Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcières

Chapitre 67 : Conseil de guerre

J'ai dis à ma mère que j'allais au lycée ce matin mais j'ai omis de lui préciser que je ne comptais pas assister à tous les cours. En réalité, Scott a convoqué toute la meute dès notre arrivée si bien qu'après la deuxième sonnerie, nous sommes tous rassemblés dans une salle de classe vide au lieu de faire acte de présence à nos cours respectifs. Jackson et Ethan sont arrivés en ville ce matin et sont présents eux aussi ainsi que Peter. Cette fois, personne ne remet en cause sa présence parce que sans lui, tout le monde dans cette salle ou presque serait mort hier. 

Avant que mon frère ne prenne la parole, l'ambiance est pesante. Je remarque que Lydia a un bandage sur le bras qui dépasse un peu sous sa manche et un pansement sur son omoplate. J'avais oublié qu'elle ne guérissait pas aussi vite que le reste de mes amis. Si Stiles se tient à côté d'elle appuyé sur le bureau les bras croisés et le regard pensif dirigé vers le sol, ce n'est pas le cas de Jackson qui se tient de l'autre côté. Depuis que je suis entrée, il me lance des regards dédaigneux comme s'il me tenait directement responsable de ce qui est arrivé à son ex-copine et cela ne fait qu'augmenter mon malaise. 

Je laisse mon regard glisser sur le cercle de mes proches. À côté de Jackson, Ethan a l'air préoccupé mais ce n'est pas moi qu'il regarde, c'est mon frère. Il a toujours attendu beaucoup de Scott et ce n'est pas seulement parce qu'il s'est rallié à lui pour éviter les représailles de ses anciennes fréquentations. Il cherche inconsciemment sans doute à justifier la confiance que son défunt frère portait au vrai Alpha. Il veut sans cesse avoir la confirmation qu'il a fait le bon choix de meute. Comme si mon frère n'avait pas déjà assez fait ses preuves. 

En face de moi se tient Isaac. Dans la même position repliée que Stiles, on sent qu'il garde un profond traumatisme de l'incendie d'hier. Son expression perdue et pleine de doutes est l'une des causes les plus importantes des remords qui me rongent ce matin. J'ai l'impression que quelque chose s'est brisé en lui et que son assurance s'est complètement envolée. Je ne dirais pas qu'il n'est plus le même. Mais il est redevenu le garçon craintif qui se faisait martyriser par son père. Inconsciemment, il s'est rangé à côté de Derek et légèrement en retrait, comme si le loup qui l'habitait cherchait de nouveau un protecteur solide en la personne de son ancien Alpha.

Peter est à côté de moi et c'est le seul qui a l'air calme. C'est plutôt étonnant quand on sait à quel traumatisme l'accident d'hier a dû le renvoyer. Il s'en est fallu de peu pour qu'il retombe dans ce long coma réparateur qui l'avait rendu fou la dernière fois que sa maison familiale a brûlé en les piégeant lui et les siens à l'intérieur. Lui aussi a changé et tout le monde s'en rend compte même si peu d'entre eux pourraient affirmer avec certitude si c'est en bien ou en mal. Pour ma part, je n'ai aucun doute.

À ma gauche, Malia se ronge compulsivement les ongles en jetant des regards nerveux à Scott. Elle a la tête de quelqu'un qui n'a pas dormi de la nuit et je suis sûre qu'en ce moment même, elle est en train de se calmer en imaginant mille manières de tuer Pierre pour ce qu'il leur a fait subir hier. D'un côté je suis soulagée qu'elle ne me fasse pas endosser la responsabilité de la catastrophe. Mais d'un autre côté, j'ai peur d'être une des causes qui risquent de la pousser à commettre le premier meurtre de sa vie.

Enfin, Scott est entre Stiles et Malia. Il a une mine grave qui convient parfaitement à la situation et il sait que tout le monde attend beaucoup de lui. Comment va réagir l'Alpha fasse à la déclaration de guerre évidente de la meute des Prédicateurs? Un chef de meute se doit non seulement de protéger son territoire mais aussi de garantir la sécurité de tous les membres de son groupe. Si il ne prend pas de décision convaincante, il passera pour un lâche même si personne ne lui reprochera ouvertement. Et au contraire, s'il fait le choix de la violence, il risque de tomber dans l'adage "œil pour œil dent pour dent" et de se rapprocher des vices de Deucalion.