Chapitre 30.

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LE CHOIX. LE ROI. L'ÉMOIS. MOI.

MB

La cuisine, comme dans mon souvenir,
est immense et lumineuse, aspirant au bien être. Mon père sourit, ses cheveux bruns encore mouillés et ébouriffés de la douche.

— Bien dormi ? J'ai fais des gaufres !

Son sourire rayonne et ma mère rit alors que nous prenons place autour de la grande table de verre. 

— Elle a fait un cauchemar.

Son sourire se disperse alors qu'il quitte sa machine à gaufres des yeux.

— Oh non, ça va ma belle ?

J'hoche la tête.

— Rien d'important. Je suis contente de vous avoir.

Mon père sourit tristement avant de me prendre dans ses bras.

— Tu nous auras toujours. Viens la Arte.

Ma mère se joint à nous dans un câlin à trois. Je crois qu'à ce moment rien ne pourrait me rendre plus heureuse. Rien au monde ne pourrait plus me combler.

— Aller, à table ça va être froid !

Je ris et nous nous asseyons, les gaufres sont délicieuses, j'ai mis de la banane et du chocolat sur la mienne, ma mère y a mis des framboises et de la chantilly quant à mon père il s'est défouler sur le beurre de cacahuète et les fraises. Nous rions, blaguons, parlons de tout et de rien. C'est magnifique. C'est la seule chose que je voulais et c'est en train d'arriver.

— Venez, j'ai un truc à vous montrer, Ari je suis sûre que tu vas adorer !

Ma mère semble bien emballée et mon père et moi la suivons avec plaisir. Une fois dehors ma mère déploie ses ailes et s'envole, mon père rit et s'élance à son tour, moi sur leurs traces. Nous volons dans l'air frais d'une matinée ensoleillée, des plantes de toutes sortes de dressent devant nous et j'apprécie la beauté du paysage que j'ai tant regretté. Nos ailes blanches rayonnent et luisent dans le soleil. Ça semble irréel. Parfait.

Mes pieds touchent le sol près de ma mère, un lac à la magnificence pure  nous fais face dans la vallée à nos pieds.

— Le dernier à l'eau est une poule mouillée !

Mon père crie déjà en courant, son t-shirt à moitié enlevé. Nous ne nous faisons pas prié et ni une ni deux, finissons en sous-vêtements dans l'eau froide. Pas le temps de frissonner, nous jouons et rions comme des enfants qui ignorent la dureté du monde qui les entoure. Après quarante-cinq minutes dans l'eau nous décidons de faire bronzette, ça ne fera pas de mal à mon teint cadavérique ! C'est Maélysse qui sera contente tient ! Je souris à cette idée avant de réaliser que je ne la verrai sûrement plus jamais. Et Will ? Le reverrai-je seulement ? Mon cœur en prend un coup mais bon, le plus important c'est mes parents, et ils sont ici, c'est tout ce qui compte.

Ari !

Will ? C'est sa voix et pourtant personne n'est là. Je dois halluciner.

Ari !

— Will ?

Bizarre.

Il faut que tu rentres. Il faut que tu reviennes, tu vas mourrir.

— Quoi ? Mais qu'est ce que tu racontes, où es-tu ?

Fais-moi confiance, juste une fois crois-moi.

— Pourquoi ? Donne-moi une seule bonne raison de quitter mes parents pour aller en enfer ?

Rien n'est réel ! C'est l'étage un ! Tu vas mourrir si tu restes trop longtemps.

Mais peu m'importe ! Ce n'est pas une raison valable ! Ce n'est pas suffisant.

J'ai besoin de toi.

C'est fini Will. Je reste.

Je me lève et oublie mes illusions pour rejoindre mes parents qui ont sorti des sandwiches.

— Ça va Ari ?

J'hoche la tête et attrape le poulet crudité que me tends ma mère.

— Merci.

Quelque chose en moi à changer. Je ne suis pas aussi heureuse que je devrais l'être. Pfff. Autant l'oublier. Il faut l'oublier. Will.

Ari, reviens-moi. Ta place est parmi les vivants.

Ma gorge est nouée et mes yeux humides. Je pose mon sandwich et regarde mes parents. Je le sais. Je l'ai toujours su au fond mais ça me fait trop mal de l'avouer. Je dois rejoindre Will. Je n'appartiens pas à ce monde. Il a raison et même si ça me brise le cœur c'est vrai.

— Maman, je t'aime. Mais ce n'est pas mon monde.

Je fonds en sanglots alors qu'elle m'entoure de ses bras.

— Shhh, ça va aller mon cœur. Tout va bien, on est là.

— Papa je vais te retrouver et te sortir de là. C'est promis.

— Ari mais qu'est ce que tu racontes ma belle ? Je suis juste là.

— Je vous aime. C'est pour ça que je pars. Il le faut.

Et soudainement mes mains savent exactement que faire pour me ramener vers Will. J'embrasse le front de mes parents et leurs tiens les mains avant d'attraper un opinel et d'entailler ma paume.

— Ari mais qu'est ce que tu fais !

Ma mère hurle et essaie de me tirer vers elle, mon père rattrape le couteau et tente de ma ramener vers lui. Will. Will.

Je hurle son prénom et oublie tout, laissant les larmes couler sur mes joues. La douleur. La perte. Tout et rien. La souffrance me coupe la respiration et mon malheur me semble incorrigible. Mon cœur se sert et se consume.

Quelques secondes plus tard j'atterris vers lui. Mes genoux me lâchent et je tombe à terre. Will. Il me tourne le dos, pas un geste, rien. J'ai tout laissé pour lui, pourquoi ? Pourquoi ai-je fais une chose pareil ?

— Aller viens il faut qu'on rentre.

Il me tend la main mais je ne la prends pas, comment peut-il être aussi froid ?! Aussi placide !

— Tu te moques de moi ?! J'ai tout laissé pour toi ! Tout ! Ma famille, ma maison, mon pays, ma liberté ! Toute ma vie ! Et toi tu t'en fiches ?! J'aurais du rester.

Ses yeux s'enflamment.

— Je ne t'ai rien demandé. T'avais qu'à rester, qu'est ce que ça me change, t'es juste un poids.

Je bondis sur mes jambes, mon corps entier brûle de haine, de rage et de tristesse. Je veux lui dire à quel point je le hais, à quel point il me dégoûte, à quel point je regrette de l'avoir rencontrer, à quel point je regrette de l'avoir choisi mais les mots sont insuffisants et je suis fatigué d'hurler. Il n'en vaut pas la peine.

Ma main vole et résonne sur sa joue.

— Ramène-moi au palais. Tout de suite.

— Mais dis moi Ari, qu'est ce que tu crois ? Que j'obéis à tes ordres ? Que je te sers et suis là pour toi ? Non encore mieux. Tu crois que je tiens à toi.

Il part en grand éclats de rire avant d'ouvrir une porte.

— Mignonne ignorante. Tu as cru que je t'aimais. Mais je n'aime personne.  Et je n'aimerai personne. Je ne t'aimerai pas. Tu n'es personne pour moi.

Nda:

Émouvant ? J'espère en tout cas.
Je tenais encore à vous remercier de lire cette histoire, elle compte beaucoup pour moi et vos avis aussi. Un livre non lu n'existe pas donc Satan et moi existe grâce à vous tous chers lecteurs, merci infiniment <3

Satan et moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant