L'IDÉAL UNI LES BRUMES
MONDE MORN ET BLANCHÂTRE
CHAQUE ANGE QUI MEURT EST UNE PLUME
QUI SOMBRE DANS L'ÂTREMB
La rue est sombre, détonnant avec le blanc luminescent habituel aux Ezales. Les bâtiments et pavés sont blancs ou crèmes, ce qui rend les lieux ténébreux c'est la brume perpétuelle, noire, qui y règne et à travers laquelle on distingue à peine le contour des personnes nous accompagnant. L'espace de quelques secondes je me demande ce que Maé et Lex peuvent bien se dire. Sont-ils inquiets ? Sûrement. Comment ne pas l'être ?
Ils ne me demandent rien et me suivent à pas de chat. De petites échoppes aux vitrines éclairées et calmes s'étalent de chaque côté de la rue. Selon moi les magasins du marché contiennent plus de produit illégaux que légaux, mais peu importe pour l'instant. Je me repère aux numéros des bâtisses et cherche des yeux le 374 côté paire donc.
Il nous faut peu de temps pour l'atteindre et je prends une grande inspiration avant de pousser la porte de bois blanc. La musique et les conversations fusent à nos oreilles et nous pénétrons de le brouhaha des bars. Nuvio's pub est certainement le lieu le plus animé des Ezales. Nous nous frayons un chemin permis les habitués en grande conversation. Je manque de me prendre un coup de coude d'un homme -que je qualifierai plus de géant vu ses deux mètre et quelques évidents-qui gesticule, apparement en train d'expliquer une histoire des plus hilarantes si j'en crois le fou rire de ses acolytes. Je m'avance vers le bar, le visage toujours tourné vers le sol et la capuche remonté, Maé et Lex en font autant.
— Qu'est ce que j'peux vous servir ?
Demande un brun de pas plus de vingt ans à la barbe de trois jour en essuyant un verre à pied d'un torchon visiblement déjà trempé.
— J'ai à vous parler, avez vous un coin calme ?
Il fronce les sourcils mais ne dit rien, avec les années on apprend à ne pas poser de questions lorsqu'on est trop entouré. Il hoche la tête, suspend son verre au plafond bas avec les autres, essuie ses mains sur son jeans et sors de derrière le bar. Nous devons une fois de plus faire des coudes dans la foule dansante avant d'atteindre une porte de taille moyenne qu'il déverrouille avec une clef tout droit sortie de la poche de sa veste en cuir noir.
L'intérieur est agréablement sombre, un décor brun, noir et ocre qui pourrait sembler terne mais se trouve en fait être rafraîchissant après tout le blanc de dehors. Un bureau, une chaise, deux fauteuils et un canapé, meublent la pièce, accompagnants d'épais rideaux nous cachant du monde extérieur.
— Qui êtes vous ?
Me demande finalement le barman, une fois la porte refermée derrière lui. Je me retourne pour lui faire face, et, d'un geste ample digne d'un film hollywoodien -ceux dont Maé raffole-, retire la capuche blanche qui couvre mon visage.
Il hausse un sourcil interrogateur comme s'il cherchait à dire « je suis censé vous connaître ? » , puis soudain une expression de surprise se créée sur son visage, sa bouche s'entrouvrant pour murmurer.
— Impossible... Ari...
Je souris et me jette dans ses bras comme une enfant dans les jupons de sa mère. Ses bras se referment autour de moi et il rit.
— Si je pensais te revoir un jour ! On m'a dit que tu étais morte ! Qu'est ce que tu fais la ? C'est dangereux ici, c'est plus comme avant ! Les enfers doivent être plus accueillants !
J'ai un petit rire en reculant, il tient toujours mes mains dans les siennes comme s'il avait peur que je disparaisse d'une seconde à l'autre.
— J'irai peut-être pas jusqu'à là.Déclare-je en me remémorant des étages on ne peut plus terrible des enfers. Il me regarde avec surprise avant de bégayer.
— Ne me dis pas que... non... quand même pas...
J'hoche la tête, avec une expression de fatalité.
— Si si, c'est là que j'ai vécu après la mort de maman. En tant que servante, un bonheur. Enfin bon c'est mieux que la mort.
Il me regarde comme pour le dire « j'en suis pas persuadé ».
— Je suis désolé pour Arte. Elle nous manque beaucoup ici, le conseil est une ordure. Enfin bref que fais-tu là ? Et euh...
Il désigne quelque chose derrière moi et je me retourne, faisant face à Maé et Lex que j'avais totalement oublié. Je m'auto félicite intérieurement, je mérite définitivement la palme d'or de la plus tête en l'air.
— Je te présente Maé, c'est une banshee mais surtout ma meilleur amie...
Il m'interromps:
— Je croyais que cette place m'était réservée...
Je lève mes yeux au ciel et lui refile un discret coup de coude.
— Tu m'épuise déjà, je secoue la tête en riant avant de continuer, et donc, voici Lex, il était prisonnier des enfers aussi, mais disons que c'était pire pour lui que pour moi... Maé, Lex, je vous présente Théo un ami d'enfance.
— Qui va à la chasse perd sa place.
Sourit Maé en tendant la main, Théo s'esclaffe en acceptant la main de mon amie.
— Je sens qu'on va bien s'entendre !
Puis il tend la main à Lex, toujours le sourire jusqu'au oreilles. En fait il semble un peu être la version masculine de Maé.
— Ravi de vous rencontrer.
La politesse le Lex m'impressionnera toujours, aussi devrais-je penser à lui demander de quelle famille il vient.
— Mec tutoies moi, tu fais quoi là ?
Théo est plié de rire et l'espace d'un instant je le demande si Lex est vexé mais il le rejoint dans son rire.
— Bonne question, scuse gros.
« Gros » ?! Eh bah là. Je me tourne vers Maé et elle en fait de même, la surprise déforme son visage et je suppose que le mien est semblable à l'instant.
Nous nous raclons la gorge avec synchronisation. Ravalant notre propre rire pour revenir au sérieux.
Ils se tournent et semble sur le point d'essuyer des larmes de rire.
— Théo, où est ton père ? Il ne tient plus le bar ?
Son sérieux revient immédiatement, ça s'annonce mal.
— Il a été appréhendé par le conseil, tous ceux qui s'opposent à eux finissent dans les prisons souterraines... ça fait trois ans que je l'ai pas vu...
Je soupir.
— Je suis vraiment désolée. Mais on va le retrouver et le libérer, on va tout essayer. Mais il y a quelqu'un d'autre qui est retenu par le conseil et que j'ai besoin de récupérer.
Il soupir.
— Qui ?
— Will.
— Qui ?
Je dégluti.
— Satan.
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Satan et moi
Romance614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...