Ce qu'on laisse à nos mômes

Chapitre 14. Bunkoeur

« J't'avoue : j'ai toujours eu du mal à faire confiance depuis l'enfance
M'attacher à quelqu'un, c'était pas dans mes plans, c'était pas très tentant
J'ai toujours trouvé relation parfumée ; partout, c'genre de mensonges, déceptions à la clé
J'vois les femmes comme ennemis, nan, mais attiré comme un aimant
Froid comme soleil de décembre, ouais ouais ouais ouais
Jamais voulu être blessant, maladroit comme à la naissance
Présent mais l'esprit est absent, ouais ouais ouais ouais »

Ça fait 2h qu'on est à table. Ça fait deux heures que j'ai pas dit un mot.

T'façon les Castelle n'ont pas besoin de moi pour faire la conversation. J'ai mal au crâne à force de les entendre brailler. Romy se lance dans tous les débats possibles pour défendre son point de vue de petite féministe écolo bobo de mes couilles, largement soutenue par Sarah.

Putain alors elle, elle est vraiment bonne. J'ai le seum de fou qu'elle soit lesbienne.

C'est une grosse soirée de merde. J'imagine ma famille à Chamonix, Lucie a dû essayer de cuisiner un truc, ça doit être une catastrophe. Idriss doit faire semblant que c'est délicieux, mon père... sûrement pas. 

Mon reuf me manque, heureusement qu'il doit nous rejoindre le 26.

— Ça va pas Ilyes ? me demande la mère de Deen, Tu n'aimes pas le repas ?

— Si, merci, réponds-je.

Vio me jette un regard perçant et fronce les sourcils.

— Tu veux sortir un peu ? me demande-t-elle un peu plus bas pendant que les conversations reprennent.

— Nan.

Et c'est Léo qui fout le feu aux poudres.

— Il s'est disputé avec son amoureuse Jade, c'est pour ça qu'il boude. Elle voulait pas lui faire de bisous.

Il mime plein de bisous avec sa bouche.

Jade devient cramoisie, Deen tourne la tête vers nous.

— Vous êtes ensemble ? demande Sarah.

La vie de ma mère je vais éclater ce gosse.

Ça commence à me casser les couilles qu'il sorte de la merde toutes les deux secondes.

— Non, il dit n'importe quoi, murmure Jade.

— J'espère bien, fait Deen d'une voix ferme.

Je sens qu'il me fixe. Mes nerfs vont lâcher.

— Je dis pas n'importe quoi ! Ils étaient dans la serre de Mamie et Ilyes il la tenait comme ça, on aurait dit qu'ils allaient se faire plein de bisous beurk.

Il mime mon geste sur Romy qui a pour seul réflexe de lui coller une gifle.

Le gamin se met à chialer. Tout le monde se concentre sur lui.

Je sens alors qu'on m'attrape par la capuche et qu'on me tire en arrière.

— Lève-toi, fait la voix de Deen.

Ok là, il est zehef.

Putain mais pourquoi même quand je fais rien de mal il faut qu'on me tombe dessus.

Il me tient par la nuque et me pousse à l'extérieur de la pièce.

— Deen arrête ! s'écrie Violette.

— Mikael ! Tu es ridicule ! Lâche ce pauvre garçon ! s'égosille la Grand-mère.

— Papa ! Léo raconte n'importe quoi ! hurle Jade.