DU DÉMON TU BRISERAS LES CHAÎNES
DE L'ANGE TU AURAS LA PORCELAINE
ET DE TOUS TU SERAS REINEMB
Je descends les escaliers de la coupole. Je descends encore, jusqu'à atteindre les quartiers d'esclavages m'étants familiers. Mes pieds foulent le sol des couloirs, je cours, bousculant mes anciennes camarades. Lorsque j'atteins les dortoirs je récupère une des vielles tuniques entassées dans un des coins de la pièce et en caresse le tissu rugueux. Les fibres blanches sont usées et salies, un trou se fait remarquer sur la cuisse et le bas commence à s'enfiler. Je retire avec délicatesse la belle robe et les hauts que m'a fait porter Maélysse pour me retrouver en culotte.
Je passe la tunique sur ma peau et frissonne au contact de la matière anciennement familière. Le col trop large déborde sur l'un de mes bras et le froid envahit rapidement mon corps alors que je m'affaire à tresser mes cheveux et à attacher mes manches avec de fines ficelles.
Avant de partir je récupère mes précieux vêtements ainsi que les multiples bijoux que l'on m'avait attribué.
En remontant les escaliers je me fais interpeller par d'autres servantes me rappelant à l'ordre. Je les ignore et lorsque l'une d'entre elle attrape finalement mon bras, elle retire prestement sa main, comme brûlée par le contact de ma peau.
Je suis habillée en esclave mais le feu de l'ange ne se tarit pas. Je remonte tous les étages, des chuchotements se font entendre sur mon passage mais plus personne ne m'arrête.
Je dépose mes affaires dans ma chambre, et, pieds nus, m'avance vers la salle du trône. Je sais que Will sera là, je ne sais pas comment mais j'en suis persuadée. Et j'ai raison. J'entre dans la pièce en silence. Will se lève automatiquement de son trône et m'observe.
— Ari.
Sa voix est faible, un murmure dans l'immense salle. Mon silence englobe l'atmosphère et, lorsque je m'agenouille à quelques mètres des escaliers menants au trône, Will descend lentement vers moi.
— Ari...que fais-tu ?
Je pose mes mains à plat devant lui et m'allonge sur mes genoux.
— Ari...
Je déglutis.
— Je ne peux plus Will... tu voulais me blesser et c'est réussi. Vas y. Fais de moi ce que tu veux vas y...
Il s'agenouille à son tour et prend mon menton dans ses mains.
— Ari je suis désolé. Je suis désolé...
Ses yeux brillent de... de tristesse il me semble. Il souffre. Il a souffert autant que moi de la perte de ma mère. Mais c'est tellement plus simple de tout lui remettre sur les épaules. De lui jeter ma haine. Un mensonge.
Et soudain a la lumière de sa peine je réalise que je me ment à moi-même. Et je n'en veux plus de tous ces mensonges, je ne peux plus me mentir. Quelque chose en moi change, se brise. Je perds une partie de mon être mais cela me libère.
Je relève son menton et plonge mes yeux dans les siens.
— Will, regarde moi.
Il lève lentement les yeux mais je le coupe, trop fatiguée de perpétuellement attendre pour tout. Je dépose mes lèvres sur les siennes. Les abats plus précisément. Je goûte au sucre doux et enivrant de sa bouche dans un contact passionné et brûlant. Mon premier baiser. Will. D'abord surprit il se laisse finalement aller et prend le dessus, ses mains attrapent mes hanches et il me ramène à cheval sur ses genoux. Une main au creux de mes reins il me tient contre son torse, relançant notre baiser avec force. Nos lèvres se nouent, se lient, sa langue demande l'accès à ma bouche et je le lui donne dans réfléchir.
Je me sens bien, pas gênée, pas honteuse, sans regrets ni peurs. Juste bien, à ma place.
Il passe ses mains sous mes cuisses et me soulève, j'en profite pour enrouler mes jambes autour de sa taille en interrompant légèrement nôtre baiser. Front contre front, le souffle court, il m'amène sur le large trône où il me dépose. Il frôle mes lèvres en murmurant.
— Ne bouge pas.
Je suis encore assaillie de battements de cœur irréguliers, il n'a pas à s'en faire pour cela. Je fais tout de même la moue en comprenant qu'il s'en va. Je me sens bizarre. Le premier homme que j'embrasse se trouve être le meurtrier de ma mère et celui qui m'a tenu en esclavage pendant quinze ans. Mais je m'interdit d'y penser. Le passé est le passé, je peux pardonner. Lui pardonner. Quant aux autre, les réels coupables, je leurs conseils de mettre fin à leurs jours avant mon passage.
Quelque chose de froid et de lourd s'appuie soudainement sur ma tête. Je m'apprête à chasser la cause de mon dérangement lorsque j'entends la voix rauque et rassurante de Will.
— Tu n'es pas un ange Ari. Tu es une déesse. Ma déesse. Et je te fais reine en ce jour. Ari. Ma reine.
Mon souffle est coupé et je monte délicatement mes mains vers l'objet sur ma tête. Je sais à quoi j'ai à faire avant même que mes doigts entrent en contact avec les froids métaux de la couronne. Je ne sais pas quoi dire. C'est soudain, étrange. Passer d'esclave à reine en quelques jours seulement et embrasser Satan.
Celui-ci revient d'ailleurs se placer face à moi.
— Tu accepte ?
Il a déjà sa réponse, il veut juste que je la lui confirme.
— Il y a des conditions. Je veux certaines choses.
— Quoi donc ?
Ça me semble évident mais ça ne l'est visiblement pas pour lui.
— Ma liberté. Je la veux. Et pas juste un peu, je veux toute ma liberté, je veux pouvoir quitter les enfers. Et je veux ma vengeance. Je veux que l'on venge ma mère.
Il hoche lentement la tête, pensif, une lumière brille dans ses yeux à l'évocation d'une vengeance.
— Je ne souhaite que ça.
Il ne répond pas au principal mais j'insiste.
— Et ma liberté ?
Il soupir.
— Écoute Ari, si je te libère tu ne reviendras plus jamais. Tu quitteras les enfers pour me laisser seul attaché à cette galère.
J'en reste bouche bée.
— Mais c'est TA peine de veiller sur les enfers ! J'ai déjà eu la mienne et tu souhaites que je partage ta souffrance et que je me prive de ma vie !
Il penche légèrement la tête sur le côté et rectifie.
— Tu aimeras, ça ne reviendra donc pas à te priver de ta vie.
Nda:
Pour les 6k (de base pour les 5k mais on a fais 6k hier ^^) je propose une faq, vous pouvez poser toutes vos questions ici ! Merci infiniment à tous !
Luv all of you<3
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Satan et moi
Romansa614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...