Chapitre 7 : Vivants

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Je ne tente même pas d'actionner les freins. Cela ne servirait à rien. Dans la pente abrupte sur laquelle je viens de m'engager, il n'y a qu'un seul moyen de ne pas tomber: se cramponner au guidon. Je vais de plus en plus vite chaque seconde et, même si j'ai peur au début et que mon cœur s'emballe, je suis vite grisée par la vitesse. La pluie qui s'est mise à tomber gifle mon visage pour sécher aussitôt sous les rafales de vents qui m'obligent bientôt à fermer à demi mes paupières. Le cadre du vélo vibre furieusement sous mes mains et mes jambes tandis que je dois ouvrir la bouche pour aspirer l'air qui se refuse à rentrer par mon nez. 

À mi parcours, alors que ma vitesse est si grande qu'il m'est devenu impossible de distinguer les troncs qui défilent sur les côtés pour les compter, je ne peux retenir plus longtemps le cri libérateur qui gonfle dans ma poitrine. Galvanisée par la sensation de liberté qui se répand dans mes veines telle une drogue, je m'égosille jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'air dans mes poumons et même au delà, ma voix disparaissant dans les aigu.

Un peu plus loin sur ma gauche mais au même niveau dans la pente, Peter freine des quatre fer sous sa forme de loup en soulevant une tornade de feuilles mortes. Se faisant, il rejette sa monstrueuse tête noire aux yeux rouges en arrière pour hurler à son tour. Puis il repart à ma poursuite au galop et la lourdeur de sa course devient la seule chose que mes oreilles sifflantes peuvent distinguer. 

Moi: C'est moi qui vais gagner!

Le simple fait de prononcer cette phrase à voix haute dans le vent me donne envie de rire de manière hystérique. Cela fait une éternité que je ne me suis pas sentie aussi vivante! Cependant même si mon vélo va désormais si vite que les roues menacent de sortir de leur cadran, Peter réussi à me rattraper et court un moment à côté de moi avant de me dépasser. Un bref coup d'œil me donne l'impression qu'un large sourire canin s'étend sur sa gueule, signe qu'il s'amuse tout autant que moi sinon d'avantage.

Soudain je vois la route éclairée par quelques réverbères. Je ne m'étais pas rendue compte que nous étions déjà arrivés jusque là. Constatant que mon vélo va beaucoup trop vite, j'amorce un freinage d'urgence tandis que mon sourire se transforme en grimace d'anticipation de la chute à venir. Et pour cause, une voiture de police arrive à ma hauteur et ne m'a pas vue. 

Moi: Oh non!

Dans un crissement de feuilles et de gomme surchauffée frottant contre le sol, mon vélo percute l'avant de la voiture de police qui s'est arrêtée net elle aussi. Je passe tête la première par dessus le capot et atterri lourdement sur l'humus de l'autre côté de la route. 

Tandis que je masse ma nuque douloureuse et m'étonne de ne rien m'être cassé, j'entends la portière de la voiture s'ouvrir et quelqu'un en descendre pour venir à ma rencontre.

Shérif Stilinski: Mélissandre! Rien de cassé?

Moi: Étonnement non! Désolée je ne vous avais pas vu...

Shérif Stilinski: Décidément, tu passes beaucoup trop de temps avec mon fils. Il commence à déteindre sur toi!

Je me redresse précautionneusement et époussette mes cheveux ébouriffés en rigolant. Un coup d'oeil alentour me suffit pour constater que Peter s'est évaporé dans la nature. Ou alors il est vraiment doué pour se cacher.

Shérif Stilinski: Plus sérieusement Mélissandre. Tu ne fuyais pas quelque chose à tout hasard? On aurait dit que tu avais le diable à tes trousses!

Moi: Dites pas ça, ça va lui faire plaisir.

Shérif Stilinski: Excuse-moi, tu as dis quelque chose?

Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant