Chapitre 17. Ipséité

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« La vérité est un noir désir car quand elle gifle, elle prend la vie
Mais c'est quoi la vie ? Si ce n'est la mort que l'on nous accorde pour être en vie
C'est tout ceux en qui nous croyons qui finissent par nous définir
Le mensonge est un soulagement qui finit par nous désunir »

Depuis 48h, je n'ai pas dit un seul mot. Ni à l'OPJ, ni à cet abruti fini d'avocat commis d'office.

Je suis aussi enfermé par cette gav que par mon silence.

Ils ont parlé de tentative d'homicide, du fait que j'étais mineur. Mais j'écoutais pas, tout ce qui m'intéressait c'était de ressortir pour finir ce que j'ai commencé.

Ensuite ils ont commencé à parler de me prolonger. Puis de mon casier. Puis de mes darons.

Finalement ils ont défait mes menottes et je me suis retrouvé face à Violette.

J'ai pas compris pourquoi c'était elle qu'était là.

Ce que je sais simplement c'est que ça fait deux minutes qu'elle me serre dans ses bras.

Ça me gêne même pas. Parce que je ressens rien.

Je suis toujours dans l'état éteint dans lequel j'étais pendant ces dernières heures. La transition se fait pas. Malgré les doigts de Vio qui caressent mes cheveux.

— On rentre, on va discuter. Si tu savais comme on a eu peur.

Elle s'écarte de moi pour détailler mes traits tirés et les bleus qui me recouvrent.

— On tient tellement à toi.

Je pensais rencontrer uniquement de là déception dans son regard, mais non elle finit même par me sourire.

Sans desserrer les lèvres je la suis à l'extérieur du comico et découvre que Deen est là, au volant de sa caisse.

Soudain je panique. Et si Cheikh avait foutu des guetteurs pour voir quand je sors ? Je veux pas mettre les Castelle en danger. Jamais.

— Vio, je fais en m'arrêtant, Rentre avec Deen. Je vais me débrouiller.

Je vois ce dernier froncer les sourcils de l'autre côté du pare-brise.

— Ilyes... on est responsables de toi...

— Vio fais moi confiance. Je sais que ça parait ouf de dire ça après une gav. Mais j't'en supplie.

Et je supplie jamais.

Je la vois hésiter, ça me tend. Plus ils restent là, plus je sens le stress monter. Rien qu'imaginer que les fils d'eup qui me font chanter puisse s'attaquer à Léo, Jade ou Romy me fait totalement vriller.

C'est là que je réalise qu'ils sont devenus ma famille.

— Partez. Je veux plus aller chez vous. T'as dit que vous me forceriez jamais à rester avec vous.

Elle se laisse convaincre même si je sens que je lui fais de la peine. Je préfère ça. Mais Deen n'a pas l'air d'accord.

La portière claque quand il nous rejoint. Alors je pense vaguement à me mettre à courir. Mais il me chope par le col.

— T'as deux secondes pour monter dans cette bagnole. Et je me répéterai pas.

— Non.

Il me dévisage avec colère.

— Très bien.

Sa main se referme sur ma nuque et il me pousse. Mais cette fois je me débats, mes côtes son guéries et je peux courir plus vite que lui. Je le pousse violemment mais  il revient aussitôt pour tenter d'immobiliser mes bras.

Ce qu'on laisse à nos mômesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant