et étire sa nuque vers le haut en craquant ses poignets. Monsieur se donne en spectacle mais je n'attends pas et lui décroche la première droite de ma vie. Il l'esquive mais ne remarque pas mon genoux qui se niche dans son ventre. Will ne grimace même pas. En furie, j'intercepte son poing gauche. Je réalise mon erreur qu'une fois que je vole par dessus son épaule. Il s'est servit de mon poignet pour me faire virevolter contre l'armoire en ébène. Un craquement retenti. Adieu chère armoire.
J'ignore mon dos légèrement douloureux et m'élance pour envoyer mon pied dans sa tempe. Il intercepte encore mais j'en profite pour m'emparer de ses jambes et le renverser. C'est le bureau qui y passe. Je l'attrape à la gorge et le plaque au sol quand il essaie de se relever. Ses pieds fauchent les miens et nous roulons sur le verre brisé. Les coups d'une puissance surhumaine s'envoient et se récupèrent. Nos forces maléfiques s'entrechoquent, s'envoyant boule de feu par-ci, boule de feu par-là comme si de rien n'était.
Soudain je hurle. Une douleur atroce s'empare de mon corps. Les yeux exorbités je contemple l'objet de mon mal: un pieu de fer chauffé à blanc transperce ma peau entre ma hanche et mes cotes gauches.
— Tu sens la douleur ? C'est elle qui te rend humaine. Tu deviens une diablesse. Tu deviens folle. Et j'aime ça mais il faut que tu sois en mesure de garder le contrôle.
Je gémis, prise de sueur et tremblante. Incapable de répondre je le supplie du regard avant de disjoncter.
Noir.
* * *
Un grognement s'échappe de mes lèvres et je bâts des cils, éblouie par la lumière aveuglante.
— Comment te sens-tu ?
La voix de Will me tire de ma rêverie. Je jette un coup d'œil à mon ventre bandé, une tache de sang se répand sur le tissu blanc. Pourtant je ne sens aucune douleur, pas même un picotement.
— Horriblement bien mais toujours délicieusement fâché contre toi.
Un rire lui échappe alors que je continue:
— Pourquoi ne souffre-Je pas.
Il lève les yeux au ciel et me prend la main pour m'aider à me lever.
— Qu'est ce que tu fais ?
— Viens, je vais te montrer une chose.
Je retiens mes questions et me laisse guider jusqu'au grand miroir de mon dressing. Une fois en face de mon reflet Will se positionne derrière moi et soulève mon t-shirt pour commencer à défaire mon bandage. J'esquisse un geste pour l'arrêter mais il repousse délicatement ma main et continue son ouvrage.
Lorsque ma peau apparaît enfin je réalise avec surprise qu'aucune blessure ne fissure la chaire, pas même une marque. Voilà qui explique le fait que je ne souffre point, je ne suis pas blessé. Du moins... plus.
— Comment est-ce possible ? Je suis pourtant certaine que tu as SADIQUEMENT pris plaisir à m'enfoncer une LANCE CHAUFFÉE À BLANC dans le dessus de hanche. MERCI BIEN AU PASSAGE CE FUT UN BONHEUR ! Non mais ! Aucune pitié.
Il hausse les épaules, stoïque.
— Je savais que tu guérirai, tu n'étais plus humaine.
Je roule des yeux -ohhh un cerveau !- et le questionne.
— Que veux-tu dire par la ?
Deviner qui germe ? Le malin sourire ravageur si habituel à Monsieur !
— Simplement que tu n'étais plus humaine. Ni un ange. Tu étais une magnifique diablesse enragée.
Le feu dans son regard s'accroît alors qu'il essaie de percevoir ma réaction.
J'essaie de trouver un sens à ses mots et quand j'en trouve un. Quelque chose en moi se brise. Les bruits autour de moi se coupent et je suis seule avec moi même. Je suis devenue tout ce que ma mère ne voulait pas. Un mélange de honte, de peur et de tristesse s'affale sur mes épaules. Ce n'est pas tant l'idée d'être la mal mais plus l'idée d'être une chose répugnante et loin de sa fierté pour ma mère. Maman. Toi qui me manques tant, que penserais-tu ? Qu'est ce que tu ferais ? Est-ce que tu m'aimerais toujours ? Non, certainement pas. Mon dieu que suis-je dont devenue ? Je suis une créature hideuse et horrible ! Maman...
Will passe délicatement son pouce sur ma joue, y cueillant une larme. Je n'avais même pas réalisé que je pleure. Ridicule. Je suis ridicule. Mais quand je vais pour me détourner et essuyer mes larmes, Will me tire par le bras et me ramène contre lui. Je respire son odeur devenue familière et me laisse emporter par le chagrin. Mes épaules tressaute et son t-shirt noir va finir trempé.
— C'est faux. Elle ne t'aurais pas détesté. Elle aurait continué à t'aimer et à te chérir. C'était quelqu'un de bien et tu l'es aussi, seulement tu es... différente. Comme moi. Et ça nous rend puissants et dangereux pour les dieux, ils nous craignent et font tout pour nous détruire. Je t'en pris ne les laisse pas faire, ne perd pas espoir pour leurs bêtises, ne les laisse pas détruire ce feu ardent qui brûle en toi.
Je m'écarte et il encre nos regard, les liant l'un à l'autre.
Prononcer ses prochains mots lui coûte. Je le vois dans ses yeux, c'est la vérité mais ça lui coûte beaucoup de l'admettre. Ses mots prennent possession de moi et je ne vois que lui alors qu'il murmure.
—S'il te plaît... J'ai besoin de toi.
Nda:
C'est quoi ce paysssssss ? Il fait au moins -8000, je sens plus mes doigts, vous imaginez pas le mal pour taper !
Alors ce p'tit chapitre ? Beaucoup d'action hehehe...
J'espère qu'il vous a plus !
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Satan et moi
Romance614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...