Chapitre 52.

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L'ÉMOTION NUE
D'UNE PLACIDITÉ CRUE
BLANC ET CARMIN
VIVRE SANS LIENS

MB

Les doigts de Théo pianotent sur le marbre du bureau, ses épaules bougeant légèrement. Il est de dos et je ne peux voir son expression mais j'ai comme l'impression qu'il ne valide pas vraiment mon idée de sauvée le diable.

Maé et Lex m'ont aidé à lui raconter toute l'aventure depuis le début, j'ai tout de même pris soin d'omettre le fait que lui et moi sommes plus qu'amis. Maé et Lex n'ont rien dit et je les remercie du regard bien que je sais qu'ils désapprouvent. Je n'ai pas menti, j'appellerai plutôt ça de l'omission sélective. Et puis, ça ne regarde personne cette affaire.

— Eh bah, dis quelque chose...

Il soupir et se retourne, me faisant face.

— D'accord. On discutera plus tard. Comment allons-nous chercher mon père et...Satan ?

Je m'étouffe avec ma salive.

— Nous ?

Il hausse les épaules.

— Je peux pas vous laisser y aller seuls. C'est mon père.

Je souris et prends ses mains dans les miennes, mon petit mètre soixante le regardant.

— Et qui gardera le bar ? En plus nous sommes déjà quatre, nous n'avons par contre aucun informateur. Si je te passe mon numéro tu pourrai prendre ce rôle.

— Dina s'occupera du bar et de l'information. Elle en est capable.

— Dîna ?

Je fronce les sourcils.

— Ma petite sœur, elle a seize ans et une incroyable maturité, elle y arrivera.

Mon cœur loupe un battement.

— Tu as une sœur ?

J'ai l'impression d'être passé à côté de toute ma vie.

Il hoche la tête et je me ressaisie.

— Et bien dans ce cas... c'est okay pour moi. Maé ? Lex ?

Ils hochent la tête. Nous sommes un groupe, une équipe, je ne peux me permette de prendre les décisions seule.

— Merci, je ne t'aurai sûrement pas laissé le choix mais merci.

Je souris en coin.

— Tu crois que je t'aurai laissé faire ? Naïf. Enfin bref, j'ai besoin de quelqu'un qui nous mène aux prisons, t'aurais pas un contact ?

Il passe sa main sur son front, une ride de mécontentement se formant entre ses sourcils.

— J'ai... quelqu'un, mais ça te coûteras très cher.

Je souris.

— J'ai de quoi payer, ne t'inquiète pas pour ça. En luis d'or.

— Mouais, ça devrait convenir.

Il me fait signe de le suivre et nous retournons dans le brouhaha du pub, capuche remise. Il nous mène à un escalier ouvert dans lequel pourtant aucun client ne semble oser s'aventurer, qu'il soit sobre ou non.

— En haut à gauche, la quatrième porte, toc avant d'entrer, je vais téléphoner à Dîna pour la mettre au courant.

Il crie mais sa voix ne couvre à peine la musique et les conversations, je parviens tout de même à comprendre ses mots et hoche la tête, me dirigeant vers l'escalier. Maé et Lex me suivent, tout deux semblent en pleine conversation sur un sujet qui m'est inconnu. Je me sens légèrement mise à l'écart mais n'y pense pas plus que ça, trop occupée à me demander qui est cette mystérieuse personne qui va pouvoir nous guider.

En haut le son s'entend moins, disons que mes oreilles cessent de saigner. Je m'avance vers la porte et me tourne vers Maé et Lex.

— On monte la garde, crie si tu as besoin de nous.

J'hoche la tête en murmurant un merci avant de toquer.

— Entrez ! une voix forte et rocailleuse se fait entendre et ce n'est qu'une fois que j'entre que je réalise qu'elle appartient à une fille.

La demoiselle en question, est moulée dans un ensemble slim et veste en cuir noir accompagné d'énormes bottes accordées qui reposent avec un mélange d'élégance et d'affalement, affalance donc, sur un bureau en bois qui n'est de toute évidence plus dans ses jeunes années. La tête de cuirwomen est plongée dans ce qui ressemble au nettoyage d'un browning plutôt récent et définitivement déjà propre.

— Bonsoir, j'ai besoin d'un service et on m'a recommandé de m'adresser à vous.

— Je suis trop occupée. Tu penseras à dire à Théo d'arrêter de m'envoyer ses clients en descendant.

Je retiens un hoquet de surprise et m'avance. Loin de moi l'intention de partir en laissant ma seule chance d'avoir un guide derrière moi.

— J'ai besoin de vous et je suis prête à payer le prix qu'il faudra.

— Je ne prend plus les requêtes. 

Mon stresse et mon agacement s'amplifient et c'est de justesse si je ne grogne pas en posant mes mains sur le bureau.

— Vous prendrez la mienne. C'est dans votre intérêt.

Elle relève enfin la tête de son M1900 et me toise d'un regard jugeur. Cela dit elle ne doit pas voir grand chose sous la capuche blanche couvrant mon visage. Je soupir et enlève cette dernière, lui révélant une expression placide. Il me semble que les émotions ne l'adouciraient pas donc je préfère rester de marbre et avoir l'air ferme pour la convaincre.

Elle inspire profondément et hoche la tête.

— La rumeur disait donc vrai. Le conseil est après toi, ils ne l'avoueraient pour rien au monde mais ils te redoutent.

— Tant mieux, je ne suis pas là pour leur faire des fleures.

Je le pense et j'espère que je m'avérerai à la hauteur de leur peur.

— Qu'est ce que tu veux ?

Son ton est toujours plat, contrairement à toutes les personnes que j'ai rencontrées depuis ma sortie des enfers elle ne montre aucune surprise. A priori je fait face à un être totalement dépourvu d'émotions. Je remarque pourtant qu'elle n'a pas prononcé le nom de mes parents.

— J'ai besoin que vous me guidiez jusqu'à la prison principale souterraine.

Un sourire carnivore, découvrant ses dents banches presque luminescentes. Elle descend lentement ses pieds de la table pour venir s'y accouder. Ses yeux soudains animés, de quoi je n'en sait rien mais une lumière s'y allume. Sadique ?

— Tu n'as pas les moyens.

Je souris de la même manière en retour et décroche une bourse de ma ceinture, l'écrasant sur la table dans un cliquetis de pièces.

Elle soulève les sourcils.

— Des euros ?

Mon sourire s'agrandit.

— Des luis.

L'espace d'une seconde je crois apercevoir un infime intérêt.

— D'or ?

— Définitivement.

Aussi définitivement que l'intérêt qui grandit sur son visage, c'est donc l'argent qui l'attire -enfin l'or.

Elle me tend la main.

— Nissa.

Nda:merci à ceux qui lisent encore, j'espère que l'histoire vous plaît.

Satan et moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant