Satan et moi

Chapitre 40

LES MOTS ARRÊTENT LE TEMPS
ILS ARRÊTENT MON CŒUR
ILS ARRÊTENT TOUT
ALORS QU'UNE UNIQUE LARME ROULE LE LONG DE SA JOUE

MB

Si quelqu'un m'avait dit un jour que je me retrouverai dans une piscine chaude et pleine de bulles -un jacuzzi si j'en crois Maé- à boire du champagne et manger de delicates fraises, et bien je ne l'aurais pas cru et lui aurais surement dit de passer son chemin.

Mais voila les faits, la fille qui était esclave en enfer il y a à peine deux semaines, se trouve en effet dans le plus prestigieux hotel de Paris à passer du bon temps en compagnie d'amis. Autant vous dire que je ne m'en plein absolument pas et prie pour rester ici le plus longtemps possible, d'autant plus que Will est d'excellente humeur et que voir Maé et Lex se tourner autour comme les tourtereaux dans les romans à l'eau de rose dont se délectent les adolescentes ici -je l'avoue j'en ai lu certains que j'ai tout bonnement adoré- est la chose la plus mignonne qui m'aie été donné de voir.

Le seul problème reste les regards de tueur qu'envoie Will à Lex à chaque fois qu'il en a l'occasion. Ce dernier semble plutôt tétanisé et affreusement gêné, Maélysse et moi avons hésité à demander du pop-corn au room-service histoire d'encore plus se délecter du spectacle mais nous avons abandonné l'idée lorsque Will à remarqué notre petit manège, nous renvoyant en enfer d'un seul coup d'oeil.

— On reste ici combien de temps ? demand Lex, formulant la question que je me pose depuis notre arrivée mais préférerais ne pas connaitre la reponse.

— On part après demain, la reine nous attend.

— La reine ?

Rit Maé comme si Will venait de dire la plus grande bêtise de tous temps. Evidemment, elle et Lex ne sont au courant de cette histoire et je me retiens d'enfoncer ma tete dans ma main alors que Will leur explique. Leur regards immergent d'incomprehension jusqu'a ce que Maé se reprenne et dise, comme si c'était tout à fait logique.

— Ah d'où les sacs de vêtements et chaussures, il va falloir qu'on soit présentable, je l'ai pas vu depuis quarante ans !

À mon tour d'être ahuri, décidément, tout le monde à mon exception semble avoir sympathisé avec cette reine.

— Oui c'est en partie pour ca, mais nous avons aussi un diner important demain.

— Quoi comme diner ? je le questionne, mon ton sous-entendant qu'il aurait clairement pu m'en parler avant.

— Ça c'est une surprise.

Je vois Maé et Lex sourire du coin de l'oeil, je suis à priori la seule qui n'est pas dans la confidence, excellent. Je me renfrogne et hausse un sourcil vers Will.

— Fais moi confiance pour une fois, tu vas aimer.

Il me tire vers lui et, bien que je tente de faire mine de bouder je me laisse faire et me retrouve sur ses genoux.

***

Les garçons sont parti, enfin nous les avons plutôt incité à nous laisser. Passer du temps entre filles me manque et Will avait des affaires à régler. Lex nous à sourit et, sans qu'on ai rien besoin de lui dire, il a filer, prétextant vouloir ranger ses affaires.

Je soupire longuement une fois les garçons dehors et m'approche de Maé qui rit.

— Alors ? Ça va ? elle me demande gentiment.

— Oui oui, juste un peu perdu avec cette histoire de reine et de diner demain.

— Ta mere était proche de beaucoup de gens ici, elle était très aimé alors la nouvelle que sa fille est sur terre les réjoui, ils veulent tous te rencontrer.

— J'aurais aimé qu'elle soit là pour m'en parler elle meme.

Je murmure, perdue dans mes pensées, Maé passe son bras au dessus de mes épaules et me sourit, compatissante, me tirant de mes souvenirs. Je prends une grande inspiration, comme pour chasser la mélancolie de mon corps

— Assez parlé de moi. Toi, comment ça va ? Ça ne te fait pas bizarre de revenir ici après tout ce temps ?

— Un peu. Quand j'ai su que j'étais immortel je me suis dis que je m'y habituerai avec le temps mais non. J'ai trois-cent-quarante-sept ans. C'est long quand meme. J'ai eu le temps d'en voir mourir des gens, je me demande quand viendra mon tour.

Les mots ne me viennent pas et je sens ma gorge se nouer.

— Courage Maé, je suis là pour toi. Et Will, qu'il le veuille ou non.

Elle rit mais ça ne ramène quand meme pas son sourire que j'aime tant.

— Et ta famille ? je demande, consciente que je m'aventure sur un chemin dangereux, pourtant je me souviens que Maé avait évoqué un frère lors d'une conversation.

— Mon père est décédé il y a longtemps, et je n'ai aucune idée d'ou se trouve mon frère, probablement en Asie. Ma mère, ma mère crois moi il ne vaut mieux pas la connaitre, elle profite mal de son immortalité et ses dons de banshee ont fait d'elle quelqu'un de plus que dangereux.

Je ne pose pas plus de questions et rumines ses paroles, cherchant mes mots. Et au moment où je me dis qu'il va falloir que je dise quelque chose avant qu'il soit trop tard, c'est elle qui parle. Et les mots qu'elle prononce arrêtent le temps, arrêtent mon coeur, arrêtent tout alors  qu'une larme roule le long de sa joue.

— J'ai eu une fille.