Chapitre 6 : Poursuivie

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Le soir venu, je rejoins le docteur Deaton au cabinet vétérinaire pour réviser l'art de la sorcellerie. Alan s'est procuré de vieux manuscrits regorgeant d'informations mais je n'ose pas les rapporter à la maison de peur que ma mère tombe dessus. Elle serait bien capable de s'imaginer que j'ai rejoint une secte! Cela ne ferait que confirmer ses inquiétudes au sujet du traumatisme psychologique que j'ai surement dû garder de ma dernière confrontation avec les Prédicateurs. De plus, cela ruinerait tous les efforts que je fais, chaque matin, pour ne pas partager avec elle mes cauchemars de la nuit. Ceux là, je n'en parle qu'à Alan qui m'écoute d'une oreille attentive sans me juger.

Ce soir là, le vétérinaire est en train de donner son traitement à un épagneul breton anémié tandis que je relis pour la quatrième fois la même page d'un vieux manuscrit traitant des potions mineures. 

Deaton: Tu n'as pas l'air concentrée ce soir. Qu'est-ce qui te préoccupe?

Moi: Rien. C'est juste que Scott a tout d'un coup décidé de jouer au grand frère alors qu'il en a perdu le droit!

Deaton: Pourquoi en aurait-il perdu le droit? Il est toujours plus âgé que toi de quatre mois et il fait toujours partie de ta famille non?

Moi: Arrêtez de jouer sur les mots, vous savez très bien ce que je veux dire!

Je redresse la tête de mon livre, l'air penaud.

Moi: Je suis désolée je n'aurai pas dû vous parler comme ça. Vous n'y êtes pour rien...

Deaton sourit et masse délicatement l'oreille de l'épagneul pour mieux répartir les gouttes qu'il vient de lui administrer.

Moi: Cela fait des semaines qu'il se comporte comme si tout ce qui lui arrivait était ma faute! On ne se parle presque pas ou seulement quand c'est un sujet important qui concerne la meute. Aujourd'hui il m'a fait part d'une invitation à dîner de sa mère et m'a bien fait comprendre que ça l'embêtait plus qu'autre chose qu'on vienne chez lui! Et maintenant quoi? Il pense qu'il peut avoir son mot à dire sur les gars que je fréquente? C'est n'importe quoi!

Deaton: Tu lui ressembles beaucoup tu sais.

Moi: Je ne sais pas si j'ai envie de lui ressembler.

Deaton: Pourtant c'est le cas. Il m'a raconté ce que tu avais fait pour calmer le jeune loup-garou hier soir. Il était fier de toi même si il ne l'a pas dit avec ces mots là. Moi aussi d'ailleurs en passant. Je constate que tu maîtrises de mieux en mieux l'élément aquatique.

Je réfléchis aux paroles de Deaton et je me rend compte que même si il m'agace, je suis également fière de Scott et de la confiance que lui accordent les autres.

Moi: Je sais bien que tout ne peut pas redevenir parfaitement normal entre nous. Mais la découverte de notre lien de parenté a soulevé tellement de vagues que je n'ai pas eu le temps de me réjouir d'avoir un frère. 

Deaton: Scott ressent surement la même chose. Parlez-en!

Moi: Oui vous avez surement raison.

Deaton: C'est souvent le cas en effet.

Nous rigolons et Alan prend le chien dans ses bras pour le remettre dans sa cage à l'arrière. Son maître viendra le chercher demain, lorsqu'il aura bien récupéré de son traitement. 

Quand le docteur revient, je lui fais part de la lettre que j'ai reçu par corbeau mais également de ma rencontre avec Giselle et Oliver. Deaton se montre particulièrement attentif et inquiet.

Deaton: Mince alors je ne pensais pas qu'elles t'auraient repérée aussi vite!

Moi: Vous les connaissez?

Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant