Mélissandre Heartwood T2 : Le sabbat des sorcières

Chapitre 37 : Menaces

Je n'ai pas le temps d'esquiver le moindre geste de recul que la main griffue du Gardien se referme comme un étau sur ma gorge et me soulève du sol. Avec un hoquet de stupeur, je tente de desserrer la prise sans succès. Mes talons raclent le lino tandis qu'il me traîne jusqu'à une table et me maintient allongée dessus. Pénélope nous suit calmement et vient se poster près de la table. Vu de par dessous, son visage revêt un caractère diabolique. J'ai du mal à parler tant la pression sur ma gorge est forte. 

Moi: Lâchez moi...le coach va...revenir d'une minute...à l'autre.

Pénélope: Mélissandre Heartwood...Qu'allons-nous faire de toi?

Je balance mes jambes dans le ventre du wendigo en espérant le faire reculer mais il grogne en resserrant sa prise. Je m'immobilise complètement lorsque je sens ses griffes acérées piquer la peau de ma gorge. Pénélope ne fait que confirmer ma méfiance.

Pénélope: Tu ferais mieux de ne pas trop t'agiter. L'artère à cet endroit et si facile à trancher...

Le wendigo se penche sur moi à la limite de m'écraser. Sa bouche bardée de dents est entre-ouverte et elle est si proche de moi que je peux sentir l'haleine fétide qui s'en dégage. Celui là n'a pas mangé du hachis parmentier à midi mais sûrement quelque chose d'encore vivant. Je réprime un haut le cœur tandis que Pénélope continue de me parler.

Pénélope: Il semblerait que tu sois plus difficile à éliminer que je le pensais Mélissandre. Contre toute attente et malgré ton manque d'expérience, tu me donnes du fil à retordre.

Je souris malgré moi. Je suis quand même ravie de lui compliquer les choses. 

Moi: Dites à...votre chien de...garde...de me lâcher et...je...vous montrerais de quel...bois je me chauffe!

Le wendido en question me soulève de quelques centimètres et me plaque violemment sur la table. L'air est chassé d'un coup de mes poumons. Je lâche un hoquet de douleur.

Pénélope: Tu feras moins la maline bientôt Mélissandre.

Dans sa bouche, mon nom sonne comme le sifflement d'un serpent.

Pénélope: Je t'ai bien observée, toi et tes amis...

Soudain j'arrête de m'agiter. Qu'elle s'en prenne à moi c'est une chose mais qu'elle s'intéresse à mes amis en est une autre. Voyant qu'elle a capté mon attention, Pénélope vient me dégager doucement la mèche de cheveux qui me tombe sur les yeux. Je grogne.

Pénélope: Tu mérites bien ta réputation. La sorcière éduquée par les loups!

Moi: Ne les touchez pas!

Pénélope: Cela ne tient qu'à toi.

Le wendigo glisse soudain une main sous mon t-shirt pour le relever. Un frisson de dégoût me parcourt et j'essaye de me dégager mais il y a toujours la menace des griffes de son autre main sur mon cou. Je pourrais me servir de la magie pour déclencher une catastrophe, n'importe quoi qui pourrait me sortir de là mais j'ai l'intuition qu'à la moindre tentative de ma part, le wendigo n'hésitera pas à me tuer sur place. En tout cas, la menace est assez sérieuse pour que je préfère rester tranquille.

Moi: Qu'est-ce que vous faites? Dites lui d'enlever ses sales pattes de moi!

Pénélope sourit. Le wendigo a relevé mon t-shirt jusqu'à découvrir la peau nue de mon ventre et il penche à présent sa bouche vers mon flanc. Je devine qu'il n'a pas le même contrôle sur lui même que Peter. 

Pénélope: Savais tu qu'un wendigo pouvait faire en sorte de dévorer ses victimes lentement sans les tuer tout de suite? 

Ma respiration s'accélère tandis que je vois le monstre ouvrir une bouche démesurée au dessus de ma hanche gauche. Une goutte de sa salive dégouline sur ma peau.

Pénélope: Par exemple, il pourrait facilement te dévorer un rein sans que tu n'en meurs tout de suite. Il vise très bien.

Sans crier gare, le wendigo referme ses dents sur ma hanche. Je hurle mais Pénélope plaque une main ferme sur ma bouche pour étouffer mon cri. Des larmes de douleur perlent sur mes joues tandis que j'ai la sensation qu'une vingtaine de couteaux-suisse s'enfoncent dans ma chair. 

Pénélope se penche pour susurrer à mon oreille.

Pénélope: Si tu ne me laisse pas prendre la place qui me revient de droit le soir du Sabbat, je ferais subir beaucoup plus que ça à chacun de tes amis, loup-garou ou pas.

D'un signe, Pénélope ordonne au wendigo de desserrer la mâchoire et de retirer ses dents. Le monstre se recule et me lâche. Pénélope enlève sa main de ma bouche et je me remets précipitamment debout, une main appuyée sur mon flanc d'où commence déjà à perler des gouttes de sang.

Pénélope: Tu devrais te rhabiller et sécher tes larmes, ton minable professeur de sport revient avec ses torchons.

Je la fixe d'un air choqué en remettant correctement mon t-shirt et j'essuie mon visage d'un revers de main, tremblante. Même si j'avais trouvé quelque chose d'intelligent à répliquer je n'en aurais pas eu le temps car le coach ouvre la porte de la salle des professeurs en brandissant fièrement une liasse de documents tout chauds.

Coach: Tenez Pénélope! Vous pourrez donner tout ça à Murielle! 

Pénélope se retourne vers le coach avec un grand sourire.

Pénélope: Merci Bobby, vous êtes bien aimable.

Coach: Vous allez bien Heartwood? Vous êtes toute pâle! 

Moi: Euh...oui coach.

Pénélope me lance un sourire entendu dans le dos du coach qui n'a pas l'air convaincu. Il me tend de nouveau les documents relatifs à la course d'obstacle et me tapote l'épaule en me poussant gentiment vers la sortie.

Coach: C'est ça vous avez l'air de quelqu'un qui va faire une crise d'hypoglycémie! Allez hop, filez au self ingurgiter votre hachis parmentier!

Je sors de la salle avec le coeur au bord des lèvres et les documents qui tremblent encore dans ma main.