« À six ans, j'ai dû voir un psy, j'ai dû voir un psy
À seize ans, j'ai dû voir un psy, j'suis une mauvaise graine
À six ans, j'ai dû voir un psy, j'ai dû voir un psy
À seize ans, j'ai dû voir un psy, mauvaise graine »Je me précipite vers Moh avec la même sensation de rêver que lors de nos retrouvailles. Un large sourire sur les lèvres, il me félicite avec ironie pour mon visage fatigué et mes cernes de dix kilomètres.
— Il faut dormir la nuit, ma puce. Tu fais encore des cauchemars ?
— Oui, réponds-je, Pas les mêmes qu'avant... Mais ça n'a pas arrêté.
Il me répond par un hochement de tête un peu faible, et un sourire mi triste mi amusé m'annonce déjà qu'il va m'envoyer une pique.
— Naël t'a fait un gros câlin pour te réconforter ?
Je crois qu'il a acquis un sixième sens avec son coma, seule explication possible.
— Iris, quand il te regarde, ses yeux brillent plus que le crâne d'Ivan par 45 degrés en plein soleil. C'est comme si rien n'avait changé en deux ans et demi.
Peut-être que c'est vrai, rien n'a vraiment changé. Comme si nous nous étions un peu tous interdit d'évoluer depuis l'accident.
Évidemment, nous avons grandi, vieilli. Mais au fond, à part la rémission exceptionnelle de ma mère depuis qu'elle s'occupe de Moh, la dépression d'Alpha, la séparation rocambolesque d'Ivan et Camille, il ne s'est pas passé grand chose dans la famille
— Tu trouves qu'on est toujours les mêmes ?
— Oui, à part ta mère que j'avais jamais vu aussi bien foutue et cette coupe chelou que s'est fait Deen, on peut pas dire que vous ayez beaucoup évolués. Sauf les jumeaux, je les ai vus ce matin, Mashallah ils sont beaux, les gènes Akrour c'est une valeur sûre. Enfin pour le physique, parce qu'ils ont pas l'air de briller par leur intelligence. Amir on se demande zahma s'il a pas un singe qui joue de la trompette à la place du veau-cer.
Sa remarque me fait rire, je me suis souvent moqué de cette image un peu benête que renvoit souvent le jeune rappeur. Pourtant je ne crois pas qu'il soit réellement bête, c'est comme Ilyes, ils veulent trop faire les gros durs et ça les dessert totalement.
— T'as vu Maya alors ?
Le coin de la lèvre de Sneazz s'étire en un sourire mutin, il a dû bien s'amuser à la mettre mal à l'aise...
— Ouais, la première chose que je lui ai dite c'est « Alors comme ça tu voulais me faire piquer comme un cocker malade ? ». T'aurais vu sa gueule ! Hakim il lui a lâché un « cheh » miskina elle était pas bien.
Parfois j'ai l'impression qu'ils sont tous restés bloqués à l'adolescence. Pères et mères de famille, mais totalement immatures quand ils se retrouvent tous ensemble, Naël n'a pas tort quand il dit que nous sommes souvent obligés de nous éduquer seuls. Même si dans son cas, sa mère veille au grain.
— Alors, Naël a une copine ? demande Sneazz en revenant au problème initial.
— En fait... Plus vraiment.
Il éclate presque de rire en voyant ma mine embêtée.
— Les chiens font pas des chats, commente-t-il, t'es bien la fille de tes parents. Tu le kiffes toi ?
C'est justement la question que je me pose depuis que Naël m'a avoué ce qu'il ressentait, qu'est-ce que je ressens, que sommes nous, ou allons nous ?
— Je crois que j'ai des sentiments pour lui mais... Tu sais je ne crois pas être capable d'aimer réellement, je ne sais pas faire, je ne pourrais jamais lui offrir quelque chose de stable ou... Je sais très bien que même en étant amoureuse de lui, je pourrai me retrouver à coucher avec un autre mec parce que je serai complètement pétée et qu'il ne sera pas forcément là pour me remettre les idées en place. Ou alors je vais avoir tellement peur qu'il m'abandonne, que je vais mettre fin, moi, à la relation.
VOUS LISEZ
Ce qu'on laisse à nos mômes
Fanfic"On est des produits d'nos environnements, nos mères auraient voulu qu'on grandisse autrement" Naël, Iris, Ilyes et Jade. Quatre destins liés depuis la naissance, Quatre parties d'une même histoire.