Chapitre 65 : En état de choc

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Cette nuit est la plus bouleversante de ma vie. En une soirée, j'ai découvert que celui qui avait essayé de me tuer à la rentrée est encore vivant et qu'il est bien décidé à finir le travail. J'ai également eu pendant une heure la certitude d'avoir précipité moi même la perte de la quasi totalité des gens qui me sont chers en les enfermant magiquement dans ma propre maison alors qu'un criminel y mettait le feu. Par panique, l'homme que j'aime a failli me tuer en aspirant mon énergie vitale et je l'ai regardé dans les yeux alors que lui et les autres mourraient devant moi sans que je ne puisse rien faire. Et pour finir, j'ai utilisé pour la deuxième fois une magie dangereuse qui me permet d'aspirer la vie de quelqu'un d'autre alors que je m'étais promis de ne plus y avoir recours depuis que j'ai failli tuer Théo avec. 

Je regarde d'un air absent ma maison qui part en flammes pendant que les secouristes vérifient que mes amis et moi allons bien. Ils se désintéressent bien vite de Stiles et moi pour s'étonner de constater à quel point les autres récupèrent vite. Peter a disparu, je suppose qu'il s'est enfui dès qu'il est sorti de la cuisine en feu. De mon côté, je n'arrive pas à regarder mes amis dans les yeux tant le remord me ronge de l'intérieur. Ils auraient tous pu mourir ce soir et c'est de ma faute. Alors que ma nouvelle vie à Beacon Hills se consume devant mes yeux, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il vaudrait peut être mieux que je n'en reconstruise pas une ici. Je ne leur ai apporté que des problèmes et ce soir j'ai dépassé les limites. Après le Sabbat, je demanderai à ma mère de rentrer à New York et si elle ne veut pas, j'irai vivre avec Rafael. 

Toute à mes sombres pensées, je vis la suite comme si je me trouvais dans un rêve. Les pompiers réussissent à éteindre complètement l'incendie deux heures plus tard. Comme il est trop tard pour faire une déposition, mes amis et moi sommes tous conviés au commissariat demain après les cours. Le père de Stiles nous invite ma mère et moi à venir dormir chez eux cette nuit le temps d'aviser de la suite demain. Nous sommes tous épuisés et en état de choc. Tout le monde se sépare sans trop échanger sur les événements. Je constate avec soulagement que les loups-garous reprennent le dessus sur la drogue qu'on leur a fait ingérer. 

Le shérif laisse sa chambre à ma mère et se propose naturellement de prendre le canapé du salon. Je suis trop épuisée ce soir pour me rendre compte qu'il fait ça par égare pour moi. J'ai à peine parlé à Stiles depuis que les secouristes nous ont laissé rentrer chez nous mais il a préféré aller chez Lydia c'est pourquoi je dors dans sa chambre. 

Assise sur son lit dans le noir alors que le calme s'est installé dans la maison, je suis incapable de me sortir l'incendie de la tête. Je regarde mes mains trembler devant moi. Je peux encore sentir le pouvoir que j'ai volé à Peter picoter le bout de mes doigts. J'ai l'impression que l'usage de la magie noire change quelque chose en moi sans savoir quoi. Je me sens différente mais dans le mauvais sens du terme. Comme si j'avais vendu mon âme au diable et qu'aucun retour n'était envisageable. 

La fatigue finit par avoir raison de moi et je m'allonge sur le lit de Stiles sans en défaire les draps. Je n'ai pas la force d'aller fermer la fenêtre par laquelle rentre l'air frais de la nuit déjà bien avancée. À vrai dire, je n'ai même pas eu la force de passer sous la douche pour me débarrasser de cette odeur de fumée qui me colle à la peau depuis toute à l'heure. Allongée ainsi, je garde les yeux ouverts, effrayée par ce qui pourrait m'arriver si je les fermais. J'ai peur de me perdre. Je ne sais plus ce que je suis devenue ni dans quel camp je suis. 

J'entends un léger frottement sur les rideaux dans mon dos et j'ouvre mes paupières qui ont fini par se fermer toutes seules. Je reconnais les pas sur la moquette aussi je ne me retourne pas. Je ne suis plus capable de réagir à quoi que ce soit cette nuit de toute façon. Le matelas s'enfonce sous le poids de Peter quand il s'allonge derrière moi. Il passe sa main par dessus mes hanches pour attraper la mienne. Quand il chuchote, ses lèvres sont tellement proches de mon oreille que je peux sentir son souffle chaud hérisser le duvet de ma nuque. 

Peter: Tes mains sont glacées.

Ses doigts serrent les miens et je referme les yeux pour savourer ce moment. Peter enfouit d'avantage son visage dans mon cou et se serre contre moi. 

Peter: Je suis désolé mini-Merlin. Pour tout. Je suis un imbécile.

Moi: Tu n'es pas un imbécile.

Peter: Je t'aime.

Une larme silencieuse coule sur ma joue et je serre à mon tour ses doigts dans les miens. 

Moi: Moi aussi je t'aime.

Je l'entends qui soupire, comme si il venait de s'alléger d'un poids énorme. Aucun de nous ne rajoute quoi que ce soit. Ce soir, la présence l'un de l'autre est tout ce qui importe. 

Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant