Chapitre 10. Little by little

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"As little by little we gave you everything you ever dreamed of
Little by little the wheels of your life have slowly fallen off
Little by little you have to give it all in all your life
And all the time I just ask myself why you're really here?"

Le médecin finit de m'ausculter et je me rhabille rapidement. Ils vont me tomber dessus quand je vais sortir.

Carence importante en magnesium et diverses vitamines, j'ai perdu 6kg depuis la dernière fois que j'ai été pesée. Papa va me tuer.

Ou plutôt je vais être gavée comme une oie jusqu'à ce qu'il juge que ce soit suffisant. Le médecin m'a expliqué que le manque de magnésium aggravait mon stress et mes angoisses et que c'était un cercle vicieux. Moins je mangeais, plus j'étais angoissée, moins je voulais manger.

J'ai une tonne de compléments alimentaires à prendre en plus d'une liste d'aliments à privilégier dans les jours qui viennent.

Il m'a aussi conseillé de me remettre au sport car c'est un bon moyen de contrôler le stress. Je sais d'avance que les parents ne vont plus me lâcher. Et surtout ils vont essayer de comprendre pourquoi je n'ai pratiquement rien avalé en quinze jours.

Et c'est ça le pire.

Je crois que je vais commencer à adopter la technique d'Ilyes, mode avion, aucune interaction possible.

C'est ce qu'il se passe dans la voiture, j'écoute sans rien dire le sermon parental, les "on se fait du souci pour toi, on a l'impression de te revoir l'année dernière avec l'athlétisme".

Sauf que maintenant je suis coincée, si je leur dis la vérité, ils vont penser que c'est leur faute si je ne vais pas aussi bien que possible. Je ne veux pas qu'ils croient ça. Alors je m'excuse platement en promettant que je vais faire des efforts pour la nourriture. Et j'y compte bien parce que je sens que ça leur fait du mal de se faire du souci pour moi.

Quand on arrive à la maison, j'ai la surprise de trouver Ilyes en train de comater sur le canapé. Aucune trace de Naël.

Les parents m'ont dispensée d'aller en cours le lendemain, mais je ne sais pas s'il est encore fâché contre moi, alors après avoir embrassé et rassuré Papa et Maman une dernière fois, je file me coucher.

Le manque de magnésium explique aussi mes insomnies, m'a dit le médecin. J'ai hâte que ce soit fini parce qu'il n'y a rien de pire que de cogiter dans le noir.

Maintenant je m'en veux un peu d'avoir crié sur Ilyes, le problème c'est que je ne sais pas comment me positionner entre lui et Naël, pourquoi faudrait-il détester l'un pour apprécier l'autre ?

Prise de remords, je décide de lui envoyer un texto :

"Tu es toujours en colère ? Je suis désolée pour tout à l'heure"

Il ne répond pas mais quelques minutes plus tard des coups sont frappés à ma porte et je souris dans le noir.

Ilyes se laisse tomber au bout de mon lit et ne dit rien. Je ne dis rien non plus, je crois qu'on reste au moins trente bonnes minutes sans échanger le moindre mot.

— Sah je comprends pas pourquoi c'est toujours lui.

Je me tais, c'est déjà un miracle qu'il exprime quelque chose.

— Iris, toi, mon frère... "Naël, Naël, Naël".

Nous avons déjà eu cette discussion je me souviens, mais il s'était énervé contre moi. Je crois qu'il veut dire que les gens finissent toujours par le délaisser pour Naël.

— Sauf que là c'est l'inverse, dis-je brusquement.

— Hein ?

Je me redresse dans mon lit, on dit que la nuit force les confidence, je crois que c'est vrai.

Ce qu'on laisse à nos mômesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant