Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcières

Chapitre 26 : La menace cachée

Je m'enferme dans une cabine de toilette. J'ai du mal à mettre le loquet parce que la porte claque sur elle même avec force comme toutes les autres. Je m'assois sur la cuvette des toilettes et me prends la tête entre les mains. Il faut absolument que je me calme sinon je vais définitivement prouver à tout le monde que je suis VRAIMENT une sorcière. Je pense naturellement à Peter parce que c'est lui qui a réussi à me calmer la dernière fois. J'imagine qu'il est en face de moi et qu'il me regarde avec ses yeux d'Alpha. Au bout d'une longue minute, les portes des cabines de toilette autour cessent de claquer.

Concentre-toi Mel. Ce n'est qu'une mauvaise journée, ça arrive. Il reste un espoir que dans quelques années les gens commencent à oublier ton nom. Respire.

La porte qui donne sur le couloir s'ouvre et se referme.

Malia: Mel?

Moi: Je suis là.

Je vois les pieds de Malia sous la porte. Elle reste debout devant la cabine un moment.

Moi: Toi aussi tu vas me demander pourquoi je sens comme Peter?

Je ne suis plus à ça près. J'en arrive à me dire qu'il serait même préférable de cumuler toutes les hontes possibles d'un seul coup pour que ce soit passé une bonne fois pour toute. J'entends Malia qui renifle l'air derrière le battant.

Malia: C'est vrai que tu sens un peu comme mon père ce matin.

C'est juste une constatation. Je ne décèle aucune accusation dans sa voix. Je prends une nouvelle inspiration profonde, sèche d'un revers de manche les larmes qui commençaient à couler sur mes joues et j'ouvre la porte. Malia me regarde d'un air interrogateur.

Malia: Tu sais qui a écrit tout ça dans le couloir?

Moi: Je crois qu'il reste des Prédicateurs. Je crois qu'ils en ont formé d'autres aussi.

Lydia rentre dans les toilettes. Elle a les joues rouges et les cheveux un peu électriques comme si elle avait crié sur plusieurs personnes avant d'arriver jusqu'ici.

Lydia: Et moi je crois que ces Prédicateurs sont devenus des loups-garous! Stiles a trouvé des inscriptions gravées à la griffe!

Malia: C'est pas bon signe ça. Tu veux qu'on aille te venger?

Lydia et moi on se regarde.

Lydia: Malia, on ne règle pas toujours les problèmes en frappant les gens...surtout quand on ne sait pas qui frapper!

Lydia se retourne vers moi et me tend un paquet de mouchoir qu'elle a sorti de son sac.

Lydia: ça ira ma belle? Tu vas tenir le coup?

Moi: Oui, il le faudra bien de toute façon. Merci pour votre soutient les filles.

On sort des toilettes alors que la deuxième sonnerie retentit. On commence par un cours d'histoire. Comme je m'y étais préparée, mon entrée dans la salle de classe provoque quelques murmures. Avant que je ne rejoigne Lydia à une table le professeur me fait signe de s'approcher de son bureau et me dit en baissant le ton.

Professeur d'histoire: Mademoiselle Heartwood. Compte tenu des récents événements vous êtes attendue dans le bureau du proviseur.

Je fais signe que j'ai compris et tourne les talons après avoir échangé un regard avec Lydia. Le bureau du proviseur se trouve au bout du couloir principal. A cette heure ci j'espérais ne croiser personne mais j'ai la désagréable surprise de tomber sur Murielle qui m'attend adossée contre une rangée de casiers. En face, exactement dans la même position qu'elle, je découvre un jeune homme que je n'ai jamais vu. Il a les cheveux courts taillés comme ceux d'un militaire et porte une veste kaki et un pantalon plein de poches.

Murielle: J'étais sûr qu'on t'enverrait très vite par ici Heartwood.

Moi: Que me vaut la désagréable surprise de ta présence Murielle?

Murielle se détache du mur. Elle a quitté son air dédaigneux pour une grimace de colère bien réelle et pointe un doigt accusateur sur moi.

Murielle: Je me demande seulement ce que t'es en train de foutre! ça rime à quoi tous ces graffitis et toutes ces menaces? Tu sais qu'une sorcière n'a pas le droit de révéler sa véritable identité aux humains! C'est strictement interdit et tout écart à cette règle est sévèrement puni!

Moi: Je n'ai rien fait!

Murielle: Alors comment tu expliques que des humains t'aient démasquée?! Tu te rend compte du risques que tu fais courir à nous autres? Tu sais ce qu'on faisait aux sorcières au Moyen Age?

Sa remarque m'énerve sérieusement et j'ai du mal à contrôler ma colère.

Moi: Oui figure toi que je suis très bien placée pour le savoir!

C'est alors qu'une pensée me vient à l'esprit et ma colère retombe aussitôt.

Moi: Murielle c'est sans doute bien plus grave que quelques graffitis! Je crois que ceux qui ont écris ça pourraient vouloir s'en prendre à nous lors du Sabbat! Il faut tout annuler!

Murielle me regarde comme si je venais de débiter la pire bêtise de l'année et me rit au visage.

Murielle: Annuler le Sabbat! C'est la meilleure! Comme si un groupe de casseurs pouvait nous faire peur!

Moi: Ce ne sont pas seulement des casseurs, ce sont des Prédicateurs! Ils se sont spécialisés dans la chasse aux sorcières! Jusqu'ici je n'avais pas compris le lien mais maintenant je vois que c'est évident! Ils comptent s'en prendre à nous dans 18 jours!

Je remarque que le doute s'installe dans le regard vert de Murielle. Son Gardien n'a pas bougé d'un pouce et me fixe d'un regard orange que j'ai déjà vu quelque part sur quelqu'un d'autre.

Murielle: Quand bien même tu dirais vrai c'est à toi de gérer ça. On ne peut pas annuler un Sabbat! C'est à la sorcière qui accueille ses consœurs de s'assurer du bon déroulement de la cérémonie! Alors fait ton boulot pour une fois et trouve une solution!

Sur ces mots, Murielle fait un signe au garçon et ils s'éloignent, me laissant seule avec mes préoccupations. J'ai plus que jamais besoin de parler avec Pénélope Lotis. Peut être qu'avec un peu de chance, elle sera plus réceptive à mes mises en garde...