INTERFÉRENCE DES DEUX GUERRES JE VOUS VOISLouis Aragon
Je me regarde avancer dans l'eau. C'est moi, une autre version de moi. Je jette un coup d'œil à mon corps avant de retourner à la scène qui se déroule sous mes yeux. Mon corps est transparent, juste légèrement, flouté comme si je suis dans une dimension à laquelle je n'appartiens pas. En fait je ne suis pas dans une autre dimension. Je suis dans mes souvenirs, dans le passé, dans ce que l'eau a effacé de ma mémoire.
Je frissonne en même temps que mon double. Je ressent tout ce qu'elle ressent. Elle et moi sommes la même personne mais dans différents moments. Et par conséquent mon double semble tout à fait maléfique, son expression est sombre et -ma foi je ne l'aurais pas cru- un sourire sexy et attirant est ancrée à ses lèvres.
Je la contemple, s'avancer vers Will, horrifiée. Avec la lueur dans les yeux de ces deux autant vous dire que l'issue de cet entrevu semble claire. Arrivée à sa hauteur, l'autre andouille se met dos à lui et lève les bras découvrant exagérément ses formes. Parfait. Je ne peux croire que j'ai fais une chose pareil. Cela dit l'engourdissement et les frissons qui prennent possession de mon corps alors que Will glisse ses doigts le long de mes hanches me prouve que je ne rêve pas.
Notre Hades jette son t-shirt plus loin sans y prêter attention et repose ses mains sur ma taille, m'attirant à lui. Nos corps sont plaqués et une chaleur m'envahit, il me semble revivre la scène. Une odeur enivrante effleure ma chaire et j'observe ses mains dessiner des cercles sur la douce peau du ventre de mon double. Celle-ci se cambre en arrière de manière à appuyer sa tête sur le torse de Will.
Ma main gauche s'enfouit dans ses mèches brunes alors que la droite est bien trop occupée à mêler mes doigts aux siens.
— Un jour je ferais de toi ma déesse.
J'aimerais intervenir mais je suis moi même prise dans le filet de Satan. Il m'hypnotise comme une drogue, j'en veux plus alors que je sais pertinemment que la chose à faire est de tout arrêter. Mais je le veux. Je le veux encore. Je veux qu'il soit miens maintenant. Je veux qu il soit miens toujours. Je veux ses mains, son parfum, son souffle sur mon cou, ses yeux, sa peau, je le veux. Atrocement et horriblement, la vérité me frappe. Je veux hurler et le faire regretter, mais je veux le sentir contre moi encore. Et je déteste ça. Je déteste ce mélange de sentiments, ce fouillis d'émotions, cet explosion de choses inconnues qui s'empare de moi lorsqu'il me touche.
À mi chemin entre le rire et les larmes je déglutis avant de retrouver le blanc éblouissant qui me devient familier.
* * *
Will pose son pouce sur ma joue pour en retirer un larme traîtresse mais je le repousse.
— Tu t'es SERVI DE MOI ! Tu t'es servi de l'eau pour me MANIPULER.
J'ccentue difficilement chaque syllabe mais ma voix se brise. J'ai lu quelque part qu'il n'est de musique plus triste que le son d'une voix qui se brise. Je ne pourrais le dire, j'ai du mal à m'entendre de derrière mon voile d'émotions. Mais mes gestes n'en sont pas moins claire et ma main claque sur sa joue.
Il regarde ses pieds, pas d'excuse, pas de regard désolé, pas de honte dans le bleu de ses yeux. Rien. Un stoïcisme royal. Je le hais encore plus. Du moins c'est ce que je pense maintenant mais mon corps va de lui même se réfugier dans ses bras. Sa peau brûlante entre en contact avec la mienne et le froid qui s'était peu à peu approprié mon corps s'éclipse momentanément.
Ses bras se referme doucement sur moi. Je peux sentir sa surprise et son incompréhension mais peu m'importe. Il me semble être redevenu une petite fille perdue.
Will me sert un peu plus fort pour que nos corps se plaquent et enfuit son visage dans mes cheveux.
— Tu devrais me haïr. Tu devrais me hurler dessus et me frapper encore. Tu devrait ne nourrir que haine à mon égard.
C'est fois c'est sa voix qui semble s'être brisée un instant. Juste un instant. Peut-être est-ce le fruit de mon imagination. Ou peut-être viens-Je de découvrir une nouvelle face de celui que l'on appelle le diable.
— Je te hais. Mais pas assez pour te fuir.
Il se redit en silence.
— Bien sûr. Comment pourrais-tu poser sur moi un regard autre qu'haineux.
Je le laisserai bien dans cette illusion mais ma mère désapprouverait et qui me connaît sait que je n'agit qu'en accord avec son souvenir.
— Ne vas pas croire que je ne nourris qu'haine envers toi. Je n'en suis pas capable même si tu ne mérite en effet pas grand chose de plus que de la haine venant de moi.
Je déclare en m'éloignant, laissant mes doigts frôler l'onde avec douceur.
— J'ai pas choisi.
Je m'arrête net, l'eau au niveau des hanches.
— Quoi ?
Le temps semble s'arrêter, ses yeux sont profondément ancrés aux miens alors que d'une voix claire il dit:
— J'ai pas choisi d'être Satan.
Nda: chapitre court désolé ! Je trouvais juste bien de l'arrêter là, scusez mon sadicisme les choups <3
VOUS LISEZ
Satan et moi
Romance614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...