Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcières

Chapitre 52 : Les animaux sonnent l'alarme

Derek ne me pose aucune question le lendemain quand je pars seule du loft sans manger de petit-déjeuner. Je ne me suis pas rendormie après le départ de Peter car des millions de questions se bousculent dans ma tête. Ma conscience me rattrape également. Je commence à me demander si cette relation n'était pas vouée à l'échec depuis le début. Comme dit Lydia, c'était une folie rien de plus. Il faut que je me rende à l'évidence: Peter restera toujours Peter et autant s'arrêter là.

Lorsque je rejoins Deaton pour ma dernière séance de herbologie prévue dans mon programme d'entrainement, le cabinet vétérinaire est débordé par les urgences. De nombreux clients venus sans rendez vous attendent dans la salle d'attente avec des animaux bruyants qui hurlent à la mort et dont les cris redoublent sur mon passage au lieu de s'arrêter comme ils le font d'habitude. Comme Deaton n'a pas encore ouvert la porte du comptoir en bois de sorbier, j'actionne la petite sonnette sur le bureau. 

Sa voix me parvient en provenance de l'arrière salle.

Deaton: Encore un peu de patience mesdames et messieurs, je n'ouvre que dans une demi-heure!

Moi: C'est moi Alan!

Par dessus les aboiements et les feulements, j'entends des ustensiles en métal que l'on pose sur une surface en fer. Scott apparaît dans l'encadrement de la porte pour lever la barrière de protection magique qui aurait pu être escaladée par un humain mais qui à moi me brûle sévèrement les mains quand je la touche.

Scott: Salut Mel!

Moi: Salut Scott!

Je suis mon frère dans la salle mitoyenne et referme la porte pour nous isoler du bruit. Deaton est en train d'opérer un Jack Russell à cœur ouvert et il m'adresse un rapide sourire de bienvenue avant de continuer son travail.

Deaton: Mel, tu arrives bien en avance aujourd'hui!

Moi: J'avais hâte de commencer. Pourquoi est-ce qu'il y a autant de monde dans la salle d'attente?

Ayant repris sa place devant la gueule du chien pour contrôler l'anesthésie gazeuse, Scott lève les sourcils en soupirant.

Scott: Si seulement on le savait! Une bonne partie de ces gens attendaient déjà depuis des heures devant le cabinet avant qu'on arrive pour ouvrir la clinique!

Un chat feule dans l'animalerie adjacente.

Scott: Depuis ce matin, les animaux sont comme devenus fous. J'ai vu deux chiens se battre presque jusqu'à la mort devant chez moi et Lydia a du attacher le sien parce qu'il se jetait tout seul dans la piscine alors qu'il sait qu'il ne peut pas remonter ensuite.

Deaton finit de recoudre une veinule et retire les clamps avant de se tourner vers le chariot d'opération pour préparer les fils qui serviront à refermer l'animal.

Deaton: De tout temps les animaux ont toujours senti arriver les menaces avant les hommes...

Scott: C'est ce que vous aviez dit quand la meute de Deucalion était venue à Beacon Hills.

Deaton se retourne avec une bobine de fil opératoire dans les mains et nous adresse à tous les deux un regard appuyé.

Deaton: Et la menace était de taille.

Moi: Vous voulez dire que les animaux sont en train de sentir l'imminence du Sabbat?

Deaton hausse les épaules et se concentre de nouveau sur son patient.

Deaton: Une chose est sûre: ceux qui écoutent les animaux vivent en général plus longtemps que les autres.

J'échange un regard inquiet avec Scott et on tourne la tête vers l'animalerie. Des chiens commencent à se jeter sur les parois de leurs cages dans l'espoir fou de s'en échapper...