I BEGAN FEELING SO MUCH THAT AT SOME POINT I DIDN'T FEEL ANYTHING ANYMOREMB
Elle sourit à son reflet, les rayons du soleil éclairant son visage anormalement pâle.
— Je l'adore, merci maman.
Ses yeux se plantent dans les miens à travers le miroir avant qu'elle ne se tourne pour me serrer dans ses bras.
— Il te vas parfaitement.
Je réponds en caressant de ma main son dos, mes doigts découvrant chaque vertèbre et côte de son corps trop maigre. Je mords ma lèvre inférieure pour retenir les larmes qui luisent dans mes yeux et enfonce mon visage dans sa tignasse rousse.
— Maman ?
— Oui mon chat ?
Elle ressert encore ses bras de petites filles à douze printemps autour de moi.
— Je t'aime.
Mon cœur se serre tant que ma respiration cesse et tout signe de vie me quitte, aussi suis-je surprise que ma voix ne soit pas briser lorsque je répond.
— Moi aussi je t'aime mon cœur, plus que tout au monde.
J'embrasse ses cheveux et colle mon front contre le sien brûlant.
— Bisous de papillon ?
Je demande, elle rit d'un rire doux qui semble pouvoir briser la chose la plus précieuse à mes yeux.
— Oui !
Nous rions alors que nos nez se frottent l'un contre l'autre.
Je m'écarte et dépose un baiser sur son front alors qu'elle se laisse aller sur les oreillers.
— Fais de beaux rêves ma belle, dors bien.
Je lui souris et remonte sa couverture sur elle. J'observe avec tristesse la housse et les taies d'oreillers ou se courent après mille et une fleures de toutes couleurs. Elle m'avait persuadé de lui acheter l'ensemble lors de son neuvième anniversaire. Elle le voulait tant et je m'y opposais, trouvant du plus mauvais goût l'ensemble de couleurs criardes s'éparpillant sur le blanc, j'avais fini par accepter après qu'elle ai refusé de dormir tant qu'elle ne l'avait pas. Bien entendu elle avait hérité de mon côté obstiné et rebelle et le lendemain matin, je m'étais réveillée avec deux yeux persans fixés sur moi.
Elle semblait boudé mais à certain point on a commencé une bataille de chatouille et elle s'est endormie dans mes bras.
Quelques heures plus tard elle s'était réveillée dans cette parure qu'elle aimait tant. Je n'avais pas résister.
Encore maintenant il est dur de la faire changer de housse.
Je dégluti et ferme la porte derrière moi, mon enfant déjà dans les bras de Morphée.
— Matteo ?
Ma voix résonne dans le salon de notre belle et grande maison.
— Je suis là.
Sa voix est à peine audible. Je le rejoins sur le canapé fave à la cheminée où crépite un feu à l'allure rassurante. J'enfuis mon visage dans le creux de son épaule et il me serre dans ses bras, il me semble qu'il tremble mais peut-être est-ce moi. Peut-être tremblons nous tous deux. Peut-être comprenons nous peu à peu qu'il est inutile d'espérer. Peut-être devrions-nous laisser les larmes qui se déversent en nous depuis des mois couler sur nos joues.
On ne dit rien, on ne fait rien. L'atmosphère est si fragile sur l'instant qu'il me semble qu'une respiration trop bruyante pourrait tout faire exploser.
Je ressent tellement qu'il me semble ne plus rien ressentir.
Aucun de nous ne veut briser le silence, aucun de nous ne veut prononcer les mots que nous pensons tous deux. Nous le savons mais le dire serait le concrétiser, le dire serait avouer qu'il n'y a p'us rien à faire. Le dire serait avouer qu'il n'y a plus d'espoir. Et ça nous n'y croyons pas. Nous ne voulons pas y croire. Je me l'interdit et il en fait de même.
Aucun appel ne me réveille, la voix papillonnante de Lizzie ne vient pas déranger mon sommeil et c'est au soleil que je dois mon éveil.
Je jette un coup d'œil à Matteo qui dort encore, nous avons finit par nous endormir sur le canapé. Des fourmis grésillent dans mon bras engourdit et je le secoue avant de frotter mes paupière puis d'aller vers la chambre de Lizzie.
— Lizzie ? je murmure pour ne pas la réveiller.
Elle ne répond pas et j'entre-ouvre la porte pour trouver mon bébé endormi comme un ange. Je m'avance vers le lit et m'y assoie avant de caresser sa joue du pouce.
Je sursaute et crie de surprise, des larmes de formant dans les yeux. Sa joue est gelée.
— Lizzie ! Lizzie ! Lizzie !
Je la secoue et crie à m'en arracher les cordes vocales. Tout se déroule comme au ralenti et mon corps me brûle alors que Matteo entre dans la pièce en courant, se précipitent vers Lizzie que j'arrête de secouer. Il se penche et pose ses doigts sur la gorge du fruit de mes entrailles et secoue la tête, une larme roule sur sa joue, bientôt suivie d'une autre.
Je hurle mais je n'entends plus, pas même ma propre voix. Je hurle et la serre dans mes bras. Matteo me serrant contre lui.
— Lizzie réveilles-toi !
Je ne peux pas, je ne peux pas croire qu'elle soit parti. Je crie et pleure, je ne suis plus moi même. Matteo pleure, me tenant contre lui, essayant de m'empêcher de gesticuler en tout sens.
— C'est fini Maé.
— Non ! Non non non !!!
Je le regarde, me calmant quelques secondes, il hoche la tête, son visage inondé de larmes.
— Non ! C'est impossible, c'est mon bébé, c'est mon bébé, on peut pas me prendre mon bébé, pas ma fille, pas Lizzie, tout mais pas ça ! Je veux qu'elle reste ! Rendez moi mon bébé, c'est juste une enfant, c'est encore un bébé, non, non, non !
Je m'effondre, mes genoux heurtent le parquet mais je ne le remarque pas, Matteo me rejoins et on se serre l'un contre l'autre.
— Pourquoi notre bébé ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? C'est injuste ! C'est trop injuste ! Rendez nous notre bébé, je veux ma fille ! Lizzie !
Ma voix est brisée depuis longtemps mais je commence à la perdre et les sanglots raflent tout, brouillant la vision de mon enfant, les cheveux éparpillés sur les coussins, dormant d'un sommeil dont on ne revient pas, le pendentif de jade restant la seule lumière, reposant sur son cœur qui ne bat plus.
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Satan et moi
Romance614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...