Chapitre 17.

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LA FLEUR ROUGE D'UNE MORT CERTAINE

MB

Will a finalement daigné me reposer mais mon regard assassin le consume toujours lorsque nous nous asseyons à une jolie petite table de verre. Celle-ci trône au centre d'une véranda plutôt mignonne, elle ne comprend que quelques étagères ou reposent des plantes grasses. Le vert de leurs feuilles fait contraste avec les paysages briques et ocres des pleines infernales... Des étendues de sable et de roches à des kilomètres à la ronde... C'est les seuls paysages que j'ai vu depuis quinze ans, j'ai du mal à me souvenir d'autre chose que de ce monde aride.

— Tes sourcils vont finir sous ton menton si tu persistes à les froncer de la sorte.

Me fait remarquer Will avec un sourire. Je grogne et change de sujet.

— Que va-t-on manger ?

Ses yeux prennent feu et c'est avec un sourire maléfique qu'il me répond.

— Des pizzas. Je te l'ai déjà dis durant notre venue ici mais... tu étais... légèrement occupé je suppose.

C'est sûr que le trajet n'était pas des plus communs...

— J'ai l'air de savoir ce qu'est un pizza ?

— Une pizza.

Je fonce les sourcils avec un « hein ? ».

— On dit «Une » pizza pas « un ».

Alors là ! J'ai une chance sur deux, comment est-ce possible que je me trompe à chaque fois ? Raaaaah !

— Ok.

Je réponds froidement. Il doit s'en apercevoir parce qu'il se penche en avant et passe un doigt sous mon menton pour rehausser mon regard triste et y planter le sien. Mais je ne le vois pas. Juste un immense et désolant passé ou plongent mes yeux.

— Donne-moi ta main.

Un ordre qui sonne comme une supplication. Je la lui tends et il observe ma paume. Will attrape un des couteaux sur la table et, sans me laisser le temps de réagir, entaille ma peau.

— Aïe ! Non mais qu'est ce qu'il te prends ?!

— Shhhh.

D'un coup habile il coupe sa propre main et l'amène à ma bouche tout en posant ses lèvres sur les gouttes rouges qui perlent de ma plaie.

Ma langue entre en contact avec le sang et mes lèvres avec sa chaleur habituelle. Je retrouve le goût métallique, salé et enivrant de son hémoglobine. Ma drogue. Lui.

Un flash blanc me surprends puis je la vois.

Je la vois. JE LA VOIS. Vraiment. Elle est là. Elle sourit, ses cheveux, aussi foncés que les miens, virevoltent sur ses frêles épaules. Sa longue tunique blanche flotte dans le vent, son rire raisonne dans ma tête.

Elle n'est pas seule, un homme me tourne le dos, ses épaules secouées de spasmes, il rit. Ses boucles blondes étincellent dans le soleil. Le soleil. Encore une chose que je n'ai point vu depuis quinze ans. Les roses de nos jardins s'accordent à leurs joues rosies. Souvenir. Comme lui. Comme elle. Maman.

— Ma...

Ma voix se brise et je ne peux parler. J'explose, les larmes roulent et mon corps tressaute sous les sanglots. Je tombe à genoux en l'appelant.

— Maman...

Je hurle mais elle ne se retourne pas. Elle ne m'entend.

Satan et moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant