Chapitre 19. Little sister

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"We used to play
All the games
where no one's the winner
We used to laugh
And make lies
Some live in better

Today I break my promises
To stay out of the emptyness
Today let's make our promises
for tomorrow"

Je toque à la porte de la chambre d'Iris, mes parents et ma sœur sont chez mes cousins, je comprends pourquoi elle m'a appelé.

— Entre, entends-je.

Elle est assise en tailleur sur son lit sur lequel sont éparpillés des dizaines de clichés à l'argentique. C'était sa passion, avant.

— Qu'est-ce que tu fais ? je demande.

Iris relève ses yeux bruns vers moi, je me répète, mais j'aime bien la voir au naturel. Elle a la chance d'avoir une peau parfaite et des cils fournis, le maquillage ne l'embellit pas.

— J'ai eu envie de regarder mes photos. T'as mis du temps à rentrer et... C'était vraiment dur pour moi de pas craquer. Je sais que si je prends quoi que ce soit je dégage d'ici, et la dernière chose que je veux c'est retourner chez mes parents.

Je m'assoie au pied de son lit, mes yeux se posent sur les photos, elle a du talent, si seulement elle ne l'avait pas enfoui. Enfin, vu les circonstances, ça pouvait se comprendre.

— T'es bien ici ?

Elle hoche la tête, regarde son environnement, puis finit par répondre.

— Ta mère... Elle est bien, dit-elle, elle me juge pas et j'ai pas l'impression de lui faire du mal à chaque fois que je dis quelque chose. Et ton père... Il est chiant, mais... c'est pas mon père.

Encore heureux.

C'est drôle, elle les connait depuis toujours mais j'ai l'impression qu'elle les découvre seulement. Surtout ma mère, je trouve qu'elles s'entendent plutôt bien. C'est d'autant plus surprenant qu'elle a tendance à fuir les autres femmes.

Iris ramasse une photo sur le lit, un portrait, une vieille femme qui fume une cigarette roulée, sur le Pont Neuf.

— Mon père adore cette photo, j'avais prévu de la faire développer en A3 et de lui offrir pour son anniversaire. Et puis...

Et puis ce foutu stage de troisième, et puis Romain, et puis la destruction totale de son lien avec son père.

Il y a des photos de lui d'ailleurs, en vacances, notamment un cliché magnifique de Ken à Athènes. Il a ce sourire malicieux qu'Iris tient de lui, et regarde l'objectif avec un regard rempli de fierté et d'amour.

— Maman était partie avec Arthur visiter un musée et on avait passé l'après-midi ensemble, pour faire des photos, souffle Iris, Après il m'a emmené visiter l'église où ses grands-parents se sont mariés.

Elle me montre des photos d'une vieille église orthodoxe, sur l'un des deux argentiques, on voit la silhouette de Ken de dos, l'effet de contre-jour est excellent, j'imagine aisément Iris derrière l'appareil, toute heureuse de partager un moment avec son père.

— Celle-là c'est lui qui la prise.

Forcément, c'est une photo d'elle.

Mon cœur se serre, je repense à cette période. Iris n'a pas encore quatorze ans, l'été avant qu'elle n'entre en troisième, elle fait déjà beaucoup plus que son âge. Elle est déjà trop belle pour une adolescente. Ce qui me fait le plus mal, c'est de constater que malgré son air mature, son sourire et ses traits trahissent une innocence et une joie encore enfantine qui lui vont si bien.

Ce qu'on laisse à nos mômesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant