Chapitre 8. Ne le dis pas à ma mère

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« Le dis pas à ma mère si tu me croises avec un pochon de gui
Ou une potion, elle aime pas trop ces cochonneries »

Je m'accroupis près de Jade qui a le visage caché dans ses genoux, et pose délicatement ma main sur son bras.

— Eh ! Qu'est-ce qui se passe ?

Elle relève brusquement son visage vers moi et essuie vite ses larmes.

— Rien ça va, chuchote-t-elle en frottant ses yeux.

C'est ça, bien sûr... Comme si j'étais dupe.

— Dis moi ce qui t'arrive choupinette.

Ouais c'est un surnom nul, mais je suis nul pour trouver des surnoms et surtout des trucs mignons et gentils.

Enfin c'est toujours moins pire que Nejma que ses frères ont rebaptisée « bagra ». C'est à dire « vache » en arabe.

En tout cas le terme que j'ai employé n'a pas l'air de beaucoup la choquer, car elle se contente de rougir, comme toujours. Elle est vraiment très timide, c'est impressionnant. Pourtant aucun des membres de sa famille ne l'est.

—Je ne veux pas être une balance, souffle-t-elle, c'est juste que... J'aime pas quand Ania se donne un genre et... Je préférais que ce soit toi qui la découvre plutôt que... ton père ou Hakim. Mais elle ne veut plus me parler, elle dit que je l'ai trahie...

Ania me fatigue. Même si dans un sens, je peux comprendre qu'elle en veuille à Jade.

— Ça va s'arranger, ne t'en fais pas. Elle va bouder quelques temps et puis tu vas lui manquer et elle va revenir.

Jade renifle et fixe ses yeux verts sur les miens, c'est rare qu'elle soutienne mon regard.

— Comment je vais faire au lycée, mes seules amies ce sont Aby et Ania, et Aby est toujours d'accord avec Ania.

Parce que ma sœur est une meneuse et en plus elle fait peur. C'est le genre de grande gueule que les autres filles ont peur de contredire.

— Amir redouble bien sa seconde dans la même classe que toi non ? je lui demande.

Elle hoche la tête.

— Oui mais... Amir... il est impressionnant et il est toujours avec ses potes... j'ose pas trop lui parler.

Je souris en pensant que mon cousin serait ravi de donner une bonne leçon à ma sœur.

— Je vais lui parler, ne t'en fais pas tu ne vas pas rester seule. Allez, viens avec nous, c'est l'anniversaire de ta maman quand même. C'est dommage de le passer à pleurer à cause de deux idiotes.

Jade hoche la tête, je me redresse et lui tend la main pour l'aider à se lever. Rouge comme une pivoine elle répond timidement à mon sourire en coin et j'encercle ses épaules pour la ramener dans la salle. Amir et Arthur se sont éloignés des autres et se sont assis près d'Antoine et sa femme Amanda, « les suédois » comme les appelle mon père.

— Vous préférez la compagnie des vieux ? nous demande aussitôt le grand blond alors que nous les rejoignons.

— Nan, on préfère éviter la compagnie de certains jeunes, répond sombrement Amir à ma place.

Je n'aurais pas dis mieux. Antoine éclate de rire et jette un regard aux autres qui font la tronche à l'autre bout de la salle.

— C'est marrant parce que quand on avait vingt ans, j'aurais pu parier mes deux bras que Nek aurait une fille comme ça. Pas que je lui souhaitais, mais je sentais qu'il allait en voir de toutes les couleurs le jour où il serait daron. Sneazz kiffait le chambrer avec ça.

Ce qu'on laisse à nos mômesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant