REGARDS EMBRASÉS, REGARDS SAUVAGES DES NUITS FOLLES, REGARDS DE CEUX QUI NE CRAIGNENT LA MORTMB
Un hurlement m'échappe alors que je dégage mon poignet.
Darrow.
J'en suis sûre. C'est sa voix froide et son odeur immonde, je le reconnaîtrai entre mille. Mais seul le brouillard grisâtre se présente à ma vue et je panique, le cherchant du regard. Mon rythme cardiaque s'affole et ma tête grésille, il faut que je me calme, que je reprenne mon assurance. Je ne suis plus la fille faible et peureuse qu'il agressait, je suis forte, puissante, j'apprends à me battre et connais mes pouvoirs de mieux en mieux, je ne risque rien.
— Ça y est t'es calmée ?
J'aimerais bien mais je suis toujours secouée de tremblements et ma voix ne doit pas être des plus sûres.
— Vous ne m'effrayez pas, j'ai changé, je suis bien plus puissante que vous ne pouvez l'imaginer.
Son rire gras se reprend dans l'air humide.
— C'est ce que tu crois.
Je dégluti et me met sur mes gardes, attendant qu'il fasse son apparition. Aller savoir où est Will mais à priori il m'a lâchement abandonné.
Des doigts froids se referment sur ma cheville gauche et me tirent la jambe, m'envoyant saluer le sable. De mon pied libre j'écrase sa main et me remet debout. Pas pour longtemps, un coup de poing d'une force impressionnante vient s'enfoncer dans mon ventre. La douleur me plie en deux et mes genoux rencontrent le sol. Je me rends rapidement compte que se battre contre quelqu'un que l'on ne voit pas n'est pas des plus simples: c'est même proche de l'impossible. De plus Darrow arrive miraculeusement à éviter tous mes coups ce qui n'est pas mon cas.
Au bout de quelques minutes mon corps est à bout et je sors ma dernière carte. J'en appelle à mes pouvoirs, les coups continuent de me rouer bien que je sois déjà pliée à terre. À mon plus grand désespoir rien ne se produit, mes pouvoirs ne répondent plus. Plus rien. Je suis tout aussi démunie que quelques semaines au paravant. Revenue au départ. Mes paupières deviennent lourdes lorsque le fruit de ma douleur apparait enfin à mes yeux. Vêtu de son habituel uniforme et les cheveux coiffés en brosse, une queue de rat contre la nuque, les petits yeux porcins fixant perversement mon corps, Darrow rit. Ses imposantes épaules sont secouées et ses mains, jusqu'à là posées sur ses hanches, décrochent sa ceinture écailleuse.
Le son de ses bottes qui crissent sur le sable m'horrifie, tout est fini, j'ai perdu. Il s'accroupit près de ma tête et replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, l'envie de le frapper ne me manque pas mais mon corps ne réagit plus et je ne peux qu'espérer, ma lèvre fendue tremblante.
— Alors petite peste ? Qu'est ce que ça fait de perdre ? Comment te sens-tu ?
Il rit avant de poser sa main sur ma hanche, ses pouces traçant des cernes sur ma peau a mesure qu'il soulève mon t-shirt.
— S'il vous plaît...
Mais peu lui importe mon murmure il ne changera pas d'avis. Je ne verse aucune larme lorsque ses doigts se glissent dans ma combinaison et s'approchent dangereusement de mon intimité, je ne lui ferai pas ce plaisir.
— ARI !
J'ouvre prestement les yeux, Will. C'est Will. J'en suis persuadé, c'est sa voix. Darrow ne semble pas s'en apercevoir mais cet appel me donne le peu d'énergie dont j'ai besoin et je repousse mon agresseur, me redressant sur mes coudes. Ma force semble être approximativement revenue si j'en crois la puissance avec laquelle Darrow est éjecté de sur moi.
Soudain l'air redevient respirable et j'ouvre les yeux sur le visage paniqué de Will. En une seconde je suis sur mes pieds et mes bras en garde.
— Où est-t-il ?
Will se lève et secoue la tête.
— Pas ici. J'aurais du te prévenir, le cinquième étage provoque des illusions. Cela dit tu t'en es bien sortie non ? Qui était-ce ?
Je vais l'achever.
— Oui tu aurais en effet dû me prévenir ! C'est important ce genre de choses ! Et laisses tomber ça ne te regarde pas.
Il lève les yeux aux ciel, je l'imagine se retenant de grogner d'exaspération.
— Darrow ?
Comment peut-il savoir ? C'est impossible.
— Si c'était lui ne t'en fais pas, j'lui ai fais la peau il y a peu.
Ça j'aurais du m'en douter.
— C'est toi qui l'a tué ? Ça ne t'embête pas de te salir les mains ? Tu n'aurais pas du le tuer, tu en avais aucune raison.
Il s'approche, ne laissant que quelques pauvres centimètres entre nos corps.
— J'avais une très bonne raison. Elle est juste en face de moi.
Exaspération quand tu nous tiens...
Je m'écarte et roule des yeux.
— C'était à moi de le faire, j'aurais aimé entendre sa douce agonie.
Will en reste bouche-bée quelques secondes avant de sourire, presque fier.
— Moi qui pensais que tu voulais l'épargner, quelle diablesse tu fais, tu es décidément parfaite.
Nos regards sont scellés, regards de braises enflammées, regards sauvages des nuit folles, regards de ceux qui ne craignent la mort. Nous sommes deux diables aux pouvoirs surhumains, à la force inimaginable mais surtout, nous avons la haine de toutes les armées et l'envie de vengeance de la mère qui perd son fils à la guerre. De plus nous sommes unis par l'amour. Nous avons aimé et nous avons perdu. Nous sommes les seuls choses qu'il nous reste. Will et Ari. Ari et Will.
Nda:
Bon week-end les cœurs <3
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Satan et moi
Romance614. Le chiffre est inscrit à l'encre noir sur le fin tissu de ma tunique. Je frissonne. Est-ce le froid ambiant qui émane des murs de pierre ou son regard qui passe rapidement sur ma frêle silhouette ? J'aimerais quitter cet endroit. Voir le monde...